Deux médias intimement liés depuis des années, avec leurs échecs, leurs succès, mais surtout leurs héritages. Un long dossier pour comprendre les nombreux liens entre les jeux vidéo et le cinéma.
Si les posters peuvent être sévères avec les joueurs, ils savent aussi attirer leurs regards. Le public visé étant les jeunes, les affiches de films s'approprient les codes visuels typiques des jeux vidéo, notamment ceux des jeux de combat, genre très populaire depuis la sortie en 1991 de Street Fighter II sur Super Nintendo.
L'affiche la plus marquante reprenant ces codes est sûrement celle de Scott Pilgrim VS. The World, film d'Edgar Wright sorti en 2010, adapté d'une série de comics de Bryan Lee O'Malley, où le personnage principal, Scott Pilgrim, se tient au premier plan sur l'affiche, d'une manière assurée, avec son amie Ramona Flowers. Derrière eux se tiennent sept personnages au regard agressif, imposants, au-dessus des têtes de Scott et Ramona. Ainsi, le support parle directement aux joueurs en annonçant l'histoire du film seulement cette composition et la phrase d'accroche « Une fille canon. 7 ex à combattre. Tous les coups sont permis ». Scott va donc devoir affronter tour à tour les sept ex-petits amis de Ramona pour la conquérir, schéma directement inspiré des beat'em all comme Double Dragon ou Streets of Rage, où le joueur parcours plusieurs niveaux pour affronter à la fin de chacun un boss.
Chez le joueur, l'affiche fait ressortir les souvenirs de Megaman 3, où Megaman et son chien robotique Rush se tiennent sous les visages des huit robots que le joueur devra battre dans le jeu, avec en background le visage effrayant du Docteur Wily, son ennemi juré. En plus de l'affiche, le film Scott Pilgrim VS. The World reprend plusieurs éléments en lien avec les jeux vidéo. Il est possible de voir plusieurs fois en haut à droite de l'écran l'inscription 1-UP, très fréquente dans les jeux de plateforme comme Super Mario Bros.. Le réalisateur utilise par ailleurs beaucoup d'effets visuels directement inspirés des jeux de baston, comme les ondes de choc lors d'un coup porté à un adversaire, ou encore les auras lumineuses entourant le héros quand celui-ci découvre une force qui lui était encore inconnue.
Si les affiches de films reprennent les codes de certains jeux vidéo, c'est aussi le cas pour leur trame narrative. Le principe des jeux Die & Retry, qui consiste à échouer de nombreuses fois avant de réussir son objectif, est en effet repris dans plusieurs films, dont la comédie américaine Un Jour Sans Fin de Harold Ramis en 1993, avec Bill Murray et Andie MacDowell. Le présentateur télé Phil Connors est condamné à revivre encore et encore la journée du 2 février, avec les mêmes événements se déclenchant aux mêmes moments. Pour sortir de ce tourbillon infernal, Phil doit découvrir le but de ce jeu, mais aussi trouver la meilleure façon de l'atteindre. Par ailleurs, le montage fait aussi référence à ces jeux de plateforme des années 90 en renvoyant Phil quelques secondes avant qu'il ne fasse une erreur, à la manière d'un personnage de jeu qui reviendrait au dernier point de sauvegarde après un piège non évité.
Ce principe de Die & Retry a été repris en 2011 dans Source Code de Duncan Jones, mais cette fois-ci en installant le principe de l'avatar, allant plus loin dans le lien avec le jeu vidéo. Colter Stevens participe à un programme expérimental, le Code Source, qui permet d'utiliser la mémoire rémanente de victimes d'attentats terroristes pour retrouver les coupables. Dans la peau de Sean Fentress, il a huit minutes pour trouver une bombe dans un train. À chaque échec, le train explose et Colter quitte le corps de Sean pour se retrouver dans la machine qui permet cela. À chaque retour en arrière, il doit trouver de nouvelles pistes pour trouver la bombe. Ainsi, Colter est comme un joueur assis sur son fauteuil, lançant un jeu vidéo et se retrouvant dans la peau de son personnage, Sean. Même si son avatar venait à mourir, il n'aurait qu'à relancer une partie pour réessayer d'atteindre son objectif.
De manière similaire, le film Edge of Tomorrow, de Doug Liman, exploite intensivement ce principe. Le commandant William Cage (campé par Tom Cruise), est assigné de force à une mission suicide contre un ennemi invincible venu de l'espace. Il meurt au bout de quelques minutes, mais revit perpetuellement sa journée à cause du sang d'un alien (Alpha) qu'il a réussi à descendre avant de succomber. Ces effusions de sang lui accorderont le pouvoir de « réinitialiser » le temps à chaque fois qu'il meurt. Ainsi, Cage prend ses marques et accepte ce qui lui arrive. Son entraînement lui permet de manier parfaitement son exosquelette, et ses « souvenirs » de déjouer plus ou moins bien les plans de l'ennemi, les Mimics, jusqu'à découvrir et exterminer le chef ennemi, l'Omega.
Source Code empreinte discrètement de nombreux éléments du jeu vidéo.
Commenter 18 commentaires
Très bon jeu par ailleurs, et merveilleuse image du die&retry, massacré au cinéma, bien plus tard
Ce mec est un réalisateur tellement mauvais qu'il en est culte!
Je me ferai une pause lecture cette après-midi pour lire tout cela Clint008. J'ai parcouru les pages et j'ai repéré des films qui ont traumatisé mon enfance.
Merci
il me semble qu'il manque l'œuvre d'art " Double dragon " dans le dossier
Bravo !
Merci, j'ai tout corrigé en une soirée