Malgré un scénariste et réalisateur reconnu et un casting 5 étoiles, la nouvelle grosse production Netflix déçoit…
La plateforme de SVoD Netflix a terminé l’année 2023 en sortant un nouveau long-métrage très prometteur, Le Monde Après Nous, ou Leave the World Behind en version originale. Un film annoncé comme un thriller psychologique post-apocalyptique avec des acteurs de renom et un réalisateur/scénariste déjà très apprécié : Sam Esmail est en effet créateur de l’excellente série Mr. Robot, mais il adapte ici un roman de Rumaan Alam à sa sauce. Malgré tout cela et une production assurée notamment par Barack et Michelle Obama, le résultat reste en demi-teinte. Explications dans cette critique, évidemment sans spoilers.
Le Monde Après Nous aurait pû être un huis-clos sympathique porté par un bon casting.
Le Monde Après Nous suit la famille Sandford, dont le père et la mère sont incarnés par Ethan Hawke et Julia Roberts. En vacances avec leur fils et leur fille dans une maison de location, ils sont dérangés un soir par le père et la fille Scott (Mahershala Ali et Myha’la Herrold), qui espèrent pouvoir se réfugier ici après une énorme panne d’électricité et de réseau. Alors que les deux familles se découvrent et apprennent à cohabiter, le monde autour d’eux semble s’effondrer.
Le pitch et les premières minutes du Monde Après Nous pose le ton. Pas de post-apocalyptique ici, mais bien les premiers jours de ce qui ressemble à la fin du monde, ou du moins des États-Unis, attaqué par un ennemi inconnu. Hackeurs ? Russes ? Chinois ? Irakiens ? Le pays de l’Oncle Sam a l'embarras du choix parmi ses opposants, laissant le spectateur se poser des questions. D’ailleurs, le film en pose, des questions, un tas, sans rarement y répondre, ce qui n’est pas une mauvaise chose. Les évènements se suivent au travers des yeux des Sandford et Scott, tout aussi perdus que les spectateurs face à ce qui leur arrive. Il est amusant de voir un film apocalyptique de la sorte être produit par un ancien président des États-Unis (via sa société Higher Ground Productions), de quoi faire couler beaucoup d’encre dans une sphère d’Internet qui s’exclame déjà : « ils savent ce qu’il va se passer ! ». Au moins, le film nous permet de réfléchir sur notre possible comportement en cas de fin du monde, alors que la technologie aura disparu. Une critique de l’ère moderne qui, fort heureusement, n'appuie pas son propos jusqu’à l’excès comme a pu le faire Black Mirror.
Le Monde Après Nous souffre malheureusement de quelques longueurs. En 2h20 de film, nous avons eu le temps de nous ennuyer devant des séquences qui prennent trop leur temps, n’apportant rien à l’ambiance ni aux personnages et encore moins au scénario. Le film propose pourtant des scènes vraiment prenantes et stressantes, presque angoissantes, qui ponctuent les 141 minutes du long-métrage, à l’instar d’un pétrolier s’échouant sur une plage en tout début de film, des moments intensifiés par la musique de Mac Quayle (Mr. Robot, The Last of Us Part II). C’est d’ailleurs dans ces moments-là que la réalisation arrive à briller avec des mouvements de caméra soignés, notamment dans une scène en voiture rappelant évidemment Les Fils de l’Homme d’Alfonso Cuaron. Sam Esmail pioche des idées de mise en scène à gauche à droite, les cinéphiles sont ravis, mais il n’arrive pas encore à trouver sa propre patte, ne faisant que reprendre ce qui a déjà été fait. Cela se ressent surtout dans les scènes de dialogues, peu intéressantes et filmées de manière trop classique, n’arrivant que rarement à créer de la tension ou de l’émotion.
C’est fort dommage, car en matière de direction d’acteurs, Sam Esmail sait s’y prendre. Le casting est idéal, tout le monde est parfait dans son rôle, que ce soit Julia Roberts en mère de famille à la limite du burnout, Ethan Hawke en père dépassé par les événements et l’absence de technologie ou Mahershala Ali inquiet pour sa femme (absente du film) tentant de protéger sa fille. Du côté des enfants, c’est plus compliqué. Charlie Evans n’arrive jamais à convaincre, il faut dire que son rôle est très limité, du même que celui de Farrah Mackenzie, la petite Sandford passe le film à vouloir regarder la fin de Friends (qu'il vaut mieux connaître d'ailleurs). Seule Myha’la Herrold sort du lot avec son rôle de jeune femme têtue et qui a droit à une vraie évolution dans son personnage. Notons la présence au casting de Kevin Bacon, présent seulement dans une seule scène de dialogues pour une fois bien intense et qui montre tout le talent de l’acteur, qui n’a qu’à lancer un regard pour convaincre.
Le Monde Après Nous aurait pû être une bonne curiosité Netflix, un huis-clos sympathique porté par un bon casting, critiquant au passage notre société ultra-connectée et dépendante des technologies, mais le film souffre de vrais longueurs, de dialogues pas forcément bien écrits et surtout d’un final très décevant. Nous ne le détaillerons bien sûr pas ici, mais il a de quoi surprendre, dans le mauvais sens du terme, laissant le spectateur sur sa faim. Comme l’avons déjà dit, il n’est pas nécessaire d’apporter des réponses à une histoire pour satisfaire le spectateur, qui va lui-même tenter d’y répondre, mais soigner sa conclusion est tout de même important, se contenter d’un point final est essentiel dans une œuvre de cinéma. Pas comme ici. Point.
Note : 2 étoiles sur 5
Si Le Monde Après Nous par Netflix vous intrigue, vous pouvez retrouver le roman de Rumaan Alam dont il s’inspire à 8,30 € sur Amazon et la Fnac.
Clint008 Rédacteur - Testeur |