TEST - Life is Strange : notre avis après l'épisode 5

Cinq ans se sont écoulés depuis le départ de Max Caulfield de l'Oregon. Mais cette étudiante un peu paumée a décidé de revenir à Arcadia Bay presque sans prévenir. Elle souhaite reprendre son avenir en main en suivant des cours de photographie, domaine dans lequel elle excelle aux yeux de son professeur. Toutefois, son absence a laissé des traces dans certains esprits, notamment sa meilleure amie prénommée Chloe. Cette dernière est bouleversée par la disparition soudaine de Rachel, qui avait pris, en quelque sorte, la place de Max dans son cœur. Mais Max reçoit un don par hasard : celui de remonter dans le temps et de modifier le cours des évènements. Arrivera-t-elle à retrouver Rachel ? Peut-être, sachant qu'une menace gronde : une violente tempête devrait s'abattre sur Arcadia Bay.

Le potentiel pour devenir un beau papillon.

L'histoire commence par le réveil de Max dans une forêt, par une nuit pluvieuse et sombre. Alertée par la lumière d'un phare, elle se demande où elle est et ce qu'elle fait là. Passé un petit rebondissement, la voilà dans sa classe de la Blackwell Academy. Les premières minutes de Life is Strange posent des questions qui ne trouveront des réponses que bien plus tard, pour un suspens qui tient en haleine et compense le manque de rythme global, accouchant d'une aventure un peu molle sur les 2/3 heures nécessaires pour terminer le segment. Du reste, force est de reconnaître que l'écriture est d'excellente facture avec, notamment, une galerie de personnages hauts en couleur (Chloe semble tout droit sortie de La Vie d'Adèle). Autour de Max, sorte de Donnie Darko au féminin (elle donne cette impression d'avoir grandi trop vite et a de l'avance sur tout le monde), gravite plusieurs sous-intrigues qui nourrissent un scénario s'annonçant des plus alambiqués, à la frontière entre du Greg Araki et du David Lynch. À voir comment elles seront développées ensuite, mais cela n'augure que du bon pour s'attacher aux héros et héroïnes qui la composent.

Côté gameplay, il est difficile de ne pas penser à The Walking Dead sur la forme, avec ses choix dans les dialogues ou ses statistiques à la fin pour montrer ce que les joueurs ont décidé. Dans le fond, en revanche, Life is Strange recycle le Memory Remix de Remember Me, processus permettant de remonter le temps pour changer des éléments et influencer le présent et l'avenir. La bonne idée ? Max garde en mémoire ce qu'elle a appris et conserve les objets dans son aventure malgré l'Effet Papillon. La mauvaise idée ? Il y a quand même ce sentiment d'être sans cesse pris par la main, pour un dirigisme faisant davantage office de récit interactif qu'autre chose. Les différents embranchements proposés lors des moments à enjeux n'ont pas l'air de modifier totalement la donne, d'un point de vue global, mais il faudra en voir plus pour l'affirmer. En outre, il reste à espérer que le pouvoir de Max aura une autre fonction que le changement de phrases lors des (nombreuses) discussions. À ce sujet, libre à vous d'explorer les environnements pour faire la connaissance des PNJ peuplant la Blackwell Academy, une école remplie de secrets pas toujours bons à savoir.

Et l'habillage dans tout ça ? Il souffle clairement le chaud et le froid, puisque Life is Strange est parfois beau, parfois désagréable. S'il a pour lui cette patte artistique indéniable, avec des textures peintes à la main qui rappellent des aquarelles (sans ressembler à du vrai cell-shading), le moteur réalisé à partir de l'Unreal Engine galère à afficher certains éléments lors des changements de zone. Cela tache sur une Xbox One ou une PlayStation 4, surtout eu égard au rendu graphique loin d'en mettre plein la vue. La bande-son, elle, ressemble à des séries made by CW (The Vampire Diaries, Supernatural), avec des musiques qui portent et plongent dans l'ambiance (exemple : To All oF You de Syd Matters).

En conclusion, l'adjectif qui sied parfaitement à Life is Strange est sans conteste "intérechiant", pour sa propension à captiver par son pitch, mais aussi sa tendance à ennuyer par son aspect un peu plan-plan. Gardons tout de même à l'esprit qu'il s'agit d'un pilote et qu'il porte le nom de Chrysalis : autant dire qu'il a le potentiel pour devenir un beau papillon à l'arrivée.