Deux médias intimement liés depuis des années, avec leurs échecs, leurs succès, mais surtout leurs héritages. Un long dossier pour comprendre les nombreux liens entre les jeux vidéo et le cinéma.
Récemment, un film d'animation s'est vu acclamé par les joueurs du monde entier. Les Mondes de Ralph, réalisé par Rich Moore en 2012, contient énormément de références aux jeux vidéo de toutes les époques. Le personnage principal, Ralph, est un méchant qui en a assez de casser des fenêtres d'immeubles. Détesté par les joueurs et les autres personnages du jeu, il aimerait être comme Félix Jr., le vitrier, adulé de tous. Il s'échappe donc de sa borne d'arcade et part à la recherche d'une médaille de Héros.
Le film répond à une question que de nombreux joueurs se sont posée étant enfant : que se passe-t-il lorsqu'on éteint la console de jeu ? Que deviennent les personnages ? Eh bien, le réalisateur y imagine un grand réseau numérique reliant toutes les bornes d'arcades d'une salle de jeu, où les personnages rentreraient chez eux, comme après une journée de travail. Les passages du film où l'on suit Ralph dans sa vie sont l'occasion de placer un grand nombre de références aux jeux vidéo. En lui-même, Ralph est un renvoi au personnage de Donkey Kong, avec sa carrure large et ses grognements. Felix Jr. serait quant à lui Mario, avec sa salopette bleue. En plus de montrer un nombre incalculable de personnages de jeux, comme Sonic ou Pac-Man, le film parodie certains genres de jeux. Ralph gagne sa médaille de Héros dans le jeu fictif Hero's Duty, en référence à la célèbre licence de jeux de tir Call of Duty, mais le film insiste sur le côté violent et irréfléchi de Hero's Duty. Au milieu des tirs et des monstres, Ralph s'exclame « Depuis quand les jeux vidéo sont devenus si violents ? ». Si le film aborde le thème des jeux, celui-ci apporte tout de même un regard critique sur la culture vidéoludique d'aujourd'hui, jouant trop souvent sur l'action et la violence pour attirer le public.
De plus, si les jeux ont inspiré le film, les aventures de Ralph ont aussi inspiré un jeu vidéo. Pour la campagne promotionnelle du film, Disney a fait construire une véritable borne d'arcade, exposée au public lors de l'E3 2012. Reprenant le jeu fictif Fix it Felix Jr., les joueurs pouvaient incarner Felix Jr., réparateur de fenêtres, contre le méchant Ralph. Devant le succès rencontré pendant le salon, le jeu fût adapté sur Internet et smartphones, tout comme les autres jeux présents dans le film, Hero's Duty et Sugar Rush. La société de production Disney montre ici son intérêt et sa passion pour les jeux d'arcade des années 80. Le film Shoot 'Em Up: Que la Partie Commence de Michael Davis tire son titre du genre de jeu vidéo, les shoot'em up, littéralement « descendez-les tous », qui consiste à tirer sur tout ce qui passe devant l'écran. Le film reprend cette ligne directive et nous propose un film d'action totalement irréaliste, où les balles fusent de partout et où le héros (Clive Owen) survit à des chutes vertigineuses sans aucune égratignure. Difficile ici de ne pas voir l'influence des jeux vidéo sur ce type de réalisation nerveuse et dédiée au grand spectacle.
Mais l'idée n'est pas nouvelle, et il faut remercier le réalisateur hongkongais John Woo. En réalisant en 1992 son film À toute Épreuve, il montre son intérêt pour le jeu vidéo d'action, notamment avec un plan-séquence de trois minutes, suivant le policier Tequila et son associé Tony dans un hôpital en pleine fusillade. Ici, l'influence du multijoueur est notable. On a l'impression de suivre deux joueurs de borne d'arcade telle que Time Crisis, suivant un couloir et tirant sur tout ce qui bouge devant eux, chacun protégeant l'autre. Comme dans un jeu, l'action ne s'arrête jamais, et les personnages doivent réagir immédiatement sous peine de se faire tuer. Le seul moment de répit pour eux est le passage dans un ascenseur, comme un palier pour accéder à un autre niveau et pour faire le point sur ce qui vient de se passer. Certaines idées de mise en scène comme les sauts à l'horizontale au ralenti seront par ailleurs reprises dans le jeu Max Payne. Si John Woo était déjà intéressé par les jeux d'action au début des années 90, il se penchera encore plus sur le sujet en 2007 en participant à la création de Stranglehold, développé par Midway. En effet, le jeu poursuit la quête de vengeance de Tequila, dix-huit ans après le film. Reprenant la mise en scène nerveuse du film, comme les sauts et les ralentis, le titre s'inscrit parfaitement dans la continuité du film.
Un jeu, inspiré d'un film, inspiré de jeux : Tequilaception !
Commenter 18 commentaires
Très bon jeu par ailleurs, et merveilleuse image du die&retry, massacré au cinéma, bien plus tard
Ce mec est un réalisateur tellement mauvais qu'il en est culte!
Je me ferai une pause lecture cette après-midi pour lire tout cela Clint008. J'ai parcouru les pages et j'ai repéré des films qui ont traumatisé mon enfance.
Merci
il me semble qu'il manque l'œuvre d'art " Double dragon " dans le dossier
Bravo !
Merci, j'ai tout corrigé en une soirée