Nous vous livrons nos impressions sur ce nouveau service quelque peu... mystérieux. Alors ?
Commençons en douceur
La plateforme de Google voit le jour, vous l'avez peut être oublié et c'est normal, nous ne pouvons pas dire que le géant de Mountain View ait fait une énorme communication autour de ce lancement. En mars dernier, Google Stadia était annoncé lors de la GDC, avec tout un tas de fonctionnalités et quelques points... mystérieux. À la surprise générale, la firme américaine s'est fendue d'un évènement pour présenter sa vision du jeu vidéo, et ses services. Notre test est un brin particulier, car nous l'avons réalisé avec un responsable français de la division Stadia. En plus de tâter de la bête, nous avons eu droit à une présentation qui portait sur les possibilités du cloud gaming. Est-ce payant ? Est-ce une formule ? Devons-nous acheter les jeux ? Comment fonctionne-t-il ? Tant de questions, dont nous avons eu des réponses, mais où la stratégie Stadia reste, après tout, quand même floue.
Uniquement 22 jeux... pas de quoi émoustiller.
Le discours qui nous a été tenu est simple, rendre le jeu vidéo accessible à tous. Vous allez voir que pour jouer sur Stadia, rien n'est vraiment simple et le constructeur fait des allers-retours dans son positionnement. Le discours se fait en deux phases : démocratiser le jeu vidéo et toucher les joueurs qui connaissent bien cet univers. Tout d'abord, Stadia n'est vendu que sur le Google Play Store, vous ne pouvez pas trouver le combo manette avec le Chromecast Ultra (oui, Ultra et pas un autre modèle) dans un magasin de jeu vidéo ou de multimédia. Pour configurer le service Stadia, il faut avoir impérativement un smartphone sous Android (Marshamallow) ou iPhone sous iOS 11 minimum ; en dessous oubliez, vous ne pourrez pas lancer le service pour la première fois.
Une fois démarré, vous allez vouloir découvrir les services suggérés par Stadia, comme jouer depuis votre téléviseur, sur un téléphone ou sur votre ordinateur via Chrome ! Génial, c'est aussi simple que ça ? Alors attention, reprenez votre souffle, car... ce n'est pas exactement ça. Seuls les possesseurs d'un Google Pixel de troisième génération pourront jouer à Stadia depuis leur smartphone ; si vous avez un Samsung Galaxy, Note ou tout autre appareil sous Android, et même si vous avez un iPhone de dernière génération, il faut attendre. Combien de temps ? Personne n'a su nous dire, cela arrivera quand ça arrivera. D'ailleurs, beaucoup d'autres points doivent venir plus tard, notamment la possibilité d'acheter un titre Stadia en regardant un live, de pouvoir streamer ses expériences, d'obtenir des productions exclusives first party ou de pouvoir tout simplement franchir le pas de l'achat d'un jeu (l'offre de Base n'arrivera qu'en 2020).
Autre point et pas des moindres, uniquement 22 jeux sont disponibles à la sortie (40 seraient prévus d'ici la fin de l'année) ; un seul est inédit et exclusif, Gylt, le nouveau bébé de Tequila Works. Oui, c'est avec ça que Google compte séduire le grand public pour la fin de l'année ! La logistique nécessaire pour user du service ressemble à l'organisation d'un geek qui connaît bien son sujet. Sauf que dans le line-up, ce sont de (vieux) titres que la communauté a déjà retournés dans tous les sens sur consoles et PC depuis plusieurs mois. Pas de quoi émoustiller...
Manette en mains, cela donne quoi ?
Si ce n'était pas déjà assez compliqué, essayons de résumer les offres. La première, Pro, disponible au lancement vous en coûtera 9,99 €/mois (3 mois offerts actuellement) et NE vous permet PAS de jouer à tous les jeux du catalogue. En effet, au lancement, seuls Destiny 2: The Collection et Samurai Shodown seront accessibles gratuitement. Par la suite, il semblerait qu'un jeu serait offert tous les mois. Sinon, pour essayer de faire passer la pilule, Google propose aussi une liste de jeux sur lesquels vous pourrez profiter de prix " promotionnels ". Enfin, si vous suspendez votre abonnement, vous n'aurez plus accès à vos jeux, jusqu'à ce que vous y souscrivez à nouveau. Alors, jusque là, c'est simple, à une petite particularité près...
Un jeu se lance sans mise à jour, sans installation requise.
Les jeux récents qui sortiront aussi sur Stadia en 2020, comme Watch Dogs Legion ou Cyberpunk 2077 ne seront pas inclus dans la formule Pro. En d'autres termes, vous devrez les acheter séparément, mais vous pourrez y jouer en 4K 60 fps. L'offre nommée Base (exhibant du 1080p 60fps) ne vous donnera pas accès au catalogue groupé ; vous devez vous procurer tous vos jeux. Là encore c'est censé être très simple et parler au grand public... Reste à savoir si certaines personnes, qui ne sont pas visées, arriveront à s'y retrouver dans tout cela.
Passons maintenant la seconde. Nous avons pris la manette et, de ce que nous pouvons en dire, c'est qu'elle est propre, solide, bien qu'elle aborde un look qui ne plaira pas à tout le monde ; nous avons l'impression de voir la fusion entre les pads PS4 et Xbox One (ces dernières manettes sont compatibles avec le service au passage). Le système est convaincant, un jeu se lance sans mise à jour, sans installation requise et rien que pour ça, c'est déjà une belle innovation. Puis passer d'un écran à un autre est tout simplement génial : de la TV au smartphone, puis ensuite sur PC et inversement, à la vitesse de la lumière. Sur l'aspect technique et gestion du cloud, c'est bluffant. Ce qui est d'autant plus frustrant de se dire que nous ne pouvons pas l'utiliser ainsi au lancement... Alors certes, dans l'ensemble c'est super propre, mais ce n'est pas Stadia qui nous fera acheter un smartphone Google Pixel.
Nous avons joué à Gylt, mais aussi à d'autres titres tels que Destiny 2 ; le tout tournait en 4K 60 fps, sans latence. Gylt a de superbes jeux d'ombres et de lumière, la caméra est fluide, la prise en main est rapide, et l'ambiance est prenante dès les premières minutes. Destiny 2, quant à lui, est bien en 60 fps, cependant nous avons pu remarquer un flou sur certaines textures et une finesse globale légèrement en dessous des éditions sur Xbox One X ou sur PC via Shadow (1080 GTX - 12 Go de RAM, Xeon 12 cœurs). De plus, un léger aliasing se faisait aussi sentir sur les bords de certaines modélisations. Hormis cela, le produit est beau, bien fini, il est à la hauteur des standards actuels. C'est bien le souci aussi, Stadia semble être au mieux une équivalence de Xbox One X (légèrement plus puissante), alors qu'une génération de console arrive à son terme et qu'une nouvelle est sur le point d'éclore. Stadia débarque au mauvais timing où le public, qu'il soit amateur ou occasionnel, ne pense qu'à Noël 2020 et l'arrivée des PS5 et Xbox Project Scarlett. Si un joujou technologique doit finir sous le sapin, ce serait plus certainement la Switch (avec ses nombreuses exclusivités et son modèle Lite qui attire les petites bourses), que la bien mystérieuse Stadia ; d'autant que la plateforme n'est trouvable que sur la boutique de Google, et pas physiquement présente dans les rayons de jeux vidéo.
Nous attendons le vrai Stadia
C'est tout le souci de ce lancement bien silencieux. Les offres ne sont pas claires, et les nécessités pour installer et profiter pleinement du service, ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Encore trop d'options, présentées comme innovantes et attendues comme révolutionnaire, n'arriveront pas avant 2020. Les joueurs occasionnels préféreront attendre ou se tourner vers la concurrence. D'autres, plus expérimentés et qui cherchent un service accessible et bien garni, se pencheront sur le Xbox Game Pass qui propose de nombreuses options et de nouvelles offres, sur Shadow qui se dopera aux RTX début 2020, ou encore sur la Shield de NVIDIA. Le responsable présent n'a cessé de nous répondre que cela faisait partie de la stratégie de Google, d'arriver avec un produit fini, mais avec peu d'options et de les ajouter au fur et à mesure au fil des mois. Même s'il s'en refuse à le dire, pour l'instant, le service Stadia s'apparente plus à une forme de bêta, un essai pour tâter le terrain et évoluer en fonction des retours. Le vrai Stadia, annoncé comme lors de quelques conférences durant l’année, n'arrivera qu'en 2020 ; si Google confirme son projet jusqu'au bout.
Nous avons là un lancement bien timide, avec peu de services et beaucoup trop de zones d'ombre pour y succomber, même pour 120 €. Conclusion ? Stadia, aussi alléchant que soit le projet écrit sur le papier, n'est ni plus ni moins qu'un énième service de jeu à la demande, comme vous pouvez en trouver sur vos box Internet ou, par exemple, comme celui de la NVIDIA Shield (GeForce Now) qui permet de jouer à ses propres jeux Steam sans abonnement depuis 2017. Pas de quoi exciter en somme, du moins, pour le moment. Il faut donc s'armer de patience pour avoir une plateforme un peu plus complète et attrayante.
Mise à jour : Au lancement il n'y a que deux jeux inclus gratuitement dans l'abonnement (Destiny 2: The Collection et Samurai Shodown). D'autres devraient être ajoutés régulièrement.
- Super stable
- Les transitions entre chaque appareil, en un clin d’œil
- Une manette bien solide
- Des jeux qui démarrent tout de suite, pas de mise à jour, pas d'installation, le bonheur
- L'installation... C'est un peu fastidieux
- Le line-up n'est pas fou
- Certaines productions sont floues...
- Ça manque de fonctionnalités