Bloober Team s'est embarqué dans un défi fou : développer un remake du meilleur survival-horror psychologique de tous les temps. Défi réussi ?
Dans mes rêves agités, je vois cette ville. Silent Hill.
Les fans de Silent Hill ont passé 20 ans sans avoir droit à un vrai nouveau jeu vidéo. Il faut dire que le conflit entre Hideo Kojima et Konami, résultant de l’annulation de Silent Hills en 2015, avait fait perdre espoir aux joueurs, mais l’éditeur et développeur japonais a relancé la franchise en 2022 avec une Transmission prometteuse, officialisant notamment un remake de Silent Hill 2 par Bloober Team. Quelle idée… Le second volet, qui peut être joué sans avoir fait Silent Hill premier du nom, est un jeu culte, sans doute le meilleur survival-horror psychologique jamais réalisé par la Team Silent, un titre qui a longtemps brillé grâce à un scénario intelligent et touchant, une direction artistique cauchemardesque et une bande originale envoûtante. Mais fallait-il vraiment un remake ?
Bloober Team a parfaitement respecté l’histoire de l’époque.
Silent Hill 2 a déjà eu droit à un portage sur des plateformes modernes avec une HD Collection, proposant des graphismes en haute définition (720p), une bande-son retravaillée et de nouveaux doublages. Tout cela n’a pas convaincu les fans, il faut dire que le travail semblait bâclé et les puristes étaient très attachés au jeu d’origine, ses défauts faisaient son charme. Des textures baveuses et floues qui laissaient place à l’imagination, une image granuleuse, des visages proches de l’uncanny valley, un jeu de comédiens souvent un peu faux, mais l’ensemble donnait un jeu vidéo horrifique et dérangeant, qui fonctionne encore aujourd’hui. Restent un gameplay rigide et des combats peu palpitants, de vrais défauts, même pour l’époque, aucun jeu vidéo n’est parfait, pas même Silent Hill 2 sur PS2 (par la suite porté sur Xbox et PC).
Et pourtant, voilà que Bloober Team s’est lancé dans le développement d’un remake. L’annonce a fait bondir les fans, le studio polonais ayant un C.V. en demi-teinte. Les Layers of Fear étaient des jeux d’horreur psychologiques et narratifs intéressants, le studio s’est essayé à l’horreur cyberpunk avec Observer, puis a accouché de Blair Witch, un titre soporifique adapté d’un film culte particulièrement lent. La dernière production de Bloober Team était The Medium, encore un jeu d’horreur psychologique, mais fortement inspiré par Silent Hill, le compositeur Akira Yamaoka était même de la partie. Un titre encore trop imparfait pour contenter les joueurs. Puis vient aujourd’hui Silent Hill 2 Remake. Alors, Bloober Team a-t-il enfin réussi à développer le jeu d’horreur que tous les fans espéraient, contentant à la fois les vieux puristes et les néophytes de la franchise ? Réponse dans notre test, toujours sans spoilers.
Silent Hill 2 suit James Sunderland, un homme à l’âge et à la profession inconnus. Le jeu s’ouvre alors que le protagoniste prend une pause dans des toilettes publiques proches de Silent Hill, une petite ville américaine comme il en existe tant. Si James est ici, c’est après avoir reçu une lettre de sa femme Mary, qui l’attend à Silent Hill. Problème : Mary est morte il y a trois ans d’une maladie, impossible que sa défunte compagne soit de retour. Porté par l’amour et le chagrin de sa disparition, James retourne pourtant dans cette ville où le couple avait passé des vacances. Rapidement, Sunderland comprend que Silent Hill a changé, la ville est plongée dans le brouillard et les habitants ont déserté, il ne reste que des créatures difformes et grotesques dans les rues et les bâtiments. Mary peut-elle vraiment être vivante, à Silent Hill ? Et qui est cette Maria, véritable sosie de sa femme décédée, qui croise son chemin en ville ?
Si vous avez joué à Silent Hill 2 en 2001, ne vous attendez pas à des changements dans le scénario du remake, Bloober Team a parfaitement respecté l’histoire de l’époque. Que ce soit dans la narration, les dialogues ou le scénario global, le studio polonais n’a pris aucun risque pour ne pas brusquer les anciens fans, mais c’est tant mieux. Silent Hill 2, qu’importe sa version, nous propose une histoire terrifiante, belle, touchante et dramatique, posant énormément de questions tout au long du jeu, pour nous livrer ses terribles réponses à la fin. Une aventure psychologiquement éprouvante, tant elle touche des sujets lourds et toujours plus actuels, que ce soit au travers de l’histoire de James et Mary, mais également d’Angela, d’Eddie et de Laura, les rares autres humains en ville. Tous ont été appelés par Silent Hill, mais jamais pour des raisons joyeuses. Et impossible de passer à côté de Maria, doppelgänger de Mary à la fois séduisante et inquiétante, qui va torturer psychologiquement James jusqu’au bout.
Petite parenthèse sur l’apparence des personnages, qui a fait couler beaucoup d’encre virtuelle ces derniers mois. Oui, la tenue de Maria a changé et est moins courte qu’à l’époque (moins vulgaire diront certains), au grand dam de quelques faux « fans » qui passent visiblement à côté du personnage, de son rôle et de son histoire. Quant à Angela, sans trop en dire sur son histoire, son apparence coïncide bien mieux avec son passé et son âge, nous avons affaire ici à une jeune femme, à peine adulte, mais déjà ravagée par la vie, il n’était pas nécessaire de la rendre « attirante », « belle » ou autre comme à l’époque, bien au contraire.
Clint008 Rédacteur - Testeur |
Commenter 3 commentaires
Merci pour ce test ! Juste une petite question, je n’ai jamais joue à aucun des opus précédents, est-ce que je peux directement découvrir la licence via ce remake ou je vais rater des choses ?