HANDS-ON - NVIDIA Shield Tablet : le meilleur des deux mondes

Alors que beaucoup attendaient une Shield 2 sous forme de console portable, comme la première génération, NVIDIA a finalement surpris son public en dévoilant la Shield Tablet, qui comme son nom l'indique est avant tout... une tablette. Nous avons eu l'occasion de l'essayer l'espace de quelques heures.

D'un rapide coup d'œil, la tablette ne présente rien d'extraordinaire. Certes, son processeur Tegra K1 la hisse au sommet du panel lorsqu'il s'agit de puissance pure (approximativement équivalente à une PS3 ou une Xbox 360), son design est bien fait sans être révolutionnaire et ses haut-parleurs en façade libèrent un son puissant, mais un peu étouffé. Mais en creusant plus en profondeur, elle s'avère largement plus que cela. Mentionnée comme "la Tegra Note 8 des gamers", cette tablette justifie son positionnement sur le marché par son lot d'ajouts apportés par NVIDIA, que ce soit logiciellement, ou en lui adjoignant le Shield Controller, une manette qui n'est pas sans rappeler une sorte d'hybride entre celles de la Xbox première du nom et de la Xbox One.

La Shield Tablet vise donc principalement les gamers, même si tout autre public pourra également trouver son compte avec, et il suffit de lancer le Shield HUB (remplaçant de la Tegra Zone) pour s'en apercevoir. Ici sont classés bon nombres de jeux par genre (rétro, aventure...), avec une particularité commune : une compatibilité manette. Entre les jeux particulièrement travaillés en partenariat avec NVIDIA pour s'adapter parfaitement à la tablette/console (Half-Life 2, Portal, Trine 2...) et ceux déjà prévus pour les contrôleurs physiques, ce sont plus de 400 titres qui remplissent cette bibliothèque. Le tout est bien présenté et répond parfaitement aux interactions avec une fluidité exemplaire. En outre, un menu permet rapidement d'accéder à sa propre ludothèque, rendant le choix encore plus simple.

Niveau puissance, la Shield Tablet n'a pas peiné à montrer ce qu'elle avait dans le ventre durant nos essais. Branchée sur un téléviseur, Trine 2 arbore un léger aliasing sur les personnages, mais ce dernier se meut dans des décors totalement irréprochables, toujours avec une grande fluidité. Notons au passage que deux modes s'offrent à l'utilisateur qui branche sa tablette sur grand écran, le mirroring pour dupliquer l'affichage, ou le mode console, qui éteint l'affichage de la tablette pour ne pas diviser sa puissance. C'est ce dernier mode que nous avons essayé. Autre détail important, il est possible de faire reconnaître jusqu'à 4 manettes à la tablette afin de jouer à plusieurs (comme sur Trine 2 par exemple).

Arrive enfin l'élément réellement différenciant : la section "Mes jeux PC". Dans cette partie du Shield HUB se trouvent les jeux PC qui peuvent être streamés sur la tablette, pour une utilisation sur grand écran, ou en déplacement. Nous avons ainsi essayé Watch_Dogs et Batman en 1080p à 60 FPS sur un téléviseur, sans la moindre latence et avec des graphismes optimaux. Pour cela, une seule contrainte, posséder une carte graphique de la marque sur son PC. Autre frein, une telle qualité nécessite un très bon réseau WiFi ou un petit adaptateur Ethernet, sans quoi il faudra se contenter de 720p.

La manette prend alors tout son sens sur de grosses productions de la sorte et n'a pas à pâlir devant celles des consoles de salon de Sony ou de Microsoft. Excessivement grosse à première vue, elle s'avère particulièrement agréable à utiliser et respire la qualité de fabrication. De quoi promettre de longues heures de jeu avec option confort. En outre, elle bénéficie d'un micro, d'une prise jack pour le casque et d'un petit pavé tactile pour utiliser la souris sur l'interface Android entre deux parties si besoin.

Arrive le sujet qui fâche, le streaming en déplacement. Si l'utilisation en réseau local est très simple, l'accès à sa bibliothèque de jeux PC à l'extérieur nécessite un minimum de technique. En effet, sur la tablette, un réseau 4G/WiFi solide sera nécessaire, et une connexion avec au minimum du 5 Mb/s symétrique (en download ET en upload) sur le PC "serveur". Pour le moment, peu de personnes peuvent actuellement se vanter de réunir ces deux conditions, d'autant plus lorsqu'il s'agit d'avoir de la data en illimité sur son forfait 4G. NVIDIA vise néanmoins l'avenir et tente de faire changer les choses.

À tout cela s'ajoutent d'autres éléments intelligents, mais plus occasionnels, comme la reconnaissance vocale basée sur Google Now censée permettre de lancer des jeux d'une simple phrase, même si la reconnaissance du français est à peaufiner, ou encore le partage sur Twitch disponible en quelques clics et utilisant la caméra frontale de la tablette.

Avec une autonomie annoncée de 2 à 3 heures pour du jeu Android et jusqu'à 10 heures en streaming (simple lecture vidéo), la Shield Tablet s'avère aujourd'hui être la solution la plus concrète à la question des micro-consoles. Fluide, agréable, dotée d'une manette très confortable, elle se paye en plus le luxe d'être affublée de nombreuses fonctionnalités supplémentaires qui justifient largement son prix de 360 euros, manette comprise. Bien sûr, les moins fortunés pourront toujours se contenter de la tablette pour y adjoindre une manette Bluetooth ou USB comme il s'en trouve facilement, c'est aussi ça Android. Reste la question du transport et de cette manette démesurée qui n'entrera pas dans la poche, mais il faut savoir faire des concessions, à l'instar des PC portables de gamers un peu plus imposants que la moyenne...