TEST de Gears Tactics : les Gears savent aussi réfléchir, ils font même ça très bien
par Christophe ÖttlGears Tactics : La tactique des gens d’armes a super bien marché sur nous. Mais encore ?
Gears, locustes et tactique… une histoire faite pour durer
Dans le genre combat éternel violent, le conflit qui oppose la CGU aux Locustes n’a rien à envier à l’affrontement entre Jedi et Sith ou à celui des supporters du PSG et de l’OM. Le dernier génocide de larves n’a même pas huit mois et pourtant il est déjà temps de reprendre les armes contre la vermine dans ce Gears Tactics. Pas besoin de s’étaler sur les détails parce que l’emballage est plutôt léger. Les évènements que nous raconte ce nouveau Gears ont beau se passer 12 ans avant le premier opus, cela ne change en rien le schéma narratif classique de la licence. Les aliens envahissent toujours gratuitement notre espace vital, les humains persistent à bombarder la planète à grands coups de Rayons de l’Aube, et enfin de gros bonshommes baraqués viennent encore jouer les héros. Dans le rôle principal de ce marronnier, nous retrouvons Gabe Diaz, père de Kait qui joue la brute au grand cœur à la perfection. Bref tout cela est très léger et manichéen à souhait, et certains passages de l’aventure trainent en longueur et sentent même l’errance scénaristique. La série Gears nous a habitués à mieux, mais fort heureusement, nous ne sommes pas là pour causer scénario.
Malgré son statut d’à-côté, le titre n’a rien d’un « petit » jeu.
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Il est plus intéressant de se pencher sur son petit surnom, « Tactics ». Premièrement, nous avons affaire à un spin-off et deuxièmement, il s’agit là d’un bouleversement de gameplay pour ce TPS réputé. Dans un cas comme dans l’autre il s’agit d’une très bonne surprise. Malgré son statut d’à-côté, le titre n’a rien d’un « petit » jeu et il se trouve que la tactique au tour par tour lui va comme un gant. Ses mécaniques de base sont parfaitement huilées, ce qui en fait d’emblée une référence solide. Les joueurs ayant déjà entendu parler de mode garde et de points d’action devraient donc se sentir comme chez eux.
Outre la redondance, même si elle est bienvenue, s’impose la question de l’originalité. Celle qui donne envie de favoriser un titre par rapport à un autre. Dans le cas de Gears Tactics, il semble que ce soit sa faculté à s’approprier l’identité de la série qui fasse la différence. L’aspect gore, le côté invasif des Locustes, les spécificités de l’arsenal ou encore des mimiques dans les animations... tout est là, mais traité avec brio pour correspondre à un nouveau public. Le titre s’avère être le trait d’union parfait qui parlera autant aux fans des Gears qu’aux habitués de la tactique.
Pour un titre à la croisée des chemins, il faut avouer que la boucle de gameplay est relativement simple. Il s’agit pour l’essentiel de déployer une à quatre unités pour aller fracasser du Locuste à grands coups de Lanzor. Les objectifs sont eux aussi relativement basiques. La plupart du temps, il faudra tuer tous les ennemis ou récupérer hommes ou objets, puis évacuer le plus vite possible. Il n’y a pas plus de fioritures que cela : hormis la composition de votre équipe et la gestion de l’équipement que vous débloquez à la fin de chaque mission (et en récupérant des caisses sur le terrain), il n’y a pas énormément de choses sur lesquelles vous concentrer. Un mal pour un bien quelque part, puisque pour un jeu qui prône la tactique, genre reconnu pour être obscur en général, Gears Tactics est plutôt du genre accessible.
Une qualité qui se ressent aussi en pleine bataille au moment d’observer l’interface. Dans le genre clean, elle se pose là avec toutes ses informations pertinentes pour une prise en main efficace qui conviendrait même à un néophyte. Le titre est un si bon conseiller qu’il est presque impossible de se perdre dans le déroulement des évènements, même en le faisant exprès. De la même manière, pas de détails superflus dans les informations que nous donne le jeu. Les intitulés des techniques et des statistiques sont toujours courts et exhaustifs. Dans le même esprit, cette production a évité de se tourner vers des mécaniques alambiquées qui auraient pu transformer le titre en un casse-tête beaucoup plus lourd. Nous devinons chez Gears Tactics un sens aigu de l’optimisation et du confort d’utilisation que nous ne pouvons que valider.
Opération séduction
Peut-être en doutez-vous, mais simple et accessible ne veulent pas pour autant dire fade. En dépit des efforts consentis pour être mis entre toutes les mains, les joueurs qui veulent de la profondeur vont en avoir pour leur argent. Gears Tactics est capable d’aller loin dans la réflexion et son système de classe le prouve à la perfection. Chacune des cinq catégories de personnages a son arme attitrée (ainsi qu’un pistolet et des grenades/sprays de soin), mais elles possèdent en plus un arbre de talent à quatre branches assez complet qui vous fournit compétences et buffs passifs à la pelle. Notons d’ailleurs que le jeu est généreux avec le nombre de compétences que chaque personnage est capable de réaliser.
Ce morceau de révolution est une exécution tout ce qu’il y a de plus sommaire.
Plus important encore : la diversité. Les quatre branches offrent des améliorations sensiblement différentes pour une même classe si bien que certains personnages deviennent méconnaissables. Vous pourrez par exemple spécialiser vos unités lourdes en démolition ce qui donnera à leurs tirs des capacités explosives en plus de faire d’elles des champions de la grenade. Pour sa part, l’option défenseur fera d’eux des murs infranchissables en mode vigilance. Il devient peut-être inutile de le préciser à ce stade, mais le design des classes est au top. La cerise sur le gâteau, c’est l’équipement, avec des composants d’armes et d’armures interchangeables entre tous les personnages, sauf en ce qui concerne l’arme principale. Là encore, il y a du choix et beaucoup de possibilités pour ceux qui veulent aller dans le détail.
S’il fallait encore vous convaincre de la richesse de Gears Tactics, le plus simple serait de vous parler des maps. Le level design du titre fait honneur au genre avec des cartes larges qui invitent à l’exploration. Nous n’allons pas vous faire croire que vous êtes là pour le tourisme non plus. En dehors des caisses d’équipement et des objectifs, il n’y a pas grand-chose à voir. Le véritable intérêt de ces cartes étendues est d’exprimer votre créativité lors des déploiements. Un petit bonus qui va de pair avec un environnement soigné qui donne envie de le regarder. Un joli panorama gâché en partie par la présence des Locustes. Les barbares à la peau blanche compensent cette intrusion avec un roster plein de challenge. Entre vagues d’ennemis incontrôlables et fusillades rangées, le bestiaire de Gears Tactics a de belles surprises en réserve pour faire sortir de votre zone de confort.
Et au milieu de tout cela, il y a ces petites innovations qui changent la face d’un jeu. Le genre de détails qui rend le titre incontournable avec simple idée. Ici, ce morceau de révolution est une exécution tout ce qu’il y a de plus sommaire. Dans le cadre d’un jeu Gears of War, cette fonctionnalité relève presque du génie tant elle transmet parfaitement l’univers violent et cru de la licence. Les développeurs ont mis le paquet en plus du reste : cinématiques, zooms, morts affreuses, hémoglobines… tout est là pour nous mettre dans l’ambiance. Le plus fort avec les exécutions, c’est qu’elles ont un impact majeur sur le déroulement des parties. L’exécuteur donne en effet 1 point d’action à chacun de ses coéquipiers. Le bénéfice est tout simplement énorme et, croyez-nous, vous allez vouloir couper des têtes dans ces conditions. Plus qu’une fonctionnalité pour la forme, les exécutions sont un moteur qu’il convient de maîtriser le plus tôt possible pour domestiquer le champ de bataille.
Liste de doléance
Puisque nous en sommes aux détails qui comptent, il est temps de vider notre sac sur les petites choses qui nous ont froissés. La première d’entre elles est la tendance de Gears Tactics à être dirigiste. La campagne nous impose par exemple la réalisation de plusieurs missions secondaires pour reprendre le cours de l’histoire. De quoi meubler plusieurs heures facilement pour les développeurs. Notez qu'il faut 25/30 heures pour arriver au bout du tunnel. Autre exemple : impossible de réinitialiser les points de talents de nos personnages quand bon nous semble. Il faut pour cela débloquer des jetons spéciaux qui s’obtiennent au fil de la campagne. Un principe un peu bancal au final puisqu’il suffit de recruter un personnage de mêmes classe et niveau pour réattribuer les points comme vous le souhaitez. Le fait que les armes principales soient cantonnées à des classes précises a également été une source de déception puisque le jeu aurait encore gagné en richesse avec un brin de flexibilité en plus.
Gears Tactics n’a malheureusement pas été épargné par les bugs. Du plantage de script aux bugs de collisions, nous avons eu un bel éventail de problèmes, mais heureusement en faible nombre. Si vous cherchez la petite bête, nous pouvons aussi vous parler des erreurs de traductions que nous avons vues çà et là. Le plus gros souci à nos yeux est cependant le recyclage que s’est accordé à l’occasion le titre. Au cours de plusieurs missions secondaires, Gears Tactics nous a sorti les mêmes cartes et parfois les mêmes objectifs. Le terme « rejouabilité » a visiblement été pris au sens littéral. C’est vraiment parce que le jeu est bon dans son ensemble que nous pouvons lui pardonner cette erreur qui rend les entractes scénaristiques un peu monotones.
Au risque de paraphraser la ligne d’avant, Gears Tactics est une réussite globale. Le genre de jeu qui vous permet de vous familiariser avec la tactique au tour par tour ou bien de vous faire connaître l’univers de Gears of War. Et si vous aimez les deux, bravo ! Vous venez de trouver votre prochain jeu de chevet dont le contenu est à la fois riche, propre et teinté d’une personnalité forte. Et s’il n’est pas parfait, nous sommes sûrs qu’il est voué à se faire une place chez de nombreux gamers.
- Gameplay tactique solide
- Accessible pour tous
- Bestiaire de qualité
- Tonnes d'équipements et de compétences
- Maps ouvertes
- Classes bien designées
- Les exécutions
- Des bugs
- Le recyclage de maps et objectifs
- Un peu dirigiste
- Armes principales limitées aux classes