Deux médias intimement liés depuis des années, avec leurs échecs, leurs succès, mais surtout leurs héritages. Un long dossier pour comprendre les nombreux liens entre les jeux vidéo et le cinéma.
Parmi ses adaptations, celle de Postal, sortie en 2008, peut retenir l'attention du spectateur. Premièrement, car le film traite plus de la politique que du jeu vidéo, ce qui intéresse bien Uwe Boll, et deuxièmement, car le long-métrage est fidèle au jeu. Il faut cependant remettre le titre original dans son contexte.
Développé par Running With Scissors en 1997, le joueur y incarne le Postal Dude, un américain moyen au comportement instable. Le jeu offre une totale liberté au joueur, dont le gameplay se résumera souvent à tuer toute personne se dressant devant soi à l'aide d'un vaste choix d'armes. En plus d'être extrêmement violent, le jeu aborde le thème de la politique post-11 septembre en plaçant la vente libre d'armes à feu et les talibans au cœur du jeu. Immoral, violent, politiquement incorrect, le jeu fait polémique dans le monde entier, et est même interdit à la vente au Brésil.
Ainsi, grâce à ce film, Uwe Boll va mélanger les jeux vidéo et la politique, dont sa vision du monde est proche de celle de Running With Scissors. Évidemment, le film fait lui aussi polémique, et ce même avant sa sortie, à cause d'une bande-annonce montrant deux islamistes aux commandes d'un avion discutant du marché passé avec Ben Laden au sujet des « 99 perfects virgins », en référence aux 72 vierges évoquées dans le Coran. Malgré cela, Uwe Boll montre ici pour la première fois un film contenant un propos véritable. Se positionnant contre la politique de Georges W. Bush, encore président des États-Unis à l'époque, le réalisateur allemand ne manque pas de se moquer de lui ouvertement dans Postal. Le scénario du film est aussi déjanté que celui du jeu : Postal Dude sollicite de l'argent à son Oncle, gourou d'une secte. Celui-ci lui demande en échange de récupérer une cargaison d'une peluche très rare, les Koukougnettes. Mais ces peluches sont aussi convoitées par Ben Laden et son groupe d'islamistes pour faire s'abattre un fléau sur le peuple américain.
Violent, immoral, parfois raciste au premier degré, le film dérange, mais fait preuve cette fois-ci d'une certaine sincérité d'Uwe Boll à partager son propos anti-Bush et sa vision du monde post-11 septembre. Il en profitera pour se moquer de ses détracteurs, en incarnant lui-même un créateur de parc d’attractions dont l'argent vient du parti nazi, en écho à plusieurs critiques qui l'accusaient d'utiliser de l'or nazi pour financer ses films. Le réalisateur considérera Postal comme son chef d’œuvre, bien mieux que ce qui est diffusé chaque année au festival de Cannes. Le film est sorti un jour après Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal. Une vidéo de l'acteur nain Verne Troyer déguisé en Indiana Jones fut diffusée sur Internet avant la sortie du film, proclamant que Postal allait détruire Indiana Jones 4 parce qu'il était meilleur.
Commenter 18 commentaires
Très bon jeu par ailleurs, et merveilleuse image du die&retry, massacré au cinéma, bien plus tard
Ce mec est un réalisateur tellement mauvais qu'il en est culte!
Je me ferai une pause lecture cette après-midi pour lire tout cela Clint008. J'ai parcouru les pages et j'ai repéré des films qui ont traumatisé mon enfance.
Merci
il me semble qu'il manque l'œuvre d'art " Double dragon " dans le dossier
Bravo !
Merci, j'ai tout corrigé en une soirée