The Quiet Man : Après la mise à jour Answered, The Quiet Man a-t-il réussi à redresser la barre ?
Avec The Quiet Man, Square Enix a pris des risques. L'éditeur nous propose en effet une aventure dans laquelle nous suivons un héros sourd, qui va enquêter sur l'enlèvement d'une jeune chanteuse qui semble lié au décès sa mère lors de son enfance : tous les dialogues sont ainsi inaudibles et non sous-titrés. De surcroît, l'expérience mêle des séquences de gameplay 100 % action avec des prises de vue réelles et des cinématiques, pour un résultat qui se veut cinématographique. Et, chose rare, un patch permettra étrangement de redécouvrir l'aventure Alors, pari réussi ?
Sans son, The Quiet Man n'a aucun intérêt.
DIEU QUE NON. Mais par où commencer ? Difficile de décrire le loupé qu'est The Quiet Man sans avoir posé la main dessus, mais nous allons faire au mieux. Qu'est-ce que ça raconte ? Honnêtement, nous ne sommes pas sûrs d'avoir compris. Après un message d'introduction nous signifiant que la surdité de notre héros fera que les dialogues ne seront ni entendus ni affichés à l'écran, et pourtant après avoir entendu quelques paroles d'un vendeur de hot-dog et d'un loubard, nous nous retrouvons dans une aventure sans bruit, et surtout sans queue ni tête. Bon, d'accord, il y a quelques bruitages et une nappe sonore pour occuper les oreilles, mais rien de fameux. Il y a des gangsters, un meilleur ami qui semble draguer une jeune chanteuse brune, qui ressemble d'ailleurs énormément à la défunte mère du héros. Dans d'incessants flash-back, nous apprenons que le personnage principal a perdu sa génitrice, touchée par balle lors d'un incident avec un malfrat local dans sa jeunesse. Et puis il y a ce mystérieux méchant au masque squelettique aquilin qui va apparaître et enlever la musicienne brune. Et puis il y a encore des gangsters. Et ce héros tête à claque qui ne joue pas bien. Et encore des gangsters. Et nous n'avons pas compris grand-chose avant le « twist » final. Puis nous n'avons finalement rien compris après le « twist » du « twist final ».
The Quiet Man se perd dans son idée principale, celle d'un héros coupé de son monde à cause de sa surdité. Sauf que l'intégralité des scènes ont été pensées et filmées comme si nous étions sensés comprendre les dialogues et les situations en cours, sans quasiment jamais aucun indicateur visuel nous permettant de déceler des pistes de l'évolution de l'histoire. Et d'ailleurs, notre héros blondinet semble comprendre la majorité des discussions, alors pourquoi laisser le joueur en dehors du récit ? Pourquoi celui-ci vient de faire ça ? Et pourquoi ces deux-là s'embrouillent ? Et c'est qui celui avec la queue de cheval ? Ce ne sont clairement pas des plans fixes de plusieurs dizaines de secondes sur des personnages en train de parler qui vont nous aider à comprendre.
L'aventure en tant que telle perd donc totalement de son intérêt, et se permet même de nous narguer à la toute fin avec un écran nous rappelant que la possibilité de jouer avec du son sera débloquée le 8 novembre, et qu'elle devrait nous permettre de percer les secrets du jeu. Mais alors pourquoi venons-nous de nous farcir trois heures à trois heures et demie de jeu si même les développeurs savaient que nous n'allions pas comprendre ?
Certainement pas pour le gameplay abracadabrantesque du titre. Les seuls moments où nous devons prendre la manette sont soit pour nous déplacer de quelques mètres et lancer une nouvelle cinématique, soit pour castagner des adversaires à la chaîne. Nous vous le donnons en mille, le système de combat est à côté de la plaque. Sans aucune indication textuelle, nous apprenons à tâtons qu'une touche est dédiée aux poings, l'autre aux pieds, une troisième aux esquives et, plus d'une heure plus tard, qu'il est possible d'utiliser L2 pour user de sa Concentration pour enchaîner les coups sur une cible et, quasiment à la fin, qu'il est possible de contre-attaquer d'un puissant coup en effectuant une esquive avec le bon timing. Non pas avec de nouvelles compétences, simplement parce que nous n'avions pas du tout compris qu'il était possible de faire tout cela, et que ce sont les descriptifs des Trophées qui nous ont mis au courant. Les animations sont répétitives, les collisions souvent buggées, les esquives ingérables face à plusieurs adversaires, la caméra quasiment fixe rend parfois l'action illisible, les coups doivent être innombrables pour assommer un ennemi, et les combats s'enchaînent à la vitesse lumière pour nous fatiguer au bout d'une demi-heure.
Clairement, nous nous sommes rapidement questionnés sur l'utilité de ce mélange entre gameplay et live-action, tant les séquences de jeu sont inutiles et mal pensées. Le récit n'a pas besoin de cette avalanche de combats, quand bien même il nous aurait apporté satisfaction et plaisir, alors pourquoi ne pas s'être contenté d'un film ? D'accord, les acteurs ne jouent pas toujours bien, mais il y a quand même une esthétique, une façon de cadrer et surtout une lumière qui laissent suggérer un soupçon de maîtrise derrière cette réalisation. De même, les phases de gameplay, non sans défauts graphiques et bugs, et les cinématiques, sont loin d'être moches, tout comme la motion capture, mais ces qualités se font très vite oublier. Nous aurions sûrement préféré que ce récit se contente d'être un long-métrage et ne se mélange pas avec le jeu vidéo, car toutes les phases de jeu sont à côté de la plaque. Nous ne disons pas que le résultat aurait été parfait, ni même correct, mais la pilule aurait probablement été moins difficile à être avalée, et la démarche artistique aurait pu toucher de son but (que nous cherchons encore à cette heure).
Alors, dit comme ça, ça peut faire beaucoup pour un seul jeu, mais rares sont les expériences qui nous ont navrés par leur mauvaise conception avant de finir par nous lasser et carrément par nous énerver. Actuellement sans son, The Quiet Man n'a aucun intérêt, à part peut-être quelques jolis plans en prises de vue réelles et le plaisir malsain de voir une œuvre se planter en direct devant nos yeux. Ses quelques qualités techniques et graphiques sont totalement effacées par ses bugs et son système de combat poussif et répétitif, sa narration sans bruit, mais sans indice visuel frise le ridicule, et le fait de ne pas nous laisser comprendre la majorité de ce qui se passe à l'écran le rend carrément prétentieux.
Rappelons-le, à partir du 8 novembre, il sera possible de rejouer avec du son (et avec une explication narrative ?) pour comprendre les secrets que The Quiet Man cache encore. Même si cela ne gommera pas ses principaux défauts actuels, nous lui laisserons donc une deuxième chance, quelques plans finaux laissant peut-être penser à une deuxième lecture plus intéressante : nous saurons alors si le titre nous a volé plus de trois heures de notre vie pour une pirouette inédite, ou s'il se vautrera une deuxième fois, devenant peut-être un vrai nanar vidéoludique. Dans tous les cas, cette première partie ratée ne pourra jamais être rattrapée, alors bon courage, mon petit.
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