TEST - Grim Fandango Remastered : la mort vous va si bien

"Désolé de vous avoir fait attendre". Ces mots résonnent dès le lancement du jeu, sans même de menu faisant office d'avertissement, comme un message adressé au joueur qui attendait depuis 17 ans le retour de Manny Calavera, agent de voyage un peu particulier. Son travail, aller à la rencontre des âmes fraîchement décédées pour leur revendre un billet pour le Neuf Express, un train qui les amènera directement au neuvième royaume en seulement 4 heures. Mais tous n'y auront pas droit, et certains partiront à pied pour un voyage qui durera 4 ans.

Grim Fandango est à classer dans la catégorie des œuvres d'art.

Suite à un horrible malentendu, Mercedes "Meche" Colomar, une sainte parmi les saints ayant dédié sa vie aux autres, se voit contrainte de traverser le pays des morts un pied devant l'autre alors que sa place en première classe était déjà réservée. Manny, tombé sous le charme de la belle, se lance sur ses traces pour réparer cette injustice. À ce moment, il ne sait pas encore que son aventure l'amènera à se frotter à une organisation mafieuse digne des polars les plus sombres. Y aurait-il quelque chose de pourri au royaume des morts ?

Sans surprise, le scénario n'a pas changé et rappelle à chaque réplique le soin qui était apporté à la narration des jeux d'aventure de l'époque. Les rebondissements sont nombreux, certaines scènes sont poignantes, et l'ambiance saute allègrement de l'humour noir cocasse à l'ambiance sombre de film noir. Pour ponctuer le tout, les personnages affichent tous un souci du détail et un charisme à réveiller les morts, doublés de la meilleure façon qui soit, y compris dans la langue de Molière. Aucun doute de ce côté, Grim Fandango est à classer dans la catégorie des œuvres d'art.

Mais qu'en est-il de Grim Fandango Remastered, ce remake qui arrive presque 20 ans plus tard ? Les personnages revus avec des textures en haute définition, une bande-son entièrement réenregistrée et quelques options supplémentaires, à commencer par une maniabilité améliorée. Si les joueurs PC peuvent jouir du gameplay à la souris, sur PS4 en revanche la manette est incontournable, et malgré des contrôles relatifs bien plus instinctifs que ceux d'origine, ils restent, combinés à la caméra parfois hasardeuse, souvent problématiques, voire carrément catastrophiques, sans compter que la gestion de l'inventaire n'a pas été améliorée. De quoi rendre la progression dans le jeu parfois désagréable, d'autant que les distances à parcourir sont parfois très grandes, et bloquer sur une transition est souvent frustrant.

Graphiquement, cette nouvelle édition n'est pas transcendante non plus. Les personnages sont plus beaux, les ombres et effets de lumière sont bien mieux gérés, mais les changements s'arrêtent là. Les décors ne bougent pas d'un poil, les animations saccadent parfois, rappelant qu'il s'agit d'un titre des années 90, et les bugs sont nombreux. Il est d'ailleurs dès le début conseillé d'enregistrer fréquemment sa partie, les sauvegardes n'étant pas automatiques. Enfin, le jeu arbore toujours son format 4:3 d'antan, et il est difficile de savoir si le mode 16:9 qui ne fait qu'étirer l'image est une option de simple mauvais goût ou un véritable outrage.

Enfin, pour les véritables fans, le titre contient de nombreuses heures de commentaires audio de l'équipe de développement, entièrement sous-titrés en français. De quoi justifier le prix pour les inconditionnels et apporter au passage quelques indices sur la marche à suivre lors de certains moments difficiles, car Grim Fandango est un jeu à l'ancienne, parfois un peu tiré par les cheveux, avec des énigmes souvent retorses qui demanderont bien des allers-retours et provoqueront quelques calvities prématurées... à moins d'avoir recours à une solution en ligne.