Le retour de l'action à la Michael Bay

Créateur de la franchise en 2003, Infinity Ward est surtout connu pour la trilogie Call of Duty: Modern Warfare, qui a su redonner un vent de fraîcheur aux jeux de tir à la première personne en misant tout sur le spectaculaire, avec de l'action scriptée et des niveaux très dirigistes. Une recette décriée, mais qui fonctionne. Les opus Ghosts et Infinite Warfare n'étaient pas du même acabit, le Call of Duty: Black Ops IV de Treyarch ne comprenait pas de campagne solo, et Infinity Ward promettait avec Call of Duty: Modern Warfare un reboot plus sombre qu'à l'accoutumée, sans pourtant être politique. Réellement ?

Infinity Ward a retrouvé son talent d'antan pour proposer une campagne solo particulièrement efficace.

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Ne passons pas par quatre chemins, Call of Duty: Modern Warfare est politique, c'est un fait. Le titre nous emmène dans plusieurs régions du monde afin de contrer une organisation terroriste, Al-Qatala, qui aurait volé un gaz mortel en vue d'une attaque imminente. Le groupuscule est basé en Urkzistan (pays fictif du Moyen-Orient) et étrangement lié au général russe Barkov. Un scénario très ancré dans le réel et le terrorisme islamiste actuel, qui frappe parfois très fort avec des séquences violentes et choquantes, comme un attentat à Londres en début de jeu. Des moments gênants, car si Call of Duty: Modern Warfare veut être sombre et adulte, l'écriture n'est pas à la hauteur, et les motivations de la plupart des personnages restent troubles, avec le sentiment de retrouver le scénario manichéen d'un film d'action standard, avec les gentils Américains d'un côté et les méchants Russes de l'autre. Le tout ponctué de fosses communes, de civils morts, de résistants pendus, d'enfants assassinés, ce qui donne à ces séquences « choc » un côté voyeur et presque faussement choquant.

Montrer les horreurs de la guerre, d'accord, encore faudrait-il que le message véhiculé par le scéanario suive cette idée. Le propos est cependant nuancé grâce au personnage de Farah, résistante d'Urkzistan qui se bat pour la liberté de son pays, occupé par la Russie, et qui bénéfice d'un soin tout particulier en matière de caractérisation, chose que nous aurions aimé voir pour les autres protagonistes comme le général Barkov, aux motivations expédiées en deux lignes, voire pour le Capitaine Price, présenté comme le sauveur du monde. Car oui, si les Américains font des crasses, ils restent les héros de cette histoire, intervenant dans des pays qui ne les concernent pas forcément.

Mis à part les soucis d'écriture qui font de Call of Duty: Modern Warfare un CoD comme les autres, il faut bien avouer qu'Infinity Ward a retrouvé son talent d'antan pour proposer une campagne solo particulièrement efficace. Des moments forts, il y en a tout au long des 14 missions qui composent ce mode, avec des scènes scriptées intenses, des séquences d'action haletantes, des phases d'infiltration qui mettent en avant les lunettes de vision nocturne, renforçant le côté réaliste du jeu, ou encore des phases plus passives, servant davantage l'histoire que le gameplay. S'il y a bien quelques moments où le rythme est moins soutenu, il est clair que la campagne de Call of Duty: Modern Warfare fait fort, et propose une bonne introduction à ce reboot. Malheureusement, le générique de fin arrive après six heures de jeu, c'est toujours aussi court.

Le changement (dans le gameplay), c'est maintenant

Ces quelques heures servent tout de même à se familiariser avec les nouveautés dans le gameplay, à commencer par la possibiliter de s'appuyer contre des surfaces (murs ou rebords), « fixant » l'arme à la paroi pour grandement améliorer la stabilité des tirs, au détriment de la mobilité.

Loin d'être moche, le titre ne brille pas pour autant par des visuels impressionnants.

De même pour la possibilité de recharger son arme tout en continuant de regarder dans le viseur, une animation très réaliste et crédible, qui fait son petit effet. Plus le scénario avance, et plus le joueur a accès, à des moments précis, à des gadgets destructeurs qui font office de tutoriel aux killstreaks du mode multijoueur, une manière ludique de découvrir le pointeur laser pour demander un soutien aérien, ou de contrôler un avion surpuissant, façon AC-130, chose qui arrive rarement en ligne.

Concernant la partie graphique, eh bien Call of Duty: Modern Warfare est très banal. Loin d'être moche, le titre ne brille pas pour autant par des visuels impressionnants, c'est propre, sans plus. Le jeu bénéficie quand même de jolis effets de fumée et de particules, de flammes très réalistes et de visages bien modélisés, surtout pour les personnages principaux. Du côté des cinématiques, là c'est en revanche une vraie réussite technique, c'est extrêmement beau, dommage que ces vidéos rament lorsque que le jeu est affiché en fenêtré, il faut passer en plein écran pour pleinement profiter de ces cinématiques. Enfin, le jeu bénéficie d'un doublage en français de très bonne facture (avec un nouvel acteur pour le Capitaine Price), même si la version originale en anglais reste quand même supérieure dans le ton des voix des acteurs.

Haut les cœurs, les campeurs !

Bien évidemment, ce que la plupart des joueurs attendent d'un Call of Duty, c'est un multijoueur solide, avec des modes nombreux et variés et des cartes bien équilibrées pour s'amuser pendant des dizaines d'heures. Mais pour le coup, ce Call of Duty: Modern Warfare est très imparfait.

C'est la fête pour les campeurs.

Infinity Ward n'a pas chômé et propose ainsi 21 cartes au lancement (dont quatre de nuit), un très gros chiffre, mais ces maps ne sont pas toutes idéales. Les développeurs ont voulu changer la recette du multijoueur, avec des environnements bien plus grands, emplis de bâtiments dans lesquels il est possible de se cacher, ne facilitant pas le travail des rushers, pourtant nombreux à apprécier les petites cartes nerveuses. Non, ici, c'est plus réaliste, il faut prendre son temps dans les croisements, l'amélioration de combat Silence de Mort (différent des atouts) ne réduit pas tous les bruits de pas, même accroupi, et il faut moins de balles que d'habitude pour tuer un adversaire. Dès lors, eh bien c'est un peu la fête pour les campeurs, qui peuvent rester un moment au même endroit sans être délogés, d'autant que les fusils de sniper sont très puissants. Il faut également noter un étrange rendu concernant le contraste de l'image, qui permet de se cacher dans des zones sombres et d'être ainsi très difficilement visible par les adversaires en extérieur. Même si les lunettes des fusils de sniper scintillent, il arrive souvent de se faire tuer par un ennemi campant dans un bâtiment, donc un lieu faiblement éclairé, sans même le voir lorsqu'il tire avec un simple fusil d'assaut. Frustrant, d'autant plus que la mini-map n'affiche plus les tirs, il faut regarder une boussole horizontale en haut de l'écran qui indique la direction du bruit, ce qui n'aide pas à se repérer.

Alors bien évidemment, pour vraiment s'amuser et ne pas rester toute la partie à camper dans son coin, il vaut mieux éviter le Match à mort par équipe, et se tourner vers d'autres modes. Pour le coup, Call of Duty: Modern Warfare n'est pas avare, avec du classique, comme la Recherche et Destruction, le Quartier Général, la Domination et de la Mêlée générale, et même du MME ou de la Domination à 20 joueurs. Un nouveau mode en 6 vs 6 fait quand même son apparition, la Cyberattaque, mélange entre R&D, Capture de Drapeau et du CS, où une bombe IEM est posée au milieu de la carte. Les équipes doivent la récupérer, puis l'activer dans la base adverse, et enfin la défendre. Un mode tactique et coopératif intense, bien équilibré et qui permet de profiter d'un suspense efficace. Pour le coup, c'est une réussite. Autre point qui fait mouche, les cartes de nuit, proposant aux joueurs d'équiper les lunettes de vision nocturne pour une tout autre ambiance, très réaliste. Ici, les joueurs peuvent détruire quelques sources lumineuses, mais également activer ou désactiver le courant pour surprendre les ennemis, une bonne idée pour reprendre un point en Domination par exemple.

Les joueurs voulant de l'action nerveuse peuvent également se tourner vers le mode Escarmouche, opposant deux équipes de deux joueurs sur de très petites cartes, avec un équipement pré-défini. Une idée intéressante sur le papier, parfois réussie, mais souvent frustrante, il est aisé de tomber contre un duo bien trop fort et d'avoir un équipement pas forcément adapté à ses habtiudes de jeu, de quoi passer une très mauvaise partie. Un mode à faire avec des amis, absolument. À noter également la présence (bien cachée) de modes Hardcore en MME, Cyberattaque, Domination, R&D et QG. Il faut filtrer les modes, et surtout changer la catégorie pour y accéder, ce n'est pas évident, mais les joueurs peuvent enfin retrouver ces modes très exigeants, sans mini-map, sans kill cam, au team kill activé et ne demandant que peu de balles (encore moins qu'en classique) pour tuer un adversaire. Sinon, le mode Réalisme est là pour simplement désactiver l'ATH, sans influer sur les dégâts ou les TK. Cependant, gros point noir à ne pas oublier, le mode Élimination confirmée est absent de la liste, il n'est jouable en Partie privée. Un mode qui demande pour rappel de passer sur le corps d'un ennemi pour obtenir un point, incitant au rush et non à la camp, mais cela ne semble pas être l'objectif prioritaire des développeurs...

La coopération, ce n'est pas son fort

Enfin, Infinity Ward a beaucoup insisté sur le mode Guerre terrestre, où deux équipes de 32 joueurs s'affronter sur trois cartes bien plus grandes que les autres, afin de contrôler des zones marquées par des drapeaux.

Un mode Guerre terrestre qui peine à convaincre.

Oui, c'est clairement inspiré de Battlefield, mais Call of Duty: Modern Warfare a oublié quelques fonctionnalités pourtant essentielles dans ce mode pour rendre l'expérience totalement plaisante. À commencer par l'impossibilité de donner des indications à son escouade, que ce soit via des ordres ou un système de ping (même présent dans les Battle Royale), ce qui rend les opérations très chaotiques et désordonnées, sans esprit d'équipe. Rien de bien neuf pour un Call of Duty où tout le monde a l'habitude de foncer dans tous les sens, mais pour cet opus se voulant réaliste avec un tel mode de grande envergure, c'est un raté. Les chefs d'escouades sont ainsi inutiles, car il est possible de réapparaître aux côtés de n'importe quel équipier de l'escouade, et rajoutez à cela des véhicules à la maniabilité ratée et vous avez là un mode Guerre terrestre qui peine à convaincre, surtout lorsqu'il est comparé au mode Conquête des Battlefield. Au moins, le level design est cette fois intelligent et offre une grande liberté d'action aux rushers ou campeurs, pour varier les plaisirs, avec notamment des bâtiments très en hauteur.

Et le mode Zombies dans tout cela ? Eh bien il est totalement absent de Call of Duty: Modern Warfare, les développeurs voulant proposer ici une expérience réaliste de A à Z, nous avons donc droit à un mode Opérations Spéciales jouable à quatre joueurs, demandant d'accomplir divers objectifs pour venir à bout des quatre missions. Un principe simple, qui demande énormement de coopération et de sang-froid, car rapidement, la difficulté explose avec des ennemis nombreux, résistants et bien équipés, à l'image du cultissime Mastodonte armée de son minigun et de son armure blindée, qui donne du fil à retordre aux joueurs. Il faut ainsi prendre soin de ses équipiers en les relevant le plus possible après une grosse blessure, utiliser l'environnement et des gadgets comme les tourelles automatiques à son avantage et souvent réessayer plusieurs fois la mission avant d'en voir le bout. Mais bon, tout cela ne vaut pas un bon mode Zombies avec des vraies vagues d'ennemis, une carte à découvrir soi-même et des secrets à dénicher.

Call of Duty: Disco Warfare

Nous avons testé ce Call of Duty: Modern Warfare avec une version PC (la configuration est à retrouver en bas du test), malheureusement, il y a quelques soucis techniques à signaler. Outre les cinématiques qui rament en écran fenêtré, il faut aussi compter sur des bugs d'affichage, souvent pas très gênants, comme des cadavres ou des armes tombées qui tremblent sur place.

Cet opus est riche en éléments à débloquer.

Plus problématique, nous avons rencontré dans le mode Guerre terrestre un gros problème avec les textures, arborant des couleurs fluorescentes qui attaquent la rétine, et qui n'aident évidemment pas à la lisibilité de l'action. Seule solution, quitter la partie en cours, c'est vraiment dommage. Concernant le Real-Time Ray-Tracing, eh bien il est extrêment discret, seules quelques surfaces dans la campagne mettent en avant cette technologie, Call of Duty: Modern Warfare est loin d'être une vitrine technique pour cette option visuelle.

Quoi qu'il en soit, cet opus est riche en éléments à débloquer, à commencer par un tas d'accessoires pour armes (viseur, bouche, poignée, crosse), mais également des atouts qui modifient légèrement le comportement de certaines actions. Comme à chaque fois, il faut jouer encore et encore pour grimper des niveaux, pour le joueur et pour les armes, afin de tout obtenir, et réaliser des actions précises (kills, tirs dans la tête, etc.) pour débloquer des camouflages et autres éléments cosmétiques. Il y a même des émotes et des tags. Call of Duty: Modern Warfare ne propose pas de Season Pass, c'est une excellente nouvelle pour les joueurs, la communauté ne sera pas divisée en quelques semaines, il faudra compter sur un Battle Pass, gratuit et Premium, afin d'obtenir des éléments encore une fois uniquement cosmétiques. Une recette qui fonctionne très bien dans les Battle Royale et qui commence à faire son petit bonhomme de chemin dans d'autres titres, incitant le joueur à lancer quelques parties régulièrement. Pour l'instant, le Battle Pass n'est pas lancé, les objets à débloquer sont comme dans les autres CoD (armes, accessoires) afin qu'un maximum de joueurs puissent obtenir son équipement de base, il faudra attendre quelques semaines avant de découvrir cette fonctionnalité. Enfin, sachez que le titre est jouable en cross-play entre les versions PC, PlayStation 4 et Xbox One, et que la progression est sauvegardée via son compte Call of Duty, permettant de retrouver son équipement même après un changement de plateforme.

Call of Duty: Modern Warfare est loin d'être un épisode qui réussit ce qu'il entreprend sur toute la ligne, et pour un reboot d'une saga phare de la franchise, nous étions tout de même en droit d'en attendre un peu plus. Si la campagne est divertissante, nous sommes loin d'avoir un scénario sombre et vraiment adulte, Infinity Ward se contentant de balancer des séquences chocs sans pour autant accompagner le tout d'une vraie réflexion sur la géopolitique actuelle. Reste les modes multijoueurs et coopératifs, qui changent la manière de jouer (adieu le rush, bonjour la camp) et qui arrivent à proposer de vraies sensations fortes. Si le mode Escarmouche est frustrant, il séduira un certain public voulant des affrontements rapides, tandis que Guerre terrestre reste un mode intéressant, malgré ses défauts. Heureusement qu'il y a la Cyberattaque et les modes Hardcore pour les joueurs qui aiment le défi.

Note : test réalisé sur un PC Gamer Cybertek Level 9 équipé d'une RTX 2080 Ti, d'un i9-9900K et de 32 Go de RAM.

	Amaury M. (Clint008) Rédacteur PC - Testeur
	Explorateur de musique plus ou moins bruyante, collectionneur de casquettes et vénérateur de Blade Runner. J'aime les zombies et Cthulhu.
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