Une extension monstrueusement belle

Même si nous avons adoré Elden Ring, force était de constater que FromSoftware avait beaucoup trop puisé dans ses anciennes productions pour créer les ennemis, boss inclus. Un best-of des Dark Souls, de Bloodborne et de Sekiro: Shadows Die Twice, mais dans Shadow of the Erdtree, nous avons droit à de nombreuses créatures avec des patterns, des mouvements, totalement inédits. De quoi faire trembler même les joueurs les plus expérimentés, il faut trouver le bon timing de roulade ou de parade pour faire face à des ennemis souvent retors.

Shadow of the Erdtree est le véritable magnum opus de Hidetaka Miyazaki.

Certes, des créatures de l’Entre-terre se retrouvent au Royaume des ombres, avec quelques modifications dans l’apparence, mais aux mouvements identiques, ils sont quand même assez anecdotiques par rapport aux nouveautés qui s’offrent à nous. Et ce design ! FromSoftware est passé maître dans l’art de créer des monstres sublimement terrifiants, à la fois fascinants et rebutants, vestiges d’un monde ravagé et semblants souffrir à chaque mouvement, où habités par une volonté de nous réduire en miette. Mention spéciale aux Géants du fourneau, sorte d’immenses hommes d’osier qui errent au Royaume des ombres, de terrifiants et gigantesques monstres qui résistent à la plupart des dégâts, mais arriver les vaincre offre de belles récompenses.

Nous l’avons déjà évoqué plus haut, mais FromSoftware a un sens de la mise en scène qu’il perfectionne depuis des années pour introduire de nouvelles zones, Shadow of the Erdtree est le véritable magnum opus de Hidetaka Miyazaki de ce côté là. Au détour d’une falaise, d’une colline ou d’une grotte, le joueur tombe sur des paysages à couper le souffle, saisissant par leur beauté inquiétante. Nous avons déjà cité la Plaine sépulcrale qui se dresse devant nous au début de cette aventure, mais impossible de ne pas évoquer le Château noir qui ferait pâlir d’envie Sauron, les verdoyantes Ruines antiques de Raud surplombants une large zone de la carte ou encore la Cathédrale de Manus Metyr, d’inspiration gothique. Un festival de sublimes panoramas, à l’architecture toujours plus labyrinthique.

Le gros changement dans Shadow of the Erdtree par rapport au contenu de base, c’est que la carte de l’extension est plus petite… en apparence. Hidetaka Miyazaki avait avoué que le Royaume des ombres ferait la taille de Nécrolimbe, c’est vrai, mais il faut rajouter à cela une verticalité qui décuple les possibilités d’exploration. Ici, pas de longs ascenseurs pour nous faire descendre dans les profondeurs de la terre, mais de grands escaliers, des falaises à escalader, des passages cachés à dénicher pour s’aventurer toujours plus loin, toujours plus haut ou toujours plus bas, dans ce royaume labyrinthique L’architecture de la carte est tentaculaire, avec des chemins dans tous les sens, qui finissent par déboucher sur des lieux improbables. Un simple embranchement peut changer totalement l'exploration, le joueur se perd dans cette immensité toujours plus hostile. Malheureusement, comme la verticalité est omniprésente, la carte dans le menu n’arrive pas à suivre. Elle est bien difficile à lire et nous nous sommes retrouvés plusieurs fois à tourner en rond pour trouver un passage. C’est dommage, car dans le contenu de base, la carte était parfaite à analyser, mais elle perd en précision ici, là où le jeu gagne en gigantisme.

L’exploration à l’aveugle est donc primordiale, il faut essayer et expérimenter des sauts sur le dos de Torrent, tordre la caméra pour comprendre le sens d’un chemin au loin, mais avec toujours une récompense à la clé. Un tas d’objets sont cachés dans le Royaume des ombres, mais également de nombreux lieux. FromSoftware apprend très vite de ses erreurs et Shadow of the Erdtree ne nous noie pas sous une avalanche de cavernes et grottes recyclées, avec des boss redondants. Non, ici, les petits donjons sont moins nombreux, souvent bien cachés et rien que d’atteindre la porte d’entrée est une satisfaction. Mais surtout, une fois à l’intérieur, ils sont plus grands, plus labyrinthiques, plus verticaux, plus dangereux. Les développeurs ont introduit de nouveaux pièges pour mieux surprendre les joueurs, avec au bout du chemin un boss… souvent décevant. Certes, quelques créatures inédites sont là pour nous en faire baver, mais sinon, ce sont des personnages humains, avec une petite barre de vie au-dessus de la tête à la manière des Doigts crochus qui nous envahissent. Nous aurions préféré des créatures plus imposantes et mortelles dans ces donjons mineurs, la satisfaction vient surtout du fait d’avoir terminé l’exploration plutôt que vaincu le boss.

Clint008 Rédacteur - Testeur