TEST - Mafia III : un voyage à New Bordeaux éprouvant

Le gameplay de Mafia III s'axe autour de la conquête des territoires, des quartiers, de New Bordeaux, avec comme objectif final de faire tomber la mafia italienne et surtout, d'avoir la tête de Sal Marcano. Cela passe donc par une petite introduction avec Cassandra et ses Haïtiens, mais les choses sérieuses commencent avec les rencontres de Thomas Burke et ses Irlandais et Vito Scaletta, héros de Mafia II exilé à New Bordeaux avec ses Italiens.

Le gameplay n'évolue pas d'un poil tout au long de l'aventure.

Les premières heures de jeu sont assez plaisantes, la découverte de la ville jouant beaucoup sur ce point. Pour récupérer un quartier, il faut ainsi mettre le bazar dans un trafic, obligeant le responsable à sortir de sa tanière, faire cela une seconde fois avec un autre trafic pour cette fois dénicher le lieutenant du quartier, puis assigner le territoire à un ami (Cassandra, Vito ou Burke). Et vous avez là l'intégralité du jeu Mafia III. Le gameplay n'évolue pas d'un poil tout au long de l'aventure, bien qu'une poignée de missions offrent un peu d'originalité, mais celles-ci se comptent sur les phalanges du pouce. La durée est évidemment à la hauteur d'un jeu en monde ouvert et demande tout de même près de 20 heures pour mettre la main sur Marcano, sans parler des quêtes secondaires, mais ces dernières proposent la même chose que les quêtes principales. Ce qui fait qu'après une après-midi de jeu, le joueur à l'impression de se retrouver dans Un jour sans fin (Harold Ramis, 1993) et répète inlassablement la même stratégie, encore et encore, tout au long de l'aventure. Les collectionneurs peuvent quant à eux récolter des magazines d'époque (dont les Playboy !) ou encore mettre sur écoute des boîtiers un peu partout en ville pour débusquer plus facilement ces objets collectionnables. Comme dit plus haut, la durée de vie de Mafia III fait plaisir, si vous aimez les tâches répétitives.

Hangar 13 et 2K Games ont bien essayé de faire varier les plaisirs en incluant la possibilité d'investir les bases ennemies en s'infiltrant, mais là, un autre problème du jeu se révèle : l'IA des adversaires est complètement à l'Ouest. Les ennemis sont aveugles, réagissent aussi vite qu'un paresseux et, lorsque Lincoln Clay se fait repérer (il faut y aller, ou subir la rigidité des mouvements), les gunfights sont mous. Non pas que les armes manquent de panache, au contraire, mais encore une fois, l'intelligence artificielle est très artificielle et pas intelligente pour un sou. Ennemis lents, jets de projectiles (grenades ou cocktails Molotov) trop rares, déplacements prévisibles et souvent à découvert, il faut vraiment le vouloir pour se retrouver en difficulté dans les affrontements de Mafia III. En plus de tout cela, un système de combat au corps-à-corps est présent, avec la possibilité d'exécuter de manière violente ses ennemis. Particulièrement jouissif, il reste cependant sous-exploité, car atteindre physiquement un adversaire n'est pas simple à cause des armes à feu qui font très, très mal. À pied, l'exploration se fait globalement de manière agréable, mis à part quelques soucis liés à la physique, le héros ayant tendance à se cogner et à bloquer contre quelques rebords. Toutefois, en voiture, c'est une autre histoire. Les développeurs proposent deux modes de conduite, Normal ou Simulation, mais les deux restent crispants. En mode Normal, le véhicule est très rigide et ne procure pas beaucoup de sensations dans les virages, mais en Simulation, il faut du doigté pour tirer sur les ennemis tout en conduisant. C'est un coup à prendre après quelques heures de jeu, mais les sensations sont grisantes une fois le véhicule maîtrisé.

Alors, tout cela est-il inintéressant ? Oui et non, car la progression laborieuse permet de débloquer des avantages liés à ses lieutenants. Plus un ami a de quartiers, plus celui-ci peut aider Lincoln en lui fournissant des véhicules, des armes et des améliorations. Grâce à une radio, le joueur peut en effet demander de l'aide aux hommes de Vito, annuler la recherche de la police ou couper les téléphones de la ville, les habitants ayant la fâcheuse tendance à balancer un "Nègre" au moindre faux pas. Mais pour avoir des bonus intéressants, il faut délaisser les autres collègues, ce qui ne leur plaît évidemment pas beaucoup. Le joueur peut ainsi choisir la parité et livrer le même nombre de quartiers à chacun, ou privilégier un ami. La rejouabilité est assez intéressante, malgré la répétitivité, certains étant plus susceptibles que d'autres. De même pour la fin de l'aventure, qui laisse plusieurs portes ouvertes selon le déroulement choisi par le joueur dans les dernières minutes. Mafia III propose ainsi une bonne idée de gameplay, mais tire tellement sur la corde qu'il devient lourd et redondant. Si jamais l'envie vous en prend, il faut privilégier les sessions de jeu courtes.