TEST - Enemy Front : un FPS pendant la Seconde Guerre mondiale peut-il encore séduire ?

La guerre fait rage à Varsovie, capitale de la Pologne assiégée par les Nazis et s'effondrant sous les bombardements. Cela n'empêche pas le correspondant américain Robert Hawkins de s'assoir à une table, et de raconter son histoire à la radio. L'homme annonce la couleur, il n'est pas un héros, seulement le témoin de la bravoure des résistants de l'Europe entière, et compte bien partager ses expériences avec le reste du monde en contant ces exploits.

Hawkins est véritable guerrier, affrontant des dizaines d'Allemands sans l'aide de personne, détruisant des chars d'assaut à tout va.

Enemy Front se présente donc comme un flashback, où le journaliste partage les expériences qu'il a vécues les semaines précédentes sur les ondes. L'idée est intéressante. Ici, pas de GI américain ou de SAS britannique, mais un simple individu sans histoire, aidé de la population polonaise, que ce soit des hommes ou des femmes. Du moins, c'est ce qui est annoncé. En l'état, Hawkins est un véritable guerrier, affrontant des dizaines d'Allemands sans l'aide de personne, détruisant des chars d'assaut à tout va, ou même une fusée V2. Les autres protagonistes ne servent que de décor, et accessoirement de cibles pour les Nazis, ces derniers ayant tendance à préférer vous tirer dessus. Un problème d'IA qui a été corrigé il y a des années. Alors que la résistance est plutôt nombreuse, elle préfère envoyer le journaliste, seul et inexpérimenté, voler des explosifs dans une zone emplie d'ennemis au lieu de l'accompagner. Une logique qu'il est difficile d'admettre, mais surtout de comprendre dans un titre qui, justement, veut briser les clichés du genre.

Heureusement, il y a le CryEngine 3 ! Moteur de jeu valant le détour pour sa gestion de la lumière, des couleurs, mais surtout des explosions, l'outil est ici utilisé de la même manière qu'un enfant en bas âge utiliserait un pinceau sur une toile blanche : les possibilités sont infinies, mais le manque d'expérience se fait sentir. Certes, les explosions sont plutôt bien réalisées, sans pour autant en mettre plein la vue, mais le reste fait doucement rigoler. Outre un peu d'aliasing et beaucoup de clipping, les textures ne sont pas à la hauteur de ce qui se fait aujourd'hui, les animations faciales sont totalement à l'Ouest, sans parler de la pauvreté des décors, génériques au possible. Détail amusant résumant bien le niveau technique de Enemy Front : le reflet dans la lunette des fusils affiche constamment un paysage verdoyant avec des arbres, même en ville sous les flammes et les gravats. Quelques environnements arrivent cependant à sortir du lot, avec des détails bien pensés, et un level design intelligent, mais le tout laisse une sensation de déjà-vu. Pourtant, avec des niveaux étriqués et des temps de chargement fréquents et longs, il était légitime de s'attendre à mieux.

La bande sonore ne vient pas sublimer le tout. Si les bruitages sont sympathiques et dynamiques, avec une spatialisation des tirs et explosions bien réalisée, les doublages sont mal joués, avec des accents difficiles à discerner. En choisissant la version originale dans les options, tout le monde parle anglais, que ce soit en France, en Norvège ou en Pologne, mais avec une tonalité qui ne correspond pas du tout à leur nationalité. Mais le pire reste les musiques. Elles se divisent grossièrement en deux genres : d'un côté des pistes mièvres, avec quelques notes au piano entendues mille fois, pour les séquences larmoyantes - mais surtout ratées -, et de l'autre des envolées épiques, abusant de cuivres et autres instruments assourdissants. Après quelques minutes à entendre les mêmes rythmiques tourner en boucle, c'est l'overdose.