Petit, petit, petit... Où es-tu ??

À l’heure où la réalité virtuelle est considérée comme une technologie terriblement immersive qui isole cependant du monde qui nous entoure, les jeux asymétriques apportent une nouvelle dimension et des perspectives de gameplay en multijoueur vraiment intéressantes en permettant à plusieurs joueurs d’interagir ensemble sur des supports différents. Panoptic en fait partie et nous avons passé quelques heures en sa compagnie. Voici notre avis.

Vous ne vous serez jamais senti aussi petit et vulnérable.

Dans cette production tirant indéniablement son inspiration du jeu du chat et de la souris, un joueur incarne (en réalité virtuelle) une entité géante et toute puissante appelée Overseer, sorte d’œil monolithique divin que ne renierait pas un certain Sauron, chargé de faire régner l'ordre et traquant tout type de soulèvement de la population. Le second joueur (sur écran classique) baptisé Challenger joue quant à lui le rôle d’un être dissident qui doit échapper à l’œil suprême et détruire les orbes d’énergie qui lui octroient toute sa puissance, dans le but de libérer le peuple de son emprise. Là où le concept devient vraiment intéressant, c’est que ce petit être ressemble trait pour trait à tous les autres de ce monde. Vous l’avez compris, en tant que « superviseur », vous devez trouver et débusquer ce déserteur qui a tout intérêt à se fondre dans la masse pour se jouer de vous.

À la manière d’un enfant observant les insectes qu’il vient de capturer, l’Overseer scrute minutieusement son environnement à la recherche du Challenger. Pour l’aider dans sa recherche digne d’un Où est Charlie, il est capable de détecter par intermittence la piste du déserteur, en révélant des sortes de traces olfactives approximatives laissées à chaque mouvement de celui-ci. Ses capacités ne s’arrêtent pas là, puisqu’il possède aussi le droit de vie ou de mort sur chacun des habitants qu’il est capable d’annihiler d’un seul regard, grâce à un laser à charge lente projeté par son œil implacable. Il peut également compter sur les Watchers, créatures dotées d’un regard perçant et lumineux s’apparentant à des gardiens de prison, traquant sans relâche le renégat. Pour autant, la tâche s’annonce ardue, le Challenger cherchant à se mêler à la foule, à imiter les mouvements de ses congénères et à instaurer le doute dans la tête de l’Overseer. Ce dernier doit donc en permanence rester à l'affût du moindre faux pas de son adversaire : un déplacement suspect un peu trop rapide ou, à contrario, trop statique peut éveiller des soupçons... à moins que vous ne vous fassiez des idées et que ce ne soit, là encore, qu’un simple PNJ... C’est dans ces moments-là que le jeu prend toute sa saveur : faire tourner en bourrique son adversaire est quelque chose de particulièrement exquis, dans ce combat inégal à la David contre Goliath.

En tant que Challenger, notre mission est de détruire les orbes d’énergies lumineux dont l’Overseer tire toute sa puissance. Ceux-ci sont disséminés çà et là dans des niveaux particulièrement bien construits avec, par moment, des environnements nous exposant sans protection au regard du tout puissant. Sous tension permanente, il n’est pas rare d'avoir des montées d’adrénalines lorsque l’Overseer pose son regard solaire sur nous, ignorant parfois même que nous sommes celui qu'il recherche. Vulnérable et minuscule, nous devons garder notre sang-froid en toute circonstance et reproduire au maximum les faits et gestes de la population pour ne pas nous trahir dans ces moments délicats. Lorsque nous sommes pris au piège, une fonctionnalité bien trouvée permet d’appeler ses congénères à se rassembler autour de soi pour noyer le poisson et prendre la fuite en catimini la queue entre les jambes (le face à face avec cette entité gigantesque étant particulièrement intimidant avec notre taille de Minimoy). Et si toutefois l’échappatoire reste impossible, alors nous ne citerons que cette réplique connue : « Cours Forrest ! Cours ! »

The sunshine

Le jeu bénéficie de lumières volumétriques soignées et les balayages du regard de l’Overseer, presque célestes, s’infiltrent autour de chaque élément du décor et participent à l’ambiance oppressante. À cela s’ajoutent des environnements au level design bien construits, nous immergeant dans un univers fantastique rappelant par moment les forteresses ou royaumes souterrains grandioses de la saga de J.R.R. Tolkien. L’échelle des décors est réellement saisissante, la réalité virtuelle parfaitement exploitée et le roomscale naturellement mis à contribution pour augmenter l’immersion. Nous nous retrouvons donc à nous pencher, à nous accroupir, voire à nous mettre à genoux ou sur la pointe des pieds pour observer ces habitants miniatures et débusquer le Challenger. Différentes options permettent d’ajuster le niveau de difficulté à notre convenance. Nous pouvons pour cela modifier le délai de rechargement des capacités de l’Overseer, limiter le nombre d’éliminations possibles, ajuster la durée et la zone de diffusion des traces laissées par le Challenger, mais aussi choisir ou non d’intégrer des Watchers dans les environnements, voire encore d’ajouter un chrono. De leurs côtés, les musiques collent parfaitement à l'atmosphère et restent agréables tout au long des parties.

La Team Panoptes réalise ici un véritable tour de force en misant sur un concept asymétrique parfaitement exécuté, recevant par là même de multiples prix et récompenses lors de son accès anticipé. Stressant ou octroyant un sentiment grisant de toute-puissance, selon le rôle choisi, c’est un jeu avec lequel nous avons pris et continuerons à prendre plaisir à jouer. Quoi de plus sympa que de s’amuser entre amis à la fois en VR et sur une TV, dans une ambiance virant à la rigolade lorsque les choses se corsent. Également Remote Play Together, Panoptic est jouable à distance avec une seule copie, le deuxième joueur ayant simplement à rejoindre la partie de chez lui sans le posséder, mais se limitant par la même uniquement au rôle du Challenger. Si vous voulez revivre la mythique scène de Bilbo et la Communauté, essayant d’échapper au dragon Smaug au cœur du Royaume sous la montagne, c’est le titre qu’il vous faut ! Vous ne vous serez jamais senti aussi petit et vulnérable !

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