TEST - The Last Guardian : 30 millions d'amis

La narration se nourrit de la relation entre Trico et le petit garçon ? Eh bien le gameplay également. En effet, l'expérience s'articule autour de la solidarité offerte par le duo reposant sur la communication homme/animal. Tout au long de l'aventure (10/15h), énigmatique et mystique, leur lien ne cesse d'être plus fort. Cela se traduit par des débuts un peu craintifs de part et d'autre, jusqu'à une complicité sans faille. L'évolution de la prise en main s'en ressent directement et il ne faudra pas trop s'agacer de voir la créature n'en faire qu'à sa tête par moment, la faute à son instinct sauvage. Cela fait, à priori, partie du difficile apprentissage, quitte à agacer les plus impatients. Un peu comme si l'enfant devait d'abord dompter la bête avant de pouvoir en faire son animal de compagnie à part entière (il faut le nourrir, de fait). De là naît la complicité, dont nous sommes directement les spectateurs, puis, indirectement, les invités.

La satisfaction, toujours, de voir un duo naître devant nos yeux embués, et la frustration de constater que le concept même de l'animal sauvage ne fonctionne pas toujours comme nous le voudrions.

Ce qui est difficile, en outre, c'est de constater que le développement chaotique a donné naissance à des stigmates posant parfois problème dans le gameplay. Tantôt lourdingue et rappelant les déplacements d'Ico (le corps passe toujours au travers de la chaîne) et de Shadow of the Colossus, The Last Gardian sent clairement le titre passé par tous les états, y compris celui de l'abandon. De fait, il conviendra de ne pas toujours être regardant sur certains éléments, dans le sillage des sauts imprécis. Ou, plus problématique, de la caméra qui part parfois dans tous les sens, surtout quand le héros doit grimper sur Trico, ce qui arrive assez souvent. Ces défauts, couplés au comportement aléatoire de la bestiole (un modèle de programmation dans ses réactions face aux sollicitations extérieures), sabotent parfois le plaisir. Une donnée à prendre en compte.

En qualité de puzzle-platformer, l'exclusivité PS4 manie l'art de l'observation, de l'exploration et des mécanismes à trouver pour continuer à avancer. Et ce sera souvent l'association improbable entre les deux personnages qui en est la clé, les faiblesses/peurs/la petite taille/l'intelligence de l'un étant compensées par les forces/le courage/les aptitudes de l'autre - et vice versa. À ce sujet, force est de déplorer que le level design n'est pas toujours très clair et que les indices pour tracer notre route sont parfois un peu trop dilués, accouchant de situations où la solution tient dans le hasard. Un stigmate de plus. À contrario, les phases d'action, des combats face à des armures magiques, ne poseront de souci à personne, Trico s'occupant de tout (à noter la référence à Ico quand le garçon se fait prendre et emmener).

The Last Guardian se veut donc comme un savant mélange de tout : la satisfaction, toujours, de voir un duo naître devant nos yeux embués, et la frustration de constater que le concept même de l'animal sauvage ne fonctionne pas toujours comme nous le voudrions. Cela revient à dire que le jeu de Fumito Ueda a les défauts de ses qualités, ce qui pourra en dérouter plus d'un. Mais il faut se souvenir d'une chose : Ico et Shadow of the Colossus avançaient de sacrés griefs à leur époque et ils ne les avaient pas empêchés de devenir cultes.