Stadia : Google présente sa vision du gaming, du jeu instantané dans le cloud accessible sur n'importe quel écran !
par Alexandre S.Le milieu du jeu vidéo rentre aujourd'hui dans une nouvelle ère qui risque bien de chambouler nos habitudes. Voici tout ce qu'il faut savoir.
Nous étions prévenus, Google est présent à la Game Developers Conference 2019 afin de présenter au monde entier ses projets gaming. Le maître mot est simple, rendre accessibles les jeux vidéo à tout le monde. C'est ainsi qu'a été introduit Stadia, une plateforme d'un tout nouveau genre.
Phil Harrison a expliqué en quoi consiste exactement Stadia, et il faut avouer que sur le papier, c'est bluffant, du moins pour ceux qui disposeront d'une connexion Internet haut débit. En moins de 5 secondes et sans temps de chargement, il sera possible d'accéder instantanément au jeu que vous désirez et qui est présent sur la plateforme, par exemple Assassin's Creed Odyssey. Pas de patch à installer, de mises à jour à effectuer et donc de longues heures de téléchargements, tout sera déjà opérationnel, et pour cause, il n'y aura aucune console, tout est basé dans le cloud, le centre de données sera la plateforme. Ordinateurs portables ou de bureau, ainsi que certains modèles de téléphones et tablettes, et bien évidemment les téléviseurs équipés de Chromecast, tous ces appareils pourront servir de point d'accès pour profiter d'une expérience vidéoludique. Oui, nous avons tous déjà de quoi profiter de Stadia, si ce n'est l'infrastructure réseau, ce qui réduit considérablement la barrière d'entrée pour jouer.
En plus de la possibilité d'utiliser le combo clavier-souris, ainsi que d'autres types d'accessoires déjà possédés, la manette de Stadia a également été présentée, reprenant globalement le design des contrôleurs de la concurrence. Sa principale particularité est de pouvoir se connecter en Wi-Fi au centre de données et donc au jeu auquel nous voulons jouer. Elle inclut deux touches spéciales, une pour partager des captures d'écran et vidéos comme cela se fait partout désormais, mais en 4K cette fois, l'autre pour l'Assistant Google afin d'aider les joueurs en temps réel, grâce au microphone intégré. Une prise Jack est également présente, de même que le fameux code Konami au dos.
Les jeux seront jouables en 4K à 60 fps avec le HDR activé, si l'écran utilisé et la bande passante le permettent, avec un son surround, et Google envisage déjà des résolutions supérieures à l'avenir (jusqu'à 8K à plus de 120 fps), car Stadia sera en évolution permanente, mettant de ce fait fin aux générations de jeu vidéo. Le streaming sera de plus possible sans aucune perte avec ces mêmes options. De base, le hardware qui sera présent dans les data centers a de quoi faire rêver :
- Un CPU personnalisé x86 à 2,7 GHz avec AVX2 SIMD et 9,5 Mo de mémoire cache L2+L3 ;
- Un GPU AMD personnalisé avec de la mémoire HBM2 et 56 unités de calcul pour un total de 10,7 TéraFLOPS (soit plus que les GPU de la PS4 Pro et de la Xbox One X combinés) ;
- 16 Go of RAM avec des performances pouvant monter jusqu'à 484 Go/s ;
- Stockage SSD dans le cloud ;
- Software next-gen optimisé pour le cloud.
Stadia est basé sur le système d'exploitation open source Linux, plus précisément sa variante Debian, et utilise l'interface de programmation Vulkan permettant du cloud gaming natif. Les développeurs seront aux anges avec une telle plateforme évolutive et bénéficieront des outils de développement à la pointe de la technologie pour proposer leur vision créative sans concession. De nombreux partenariats ont été dévoilés, qui permettront de mettre à disposition les meilleurs outils sur le marché : Unreal Engine, Unity, Havok, RenderDoc, Visual Studio, LLVM, AMD RadeonTM2 GPU Profiler, IncrediBuild, UmbraTM 3, FaceFX et Intelligent Music Systems en font partie.
Du côté des fonctionnalités uniques de Stadia, les données entre le client et le serveur ne transiteront pas par l'Internet public comme pour les consoles, ce qui peut nuire au jeu en ligne. Non, ici, tout passera directement par Google, ce qui assurera également la sécurité des données. Ici, les mots clés à retenir sont « pas de triche, pas de piratage », de quoi convaincre les joueurs honnêtes.
Mieux encore, le Cross-Play sera intégré d'office avec les autres plateformes de jeu, si ces dernières le veulent bien, de même que les sauvegardes et la progression des joueurs. Une démo multijoueur tournant sur Stadia a aussi été montrée, avec un monde entièrement destructible, et sera présente sur le salon durant la semaine. Stream Connect est le nom donné au jeu multijoueur en écran partagé, une fonctionnalité bien rare de nos jours, car gourmande en ressources. Une démo avec du jeu asymétrique en coopération a ainsi été présentée pour mettre en avant les possibilités offertes.
Autre technologie offerte par Google, le Style Transfer ML est un outil de machine learning sous Stadia permettant à partir d'une image d'appliquer en temps réel le style artistique s'y trouvant dans un jeu. State Share permet lui de partager un moment de jeu incluant l'état du monde, la position du joueur et son inventaire via un code pouvant être envoyé à l'ensemble des joueurs pour qu'ils expérimentent le jeu à partir de cet instant. Avec Crowd Play, le joueur peut rejoindre la partie d'un streameur sur YouTube dont il regarde le live si ce dernier autorise la fonctionnalité. Enfin, avec l'Assistant Google, il est possible de regarder une vidéo pour trouver la solution sans changer d'écran.
Alors que la tendance est à l'ouverture de diverses boutiques de ventes de jeux (coucou l'Epic Games Store), c'est toute la Toile qui pourra être utilisée avec Stadia par les éditeurs pour proposer leurs jeux. Un simple lien sur Twitter, Facebook, le Play Store ou Gmail permettra ainsi d'accéder au jeu. Avec tout ce qui a été montré, cela suggère fortement un système d'abonnement, même si rien n'a été dit à ce sujet. Et que les parents se rassurent, de nombreux paramètres pourront être appliqués pour le contrôle parental afin d'encadrer cette nouvelle manière de consommer le jeu vidéo.
Concernant les jeux, plusieurs partenariats ont été présentés, sachant que plus de 100 développeurs possèdent un kit de développement actuellement :
- Assassin's Creed Odyssey d'Ubisoft, qui avait déjà été testé avec Project Stream ;
- DOOM Eternal d'id Software en 4K à 60 fps ;
- Un jeu NBA 2K de 2K Games ayant servi à mettre en avant le Crowd Play, le prochain épisode devrait paraître sur Stadia ;
- Rise of the Tomb Raider de Square Enix a mis en avant l'intégration de l'Assistant Google ;
- Q-Games travaille sur un titre exclusif basé sur la fonction State Share ;
- TequilaWorks utilise en interne la fonctionnalité Style Transfer ML pour ses futurs titres.
Enfin, Stadia Games and Entertainment, le tout premier studio first party de Google, a été annoncé et sera dédié à la création de nouvelles expériences vidéoludiques. C'est évidemment Jade Raymond qui a été nommée à sa tête, nous avons hâte de voir ce qui en sortira.
Pour terminer, Stadia sera lancé en Amérique du Nord (États-Unis et Canada) ainsi qu'en Europe et au Royaume-Uni dès 2019. Plus de détails seront donnés cet été. Que pensez-vous de cette nouvelle plateforme qui a encore tout à prouver ?
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