TEST - Metal Gear Solid V: The Phantom Pain - Le chef-d'œuvre ultime de Kojima ?

Big Boss est mort, ou presque. Après plusieurs années d'un long coma, il est « ressuscité ». Comme si le Diable lui-même ne voulait pas – encore – de lui. Sa nation, son Armée, a été détruite en même temps que ses derniers espoirs par Cipher. Il est plus que jamais l'homme à abattre, un fantôme qui dérange, une ombre qui plane sur le monde déchiré par les conflits globaux. Mais Snake veut se venger, retrouver Skull Face et Cipher afin d'éviter que le chaos ne se répande. Un homme qui n'a plus rien à perdre est forcément quelqu'un de dangereux. Un monstre a été créé, animé par un désir de revanche que personne ne peut égaler. Et Big Boss devint Venom Snake, le Bellérophon dont la Chimère porte le nom de Cipher. Derrière cet antagonisme, il y a toujours cette course au nucléaire et à l'arme ultime. Cela finira par craquer.

Une mine d'or cachant quelques cailloux.

D'emblée, Metal Gear Solid V: The Phantom Pain démarre fort : par un prologue plus fort que le prologue vendu à part. Une succession de séquences-chocs avec des plans à la première personne immersifs à souhait. Le dernier joyau d'Hideo Kojima titille la noirceur et se veut viscéral pour mieux nous retourner l'estomac. La première heure du jeu fait déjà date et la tension est tellement lourde qu'elle pourrait vous étreindre à jamais. Elle rappellerait presque les larmes de The Last of Us dans sa propension à taper direct dans le vif du sujet, presque sans prévenir. Les âmes plus sensibles risquent même de détourner le regard. La quête de Venom Snake peut débuter et, déjà, l'humour débile entraperçu dans certaines bandes-annonces est déjà loin. Le ton est donné, en espérant qu'il ne retombe jamais.

Pour autant, Metal Gear Solid V: The Phantom Pain devrait en étonner plus d'un dans sa mise en scène. Passée cette introduction coup de poing, les cinématiques se veulent plus sages, quitte à ne jamais vraiment faire décoller une intrigue un poil décevante, aussi bien sur le fond (les enjeux, certaines motivations) que sur la forme (son traitement). Les précédents Metal Gear Solid avaient tendance à aller dans le too much, ce qui pouvait plaire comme diviser, avec des moments d'action décrochant la mâchoire et du posing en veux-tu en voilà. Metal Gear Solid V: The Phantom Pain ne va jamais vraiment aller jusque-là et il faudra oublier les face-à-face épiques à la Raiden versus Vamp dans MGS 4. Certains pourraient y voir une perte identitaire dans cet océan de monde ouvert, comme si Snake ne savait pas nager et se noyait, d'autres un changement de cap allant de pair avec la vision d'Hideo Kojima, celle dont il rêvait depuis le début, qui a mû comme un serpent pour changer de peau. 

Il y a sans doute un peu des deux. Pour offrir une pleine liberté au joueur, Kojima Productions était obligé de faire des concessions et c'est malheureusement la narration directe qui en a pris un sacré coup. En revanche, les fans risquent de s'en donner à cœur joie dans tous les artifices indirects imaginés par Hideo Kojima et prenant la forme de cassettes audio à écouter quand bon nous semble (elles remplacent les discussions via le Codec). Ces nombreux récits optionnels se révèlent vite indispensables pour découvrir là où l'auteur voulait en venir. C'est loin d'être un défaut pour les joueurs hardcore, qui plus est ceux ayant de l'appétence pour la franchise. En revanche, cela peut le devenir pour les autres, ceux qui ne farment pas des heures et des heures pour percer les moindres secrets. À l'arrivée, Metal Gear Solid V: The Phantom Pain souffre d'un léger déséquilibre narratif, la faute à un mélange de quêtes principales clairement bouche-trou et sans réel lien apparent avec le reste, et d'autres beaucoup plus immersives participant à la métahistoire. Une mine d'or cachant quelques cailloux, en somme.