Nous n’avons pas changé d’avis, cet OVNI parmi les jeux compétitifs a sa carte à jouer.
Un jour sans flingue
La dernière fois que nous vous parlions de Lemnis Gate c’était le mois dernier dans une preview qui sentait bon l’émerveillement. La fraicheur de la découverte n’est plus d’actualité, mais les étoiles dans les yeux sont restées pour celui qui pourrait bien s’installer confortablement dans le répertoire des férus de FPS compétitifs.
Il est difficile de nier l’aspect ludique de sa proposition.
En même temps si Lemnis Gate nous a filé les mêmes frissons, c’est parce que le concept génial du titre de Ratloop Games Canada s’est rappelé à nous. Petite piqure de rappel pour ceux qui n’ont pas suivi : Lemnis Gate est un titre compétitif où deux joueurs s’affrontent à grands coups de boucles temporelles. Pour la faire courte, vous jouez un héros pendant 25 secondes, temps pendant lequel vous pourrez utiliser l’arme et la capacité spéciale de votre avatar pour remplir des objectifs et éliminer les personnages de votre adversaire. À l’issue de cette période, c’est à son tour de jouer, sachant que vous avez cinq manches chacun avec un nouvel agent à utiliser à chaque fois. La fantaisie qui nous plaît tant, c’est que chaque tour que vous jouez va être reproduit à l’identique jusqu’à la fin de la partie. Il faut donc composer avec son « moi » passé pour réussir à mettre en place une stratégie sur le long terme. Grâce au robot Karl, vous pouvez par exemple mettre un bouclier sur une zone ou sur un héros qui va prendre le tarif. Carnage peut pour sa part mettre des mines sur le chemin d’un ennemi pour l’empêcher d’atteindre sa destination. Le principe est beaucoup plus complexe que le fait de contrer un joueur.
Il s’agit même plutôt d’anticiper ses actions, bien que la somme de toutes les manches finisse inévitablement par créer des surprises inattendues qui font aussi le charme de Lemnis Gate. Une grenade lancée plus tôt au hasard peut toucher un ennemi inattentif, et croyez-nous c’est du vécu. Dans tous les cas il va falloir bien réfléchir à votre manière d’aborder le problème. Vous avez en effet sept agents pour un total de cinq manches. Autrement dit, vous ne pouvez pas utiliser tous les personnages durant une même partie. Ratloop Games Canada mise une fois de plus sur un gameplay où la réflexion est la clé de la victoire, un feeling que les adeptes des jeux tactiques ne renient pas. Nous ne sommes pas encore au stade d’un Rainbow Six Siege et de ses innombrables opérateurs, mais c’est tout ce que nous souhaitons à Lemnis Gate. Car si les sept personnages permettent déjà de faire des choses assez folles, nous n’aurions pas été contre un nombre plus élevé de héros qui n’auraient fait qu’enrichir un titre déjà plein de subtilité.
Nous en voulons pour preuve la prise en main du jeu. Ce n’est pas tellement sa simplicité et le plaisir immédiat qu’elle provoque que nous voulons mettre en lumière, mais bien sa dualité. La stratégie est dans l’ADN de Lemnis Gate, tout comme la partie shoot pure et dure. Alors oui, vous ne tirez pas vraiment sur un avatar contrôlé par votre adversaire puisque tout se fait au tour par tour. Il y a fort à parier que cela contrarie les joueurs hardcores du gun qui ne jurent que par les fusillades en PvP. Néanmoins, les plus aventureux retrouvent des sensations familières pour un FPS. L’adrénaline et le plaisir primaire de vider votre chargeur dans la peau de votre ennemi sont toujours d’actualité. Cet aspect du jeu suffit à faire la différence entre les bons et les très bons joueurs, mais c’est réellement en mixant la dimension réflexion et la dimension shooter que Lemnis Gate prend tout son sens. Ratloop Games Canada a l’air de faire du pied à deux publics distincts alors qu’en réalité ces communautés sont faites pour s’entendre. In-game en tout cas, ce mélange d’action et de réflexion marche à la perfection.
Une carte à jouer
Derrière son originalité prononcée, Lemnis Gate n’en reste pas moins un jeu compétitif avec ses us et coutumes. Ce qui fait la richesse de son contenu reste donc ses modes de jeu et les différents champs de bataille sur lesquels vous allez vous battre. Rien à dire en ce qui les concerne. Ratloop Games Canada a fait un excellent travail de level design. Les reliefs ne manquent pas, pas plus que la variété de l’environnement qui offre de multiples voies d’accès aux objectifs ainsi que des zones adaptées aux combats à courte ou longue distance. Pour ce qui est de la mobilité, il faut avant tout jouer sur les capacités de certains personnages (Rafale peut se propulser vers l’avant tandis que Toxine est capable de se téléporter). Néanmoins, les développeurs ont eu la bonne idée d’intégrer des plateformes de saut à leur titre. Un indémodable qui a le mérite de dynamiser l’action, bien que Lemnis Gate n’en est pas profité pour tenter un level design tout en verticalité. Nous chipotons, alors qu’en réalité il y a tout ce qu’il faut là où il faut. En même temps, les cartes sont très condensées, pas le choix quand vos agents n’ont que 25 secondes pour faire le tour de la map. La bonne idée, encore une, c’est de nous mettre aux commandes d’un drone aérien entre deux manches. Lemnis Gate meuble ainsi intelligemment les temps morts en vous laissant suivre l’action depuis les hauteurs, mais aussi en vous permettant d’explorer la carte en détail et même de placer des marqueurs. L’outil s’avère non seulement ludique, mais également très utile quand il s’agit de planifier votre prochain coup. Du reste, les quatre champs de bataille que compte le jeu sont visuellement variés et à vrai dire pas désagréables à regarder.
Pour ce qui est des modes, nous touchons cette fois à des choses beaucoup plus classiques. Lemnis Gate fait pourtant le café avec trois modes qui assurent à minima une certaine variété dans les matchs. Ça n’en reste pas moins convenu, à l’image de ce dérivé de Capture the flag où quatre balises doivent être récupérées et amenées à votre point de départ. Nous avons également une sorte de mode Domination où la différence vient du fait qu’il faut tirer sur le point à conserver et non simplement rester à côté pour le capturer. Le dernier est un style de Recherche et Destruction. Une équipe attaque deux points à détruire, l’autre défend. Rien d’époustouflant comme vous pouvez le lire, mais c’est un prétexte largement suffisant pour profiter du gameplay de Lemnis Gate.
La possibilité de jouer en coopération nous séduit en revanche beaucoup plus. Pour sortir du 1v1 basique, vous pouvez opter pour un mode où vous et votre coéquipier jouez en même temps durant votre tour, vos rivaux en font d’ailleurs tout autant. Un autre mode existe dans lequel vous alternez un tour sur deux avec votre allié. Nous avons une préférence pour la première option, mais dans tous les cas, leur existence ajoute un petit plus qui rend le jeu encore plus turbulent (surtout quand deux joueurs font des sorties en simultanée) et encore plus stratégique.
Au bout du compte, peu de choses ont changé depuis la preview, mais nous sommes toujours obligés de nous incliner devant ces mécaniques qui nous paraissent assez géniales. Cette idée de boucle temporelle mixée avec un peu de hero shooter et cette bonne dose de stratégie suffissent à propulser Lemnis Gate parmi les OVNI prometteurs de la scène compétitive. Peut-être que les joueurs de FPS n’apprécient pas un shooter qui se joue au tour par tour, mais il est difficile de nier l’aspect ludique de sa proposition. À notre sens, il ne manque à Lemnis Gate que des personnages et des cartes supplémentaires. Nul doute que ce sont des choses qui arriveront ultérieurement.
Notez que nos impressions se basent sur la version bêta du jeu.
- Concept formidable
- Dualité qui fonctionne
- Facile à prendre en main malgré les apparences
- Planifier sa partie à l’aide d’un drone
- Bonnes cartes et modes corrects
- Jouer en coop, la bonne idée
- Il pourrait y avoir plus de maps
- Il pourrait aussi y avoir plus de personnages
- Pas d’affrontements en temps réel