TEST - Thief : un jeu qui n'est que l'ombre de lui-même ?

La Cité est en pleine déliquescence. Un an après un vol qui a mal tourné, Garrett, le maître-voleur, ne sait plus vraiment où il en est. Il se souvient juste d'avoir perdu son amie Erin. Depuis, la Grisaille s'abat sur la ville comme la peste et le Baron en a profité pour prendre le contrôle et instaurer un climat de torpeur dans les rues. Le but est de redonner vie à la Cité, mais Garrett, qui resurgit du passé, sait très bien que quelque chose se trame dans l'ombre...

L'histoire passe en coup de vent. Un peu comme Garrett.

De loin, l'univers de Thief est alléchant. De près, c'est à moitié vrai. Si l'atmosphère de la Cité est plutôt réussie, avec ses habitants qui ne savent pas de quoi le lendemain sera fait et ce climat tyrannique qui fait froid dans le dos, l'intrigue est loin d'être emballante. Sans doute parce qu'elle est mal emballée... Pour ainsi dire, la narration ne met pas très bien les enjeux dramatiques en avant, ce qui ne donne pas vraiment envie d'en découvrir plus ou de creuser ce fameux univers si attractif. Il faut dire aussi que Garrett n'est pas le plus charismatique des personnages (il manque de personnalité) et n'aide pas vraiment le joueur à suivre le déroulé du scénario avec attention. Conséquence, l'histoire passe en coup de vent. Un peu comme Garrett.

En outre, il est difficile de faire abstraction des lacunes techniques que traîne Thief. Encore une fois, la direction artistique est réussie - c'est à elle que nous devons cette ambiance particulière - mais elle n'est pas venue seule. Entre les temps de chargements longs et intempestifs, les nombreux bugs nuisant parfois au game design (téléportation d'ennemis, ralentissements, collisions aléatoires, etc.) et le manque d'entrain visuel (textures bif bof, aliasing, visages peu expressifs), le titre d'Eidos Montréal déçoit. Heureusement, il y a cet excellent travail sur le jeu d'ombre et de lumière, ou encore la variété des environnements (bordel, asile, manoir, donjon). Mais ce n'est pas suffisant pour en prendre plein les mirettes.

Côté son, ce n'est pas beaucoup mieux puisqu'il y a un vrai problème de volume sur certaines voix. Parfois, il faut alors tendre l'oreille pour écouter les dialogues entre Garrett et ceux qui l'aident/l'affrontent. Quant aux musiques, elles se veulent discrètes pour coller au genre, en sachant qu'elles s'emballent quand le héros est repéré. Logique. Et le sound design ? Il est tout juste passable, car manquant de variété (hormis des bouts de verre pouvant trahir nos pas, il n'y a pas grand-chose à se mettre sous la chaussure).