DOSSIER - JAPAN EXPO 2017 : Quand GamerGen.com lâche une psy en totale immersion dans l'arène !

Je rencontre David, 26 ans qui vient de Bretagne, où il habite dans une petite ville. Il est habillé de ses plus beaux apparats de pirate et, comme je ne reconnais pas son personnage, je lui demande timidement alors qui il incarne, parce qu’après tout, quoi de pire pour un cosplayer que son costume ne soit pas reconnu ? Il semble un peu gêné, mais il me répondra assez rapidement ne pas avoir envie de se cloisonner dans quelque chose de préexistant. « C’est l’esprit même du cosplay que de pouvoir ne pas s’enfermer dans une petite boîte ! », me dira-t-il. Pour lui, il est important de garder sa liberté et de pouvoir créer son personnage de toute pièce. Le lendemain, je le recroiserais d’ailleurs dans un costume autre qu’il qualifie lui-même de « medieval fantasy ». Pour lui le cosplay, c’est le point central de sa vie, comme un axe autour duquel tout tourne. Ancien forestier, il veut devenir forgeron et, pour lui, tout est artistique et cohérent dans ses activités de cosplayer, de la création du costume à l’incarnation théâtralisée, au design. Depuis petit, il dit être attiré par les armes, leurs mécanismes surtout. Il fait d'ailleurs partie d’une association qui pratique l'air soft, forme de jeu de rôle grandeur nature qui utilise des pistolets à air comprimé tirant des billes de plastique. Un jouet pour lui, un substitut aux armes à feu confisquées dans le Japon d’après-guerre. Ses activités ont pour objectif de récolter des fonds pour l’association de son ami dont le fils est atteint de mucoviscidose. Ce sont donc la générosité et la cohérence qui qualifient notre personnage qui trouve dans ces autres incarnés des figures plus affirmées, plus sûres d’elles qu’il ne parvient pas à être dans sa vraie vie, mais surtout un étendard pour faire coexister ses passions et ses actions bénévoles.

Dans les couloirs, je croise un regroupement d’Assassin’s Creed. Je me dis que ceux-là n’ont pas été très originaux à tous porter le même costume, puis je m’approche pour poursuivre mon étude, qu'il serait presque possible de qualifier d’anthropologique. « Bonjour les gars ». Dissonance de réponses, quelle surprise, pas un ne parle la même langue. Ils m’annoncent qu’ils viennent tout juste de se rencontrer, l’un d’entre eux venant même d’Islande. Le même costume faciliterait l’établissement du lien social. Ce n’est d’ailleurs pas seulement une question de costume ni de langue, car selon eux « ici, c’est un endroit où il est tellement plus facile de communiquer ».

Gloria Gaynor ou l’occasion de parler de névrose ou plutôt de « catalyseur névrotique ». Le concept est nouveau, il vient de naître, j’en assure la maternité à travers ce que j'ai rencontré dans cet incroyable endroit.

Ce que me confirment Lucie et Gisèle qui se promènent avec un Jack Sparow plus vrai que le faux… Bon,  je repars avec lui et laisse nos amies à leur expérience costumée. Sur le chemin, après avoir croisé quelques personnes travesties autant que cosplayées, je m’interroge. Le cosplay facilite-t-il le pouvoir de se travestir librement sans qu’il soit question de perversion sexuelle ou que cela choque le regard des autres ? Le cosplay, c’est donc aussi cela, un endroit où il est possible d'être, à un instant donné, tout ce que nous sommes sans crainte de jugement ou de mauvais accueil. « Je suis ce que je suis », ce qui, une fois traduit en anglais, pourrait presque donner un tube de Gloria Gaynor. Gloria Gaynor ou l’occasion de parler de névrose ou plutôt de « catalyseur névrotique ». Le concept est nouveau, il vient de naître, j’en assure la maternité à travers ce que j'ai rencontré dans cet incroyable endroit.