TEST - Castlevania: Lords of Shadow 2 - Dracula s'en mordrait les doigts

Côté gameplay, à l'instar de la plupart des titres du genre, Castlevania: Lords of Shadow 2 commence avec un personnage ultra puissant - Dracula, ce n'est pas n'importe qui - et punit très vite le joueur en lui retirant tout. Le leitmotiv est alors de récupérer les compétences qui font la légende du Dragon, à commencer par ses armes, l’Épée du Vide et les Griffes du Chaos. Ces dernières forment l'héritage du gameplay du précédent épisode, basé sur la possibilité de switcher entre la Lumière (récupérer de la vie) et l'Ombre (augmenter ses dégâts pour briser des défenses, notamment). Au fur et à mesure de l'avancée, l'anti-héros se renforce avec d'autres facultés, dans le sillage de cette possibilité d'utiliser la glace ou le feu pour répondre à diverses situations (comme transformer l'eau en paroi pour grimper). Il peut également faire appel à des dagues pour activer des mécanismes ou encore attaquer à distance. Bien évidemment, tout cet arsenal est rassemblé dans un système d'expérience en forme de pyramide et incluant des niveaux de maîtrise (plus un mouvement sera sollicité, plus il évoluera).

Mais les Espagnols ne se sont pas arrêtés en si bon chemin et ont sans doute fait le pire choix pour ne pas aider Dracula à assouvir sa quête personnelle : imposer des phases d'infiltration.

Autrement dit, MercurySteam a apporté quelques petites modifications à un gameplay bien rodé. Après, le plus grand changement est sans conteste la caméra qui n'est plus fixe. Le but de ce choix est de laisser plus de liberté au joueur, en mettant davantage en avant l'exploration (malgré une carte à la lisibilité assez chaotique, GPS compris) et en facilitant les - très (trop ?) - nombreuses phases de plateformes (mention spéciale à celle où il faut sauter sur des lustres, non sans les faire balancer au préalable). Parfois, il arrive que le plan soit fixe, telles des réminiscences du passé - ou que la vue soit subjective pour souligner la violence d'une séquence ô combien sanglante. Mais les Espagnols ne se sont pas arrêtés en si bon chemin et ont sans doute fait le pire choix pour ne pas aider Dracula à assouvir sa quête personnelle : imposer des phases d'infiltration.

Comment ? Des phases d'infiltration alors que le héros incarné est l'un des plus puissants qui soit ? Hélas. C'est d'autant plus paradoxal que c'est avec le projet sur lequel Hideo Kojima ne s'est pas impliqué que MercurySteam a cru bon pimenter l'expérience avec des ingrédients que ne renierait pas un certain Snake. Certes, il faut bien l'avouer, si l'idée de se transformer en rat et de prendre possession des gardes apparaît assez intéressante - et fraîche - de prime abord, très vite, c'est la douche froide. Mal conçues et ennuyeuses, les scènes où la discrétion est de mise sont punitives à souhait, car elles sont basées sur une échappatoire unique (dirigisme basé sur l'observation). En quelque sorte, elles remplacent les regrettées énigmes avec des problèmes où les solutions sont loin d'être évidentes, voire logiques. Pire, elles viennent casser un rythme déjà bien soutenu en termes d'action...

Autrement dit, MercurySteam a dit adieu à plusieurs bonnes idées puisées dans nombre de sources d'inspiration pour d'autres pas foncièrement réussies en termes de sensations manette en mains. Que ce soit les puzzles récompensant les plus vifs par de l'expérience ou encore les colosses qui proposaient des joutes sortant de l'ordinaire (avec des relents de Shadow of the Colossus), il va falloir tirer un trait rouge sang dessus. C'est à la fois excusable en termes de créativité et de volonté d'apporter du (sang) neuf et critiquable si les nouveautés ne sont que déception. Malheureusement, tel est le cas.