TEST - Bloodborne : le digne héritier des Souls

Une nuit de chasse dans une ville devenue maudite, c'est par là que tout commence. Les habitants, si tant est qu'il y en ait encore, se cloîtrent chez eux et n'ouvrent à personne, pas même à ceux qui veulent débarrasser les rues du Mal qui les ronge jusqu'à la moelle, ne laissant que des âmes en peine et en quête de renouveau. Dans cet enfer réel, ce cauchemar éveillé, un Chasseur - ou une Chasseuse -, guidé(e) par une poupée et un vieil homme en fauteuil roulant, va tenter de livrer un ultime combat contre les viles créatures qui sévissent un peu partout, tout en perçant un mystère des plus entiers concernant la vraie nature de cette chasse en forme de puits sans fond.

From Software n'a pas lésiné sur les moyens.

Si minimaliste, si peu expliqué et si peu narré soit-il, le scénario de Bloodborne parvient quand même à s'installer et à nous impliquer. Comment ? En plongeant les aventuriers les plus avertis dans une atmosphère lugubre, gothique et cradingue, qui suinte la mort et le sang dans les moindres recoins. Pour ainsi dire, la direction artistique est une franche réussite, en mode conte horrifique façon Van Helsing. Elle déverse, telle une pluie d'hémoglobine, un bestiaire aussi beau à admirer (les développeurs étaient très inspirés) que moche à s'en créer des sueurs froides (des corbeaux avec une tête de chien, des chiens avec une tête de corbeau). Il y a une vraie ambiance malsaine dans cette production signée From Software et elle est notamment aidée par des graphismes ô combien agréables à regarder.

Pour faire simple, From Software n'a pas lésiné sur les moyens en multipliant les effets visuels éclatant la rétine (arcs électriques, feux, lumières, étincelles, brume, etc.) et en misant sur la variété des environnements (cathédrale, église, bois, marécages, châteaux, falaises, mondes parallèles...). Sombre d'apparence, Bloodborne est en réalité très, très garni, tel un plat empoisonné qui enivre puis étreint jusqu'au funeste destin. C'est parfois très alambiqué, sauf que l'architecture des lieux s'avère très logique, tellement logique que nous nous y perdrions. D'ailleurs, nous nous sommes perdus... Malheureusement, cette générosité a un prix : techniquement, nous ne sommes clairement pas au Pays des merveilles, bien qu'Alice s'y retrouverait bien au vu des excentricités. Plus concrètement, le framerate n'est pas toujours constant et quelques chutes sont à prévoir. Plus dérangeants, les temps de chargement en l'état, mais cela devrait être corrigé, sont hyper longs et nombreux (à chaque changement de zone). Pour sûr, ils rendent les morts encore plus énervantes.

Côté bande-son, les compositeurs s'en sont donné à cœur joie également, en balançant les chœurs, justement, pour mieux nous oppresser. Vous aviez toujours cauchemardé à l'idée de vous balader avec des cris de douleur et des bruits de craquement tout autour de vous ? Eh bien, Bloodborne, c'est cela, rappelant presque les survival-horror les plus flippants. Un pur orchestre lugubre, avec des voix françaises pour ceux qui détesteraient la langue de Shakespeare.