Deux médias intimement liés depuis des années, avec leurs échecs, leurs succès, mais surtout leurs héritages. Un long dossier pour comprendre les nombreux liens entre les jeux vidéo et le cinéma.
Cependant, le développeur français David Cage a décidé dans ses jeux de briser cette frontière entre jeu vidéo et cinéma, au détriment du gameplay, notamment avec Heavy Rain. Le jeu est présenté comme un thriller interactif, et emprunte lui aussi beaucoup de codes au cinéma. En effet, le titre nous fait suivre la recherche de Shaun Mars, kidnappé par un tueur en série, au travers de 4 personnages différents, dont son père. Au début du jeu, on peut voir le soleil resplendir, mais dès le kidnapping, la pluie fait rage, référence aux films noirs et à certains thrillers des années 90. De plus, tout comme dans un film, le joueur n'est pas libre de ses mouvements. Le gameplay consiste à mouvoir son personnage dans un espace et à interagir avec les différents éléments du décor, mais le tout est très dirigiste. Le joueur ne peut donc qu'effectuer des actions contextuelles uniquement lorsque le jeu le lui demande. Derrière sa manette, le joueur assiste alors à un film interactif dont il ne contrôle pas grand-chose.
Cependant, ces rares actions permettent tout de même de s'identifier aux personnages et c'est là que le génie de David Cage opère. Le joueur ressent les émotions de ses personnages, vit chaque instant comme son personnage le vivrait et est happé dans la dimension du jeu d'une façon émotionnellement très forte. Bien que le cinéma arrive à procurer des émotions chez le spectateur, telles la peur, la tristesse, Heavy Rain transmet ces émotions au joueur, mais à un degré supérieur, grâce aux interactions qu'il effectue.
Le jeu se base sur une simple phrase : « Jusqu'où êtes-vous prêt à aller pour sauver quelqu'un que vous aimez ? » Le joueur rentre dans la peau de son personnage, à un tel point qu'il ne peut le faire souffrir sans avoir des remords, et donc découvrir lui-même cette limite évoquée dans cette phrase. Le jeu propose plusieurs fins alternatives, dont la mort de l'enfant kidnappé. Devant les pleurs de son père, le joueur partage cette tristesse, car contrairement à un film, il aurait pu éviter la mort de l'enfant. Heavy Rain marque ainsi un nouveau pas vers la fusion entre le cinéma et les jeux vidéo. Le joueur assiste à une histoire dont il est le héros, et donc ressent d'autant plus les émotions des personnages. Tout comme Hideo Kojima, David Cage emprunte beaucoup de codes au cinéma du genre, comme les cadres très travaillés, les mouvements de caméra, ou le scénario inspiré de Seven (David Fincher). Pour insister sur la dimension cinématographique du jeu, David Cage a fait appel au compositeur canadien Norman Corbeil, ainsi qu'aux doubleurs français Bernard Garbay (Robert Downey Jr., Viggo Mortensen), Damien Boisseau (Edward Norton, Matt Damon), José Luccioni (Al Pacino, Beau Bridges), ainsi qu'à Françoise Cadol (Angelina Jolie, Sandra Bullock).
L'exprérience d'Heavy Rain n'aura laissé personne indifférent.
Commenter 18 commentaires
Très bon jeu par ailleurs, et merveilleuse image du die&retry, massacré au cinéma, bien plus tard
Ce mec est un réalisateur tellement mauvais qu'il en est culte!
Je me ferai une pause lecture cette après-midi pour lire tout cela Clint008. J'ai parcouru les pages et j'ai repéré des films qui ont traumatisé mon enfance.
Merci
il me semble qu'il manque l'œuvre d'art " Double dragon " dans le dossier
Bravo !
Merci, j'ai tout corrigé en une soirée