Sekiro: Shadows Die Twice : Un Shinobi s'invite dans nos plateformes, et il n'est pas content. La mort n'est que le commencement !
Y a des hauts, et des bas
Game Awards 2017, le monde découvrait une toute nouvelle licence, un nouvel univers venu tout droit de FromSoftware (connu pour le sublime Bloodborne et les terribles Dark Souls), Sekiro: Shadows Die Twice. Un shinobi mystérieux... Des créatures étranges... Le titre a de quoi émoustiller de prime abord. C'est avec un thermos de tisane à la mélisse que nous nous sommes plongés dans cette aventure alléchante. Verdict ?
Le bestiaire se base sur des Yôkai légendaires tirés des Emaki d'antan.
La partie visuelle de Sekiro: Shadows Die Twice, c'est comme grimper dans un grand huit, quand ça monte, ce n'est pas la joie, mais quand ça descend, notre cœur s'emballe. En d'autres termes, certaines textures sont très sommaires, d'autres sont complètement dingues. Par exemple, différents monstres et autres boss ont eu droit à un soin particulier pour nous amuser les pupilles. Nous pensons plus particulièrement au serpent géant qui a une peau éclatante et sublime. Dans les décors, c'est du basique sans trop pousser, mais nous sentons que les développeurs ont réduit un brin la qualité pour proposer un jeu vivant. Les environnements bougent constamment, les feuilles tombent des arbres, l'herbe s'affole à la moindre brise, c'est vraiment pas mal.
La direction artistique, elle, est folle puisque nous nous promenons dans des lieux s'inspirant du XVe siècle. Le bestiaire est quant à lui très varié et se base sur des Yôkai légendaires tirés des Emaki d'antan pour marquer les esprits, et ça marche. Autre point et pas de moindres, la gestuelle des personnages s’appuie sur la réalité, les divers styles de bujutsu, kenjutsu et autres techniques de combat ; c'est impressionnant ! Parlons maintenant des choses qui fâchent...
L’intelligence artificielle est quelque peu à la ramasse. En effet, nous avons pu admirer des ennemis taper dans le vide, courir contre un mur, sauter d'une falaise... De plus, lorsque deux opposants sont côte à côté, mais avec un champ de vision différent, nous pouvons tuer discrètement un des deux soldats sans que l'autre ne s'en rende compte, puis exécuter tranquillement le deuxième. Nous avons remarqué des bugs de collision avec des ennemis bloqués dans une paroi ou autre élément décoratif, et pour finir, les temps de chargement sont d'une longueur étouffante. Mourir signifie admirer une barre se charger doucement... tout doucement... bâillement.
Et la partie sonore dans tout cela ? Sekiro: Shadows Die Twice joue avec nos esgourdes avec des sons naturels (bruits de pas, de métal, craquement de bois, etc.), l'ambiance est prenante. Des phases plus intenses sont orchestrées par des notes dynamiques qui pulsent nos actions. C'est bien pensé. Concernant le doublage en français, de base, il n'y a pas mieux pour une bonne immersion, mais sincèrement et globalement, c'est très moyen. Ça manque de jeu, de cœur, de passion. Par moment, nous avons l’impression que les doubleurs lisent tout simplement leurs textes, c'est dommage. Cependant, et par défaut, les voix sont en japonais et il faut dire que le résultat est fantastique. De toute façon, il n'y a pas mieux que la langue de Mishima pour vivre un périple tel que celui-ci.
La suite spirituelle de Tenchu
Dans Sekiro: Shadows Die Twice, nous entrons dans la peau d'un shinobi qui n'a peur de rien, même pas de la mort. La prise en main du guerrier est souple et compréhensible de tous ; il suffit de quelques secondes pour assimiler comment se déplacer, attaquer et se défendre. Ici, il ne suffit pas de rentrer dans le tas pour arriver à ses fins, non, il faut remuer ses méninges, anticiper et analyser pour progresser avec un minimum d'aisance. Et pour cause, FromSoftware joue sur le côté réaliste en plein affrontement pour bien nous faire comprendre qu'un coup de katana, ça fait mal.
C'est un plaisir de mourir.
Ainsi, nous nous devons de nous dissimuler dans les hautes herbes, de nous coller contre un mur, de nous cacher sur les toits pour surprendre l'adversaire et le trucider en une seule fois. Pour atteindre des hauteurs, nous visons des cibles définies sur des rebords pour user d'un grappin fixé au bras. Notre protagoniste virevolte dans tous les sens et se fond dans le décor, nous devenons une ombre pour les vils garnements environnants. En parlant de virevolter, la caméra est une catastrophe qui s'emballe de temps à autre quand notre cible est verrouillée ; c'est à nous de gérer avec le joystick droit pour retomber sur nos pieds.
En combat, le cerveau chauffe à 100 à l'heure. Lors d'une première approche, nous essayons de comprendre le comportement de l'adversaire en le laissant attaquer ; il faut trépasser au moins une fois pour saisir les points faibles. Tout est basé sur l'observation, nous ne sommes plus un simple joueur, mais devenons littéralement un expert en katana. Il faut donc esquiver les assauts, mais aussi les parer avec son arme. L'objectif ? Trouver une ouverture pour marteler la touche offensive ! En appuyant sur le bouton correspondant à la défense à un timing bien précis, nous repoussons légèrement l'ennemi, petit temps nous donnant alors l'opportunité de lui foncer dessus. Le titre nous pousse à être violents pour ne laisser aucun répit aux démons et autres samouraïs enragés.
Les boss sont brutaux, la barre de vie chute rapidement. En cas de défaite, il est possible de ressusciter pour continuer la bataille. Une autre jauge permet aussi de revenir à la vie, pour la remplir, il faut abattre un maximum de monde avec un coup critique. Par ailleurs, plus nous assassinons, plus nous récupérons de points de compétence qui servent à débloquer de nouveaux mouvements fort utiles ; ne négligez pas les gorges faciles à trancher. Des objets sont éparpillés un peu partout et peuvent être utilisés pour booster notre bras mécanique afin de lui ajouter de nouvelles caractéristiques (armes entre autres). Nos doigts dansent sur la manette, nos nerfs sont mis à rude épreuve, mais l'aspect réaliste des duels nous pousse à continuer et à recommencer, à force, c'est un plaisir de mourir.
Entre réalité et fiction
Dans un pays en plein conflit et après une bataille sans merci, un petit garçon est recueilli, adopté et élevé pour devenir une machine de guerre. Plusieurs années sont passées, il est aux ordres de Miko, un jeune seigneur descendant d'une vieille lignée. Protéger et servir, il ne vit que pour ça. Seulement voilà, un général débarque et enlève notre jeune ami, coupant au passage le bras de notre protagoniste. Il se réveille dans un endroit mystérieux avec une prothèse étrange à la place de son membre. Nous partons à la recherche de notre maître, l’aventure commence...
Taper, contrer, anticiper, tuer et le tour est joué !
L'histoire est simple et se fonde sur des faits réels. Nous sommes en pleine époque Sengoku où les esprits s’échauffent entre les différentes classes sociales. Chose amusante, nous pouvons espionner les conversations de certains soldats in-game, les PNJ se plaignent souvent du système, des décisions prises par les supérieurs, nous sentons un « ras-le-bol » chez certains sous-fifres, « on en a gros » ! Bien évidemment, cette réalité est mélangée à de la fiction puisque des Oni (démons et autres créatures nippones) traînent dans les parages.
Cette odyssée n'est pas aisée, il faut de la patience et des nerfs en acier pour arriver au bout du tunnel. Nous avons achevé la bête en 35 heures environ, en flânant un petit peu, en cherchant de petits secrets par-ci, par-là, en admirant les divers panoramas qui s'offraient à nous. Mais en une trentaine d'heures, la boucle est bouclée, et si vous êtes un habitué des titres de FromSoftware, vous pouvez admirer le générique final au bout de 25 heures. Bref, il suffit de taper, contrer, anticiper, tuer et le tour est joué !
La mort n'est que le commencement !
Le titre est impitoyable, mais c'est tellement bon, qu'il est dur de s'en passer. Mourir est essentiel pour vivre. Malgré les défauts techniques, nous avons là un jeu qui nous charme, nous surprend, nous coupe la respiration, et nous fait grincer des dents.
Mais faisons simple, si vous aimez le Japon, sa culture, son histoire, ses créatures légendaires, si le challenge ne vous fait pas peur, et que vous aimez les duels au katana, alors Sekiro: Shadows Die Twice est sans aucun doute fait pour vous. Nous clôturons donc ces impressions avec un proverbe japonais qui colle parfaitement avec cet univers, « nana korobi ya oki », « tomber 7 fois, se dresser une huitième fois », que nous pourrions traduire en bon français, « on se relève après la chute ».
- Des combats dynamiques se basant sur de vrais mouvements techniques, dingue !
- Des ennemis variés et impressionnants
- Des environnements plutôt vastes à explorer
- Grappin, infiltration, tuer dans l'ombre
- Un univers sonore prenant
- L'évolution de notre personnage
- Plus c'est dur, plus c'est bon
- Une direction artistique démentielle...
- ... mais pas mal d’inégalités visuelles, accompagnées de quelques problèmes techniques
- L'intelligence artificielle, « hey ho monsieur, je suis là ! »
- Quand la caméra s'emballe, rien ne va
- Les temps de chargement après une mort
- Le doublage français, bof bof bof