Deux médias intimement liés depuis des années, avec leurs échecs, leurs succès, mais surtout leurs héritages. Un long dossier pour comprendre les nombreux liens entre les jeux vidéo et le cinéma.
Le réalisateur garde la tête haute, et réalise deux ans plus tard Alone in the Dark. Cette fois, le jeu peut se prêter à une adaptation. Le joueur incarne Edward Carnby, un détective enquêtant sur des disparitions survenues dans un manoir. Le jeu emprunte beaucoup à l'univers d'Howard Phillip Lovecraft. Alors que les joueurs se braquent déjà contre le film, le pitch fait son apparition sur Internet et rassure les fans. En effet, celui-ci correspond au jeu vidéo original. Malheureusement, le film est lui aussi mauvais, sans rythme, avec un Christian Slater peu convaincant.
Mais le vrai point négatif est sûrement le travail de la lumière. En plus de ne pas s’intéresser aux éléments du jeu, le directeur de la photographie Mathias Neumann montre son incompétence à créer une lumière correcte. Les effets sont indigestes, loin de tout professionnalisme. Une scène en particulier, lors d'une fusillade dans une pièce noire, utilise des effets stroboscopiques provoquant des maux de tête au spectateur. Devant une telle ignorance du métier de la lumière au cinéma, il est difficile de prendre le travail d'Uwe Boll et de son équipe au sérieux, tant l'homme ne met aucune volonté à réaliser un film correct. La même année, il réalise une nouvelle adaptation, BloodRayne, tiré d'un jeu d'action mettant en scène une héroïne dhampire luttant contre les nazis. Encore une fois, le film est mauvais, long, indigeste, ponctué de phases d'actions mal orchestrées et de dialogues peu convaincants. Malgré l’échec, le film connaîtra deux suites, toutes réalisées par Uwe Boll, dont la dernière sortira directement en DVD.
Si Uwe Boll continue de faire des adaptations ratées, c'est bien par appât du gain, mais aussi grâce à son caractère bien trempé. L'homme donne en effet de nombreuses interviews et est à l'écoute des critiques de ses films. Mais devant les différentes attaques lancées par les fans de jeux vidéo, il a une manière bien particulière d'y répondre. En 2006, il invite plusieurs de ses plus fervents détracteurs à l'affronter sur un ring de boxe. Trouvant l'idée alléchante, des journalistes et autres professionnels sont venus affronter Uwe Boll. Cependant, toujours prêt à faire sensation, ce dernier n'a pas mentionné son passé et sa carrière de boxeur professionnel. Après avoir mis ses opposants au tapis, dont un par K.O, il déclara : « Un poing dans la gueule, c'est la meilleure façon d'aimer mes films ! ».
Par ailleurs, sa vision d'un film est très personnelle. Le réalisateur avoue aimer l'action sans interruption, et quand un film est bon, c'est qu'il n'est pas ennuyeux et apporte du divertissement. Lorsqu'il raconte un film, il veut du sang et du sexe. Mais derrière cette facette plutôt puérile et presque amateur du cinéma, Uwe Boll se revendique comme un littéraire, nihiliste et cynique, et essaye d'aborder ses thèmes dans ses films tels que Postal ou Rampage.
À la vue du caractère d'Uwe Boll, il est intéressant de se demander comment fait cet homme pour réaliser des films. Eh bien, grâce à ses études d'économie, le réalisateur allemand est devenu un génie de la finance. En effet, le système mis en place en Allemagne est des plus particuliers. En montant sa société de production Boll KG, il invite les investisseurs à placer de l'argent sur ses productions pour profiter de mesures de défiscalisation. Alors que les financeurs auraient été taxés à hauteur de 50 % par l’État allemand, en investissant dans la Boll KG, ils se retrouvent exonérés d'impôts sur ces fonds. Ainsi, le film n'a besoin que d'être à 50% rentable pour que les investisseurs ne soient pas perdants. C'est grâce à ce système typique à l'Allemagne qu'Uwe Boll peut continuer à réaliser ses films, même si ceux-ci sont mauvais et ressemblent davantage à des téléfilms de série Z, 50 % de l'investissement sera assuré, notamment grâce à la vente de DVD et à la diffusion sur les chaînes de télévision payantes.
Ainsi, Uwe Boll cible les licences vidéoludiques qui lui garantissent un retour minimum sur investissement, et choisi d'adapter des jeux vidéo certes pas connus de tous, mais suffisamment pour attirer un public tout de même conséquent. Aujourd'hui, sa réputation est tellement importante dans le monde du cinéma que ses films sont majoritairement financés par les préventes. En effet, même s'ils sont de mauvaise qualité, de nombreux amateurs de ses films persistent et achètent les DVD ou des places pour des festivals spécialisés dans la diffusion de ces films de série Z.
Oui, ce sont des équipements de paintball.
Commenter 18 commentaires
Très bon jeu par ailleurs, et merveilleuse image du die&retry, massacré au cinéma, bien plus tard
Ce mec est un réalisateur tellement mauvais qu'il en est culte!
Je me ferai une pause lecture cette après-midi pour lire tout cela Clint008. J'ai parcouru les pages et j'ai repéré des films qui ont traumatisé mon enfance.
Merci
il me semble qu'il manque l'œuvre d'art " Double dragon " dans le dossier
Bravo !
Merci, j'ai tout corrigé en une soirée