TEST - rain : après la pluie, vient le beau temps

Il fait sombre… La nuit fait peur… Un gentil petit garçon devait aller au cirque, mais une vilaine fièvre l’en a empêché… Soudain, alors que ses rêves le transportaient ailleurs, il croise le regard d’une fille invisible, poursuivie par des créatures bizarroïdes. Prenant son courage à deux mains, il décide de partir à la recherche de son coup de foudre, au travers de ténèbres pluvieuses… Ce qu'il ne savait pas, c'est qu'il allait lui-même devenir invisible et que le Diable partirait à sa poursuite...

Mais la véritable prouesse de rain se situe sans conteste dans la qualité de son sound design.

Des esquisses en aquarelle, des formes pas finies, mais à la portée infinie, une histoire d'amour d'enfants délicieuse, car naïve et fonctionnant comme une madeleine de Proust (qui n'a jamais été amoureux pour la première fois ?), une métaphore du cauchemar, une course-poursuite infernale, un voyage enivrant, presque didactique où les gouttes de pluie font disparaître les larmes de chagrin... rain, c'est tout cela à la fois. Autant dire que derrière son pitch simpliste, cachant en son sein un conte vidéoludique, il s'avère plus riche qu'une horde de cumulonimbus prêts à faire feu ou, plutôt, eau. Et haut en bas, de bas en haut, nous voilà transportés dans un univers à la beauté froide et à la substance suffisamment liquide pour couler de sens. Jusqu'à faire naître des émotions se lisant sur le coin de nos yeux ? Sans aucun doute, quasi sans prétention, toujours sans parapluie. Car quand notre tête pleure, il pleut dans notre tête. Fort heureusement, l'amour, l'Amour même, protège de tout et fait que rien n'effraie. C'est candide, mais cela fonctionne terriblement.

rain est donc avant tout une ambiance visuelle. De prime abord, l'univers a l'air dépressif, eu égard à cette absence de couleurs la plupart du temps. Sans être une claque graphique - ce n'est pas son but -, il éclabousse par son travail sur les textures des décors, la richesse des lieux traversés (usine, rue, cirque, maison, structures alambiquées) les matériaux sur lesquels le héros marche et, forcément, les effets liés à l'élément eau accompagnant nos moindres faits et gestes. Sur ce dernier point, Acquire ne pouvait pas se louper et son pari est remporté haut la main. Certes, de micro-ralentissements et un chouïa d'aliasing viennent parfois ternir le tableau. La pluie n'évite pas l'ombre, comme la peur le danger.

Mais la véritable prouesse de rain se situe sans conteste dans la qualité de son sound design. Pour activer un autre sens que la vue (le garçon est invisible, faut-il le rappeler), les développeurs ont misé sur les sons. De cette manière-là, ce qui ne se voit pas se révèle telle une évidence. De cette manière-là, une petite flaque fera moins de bruit qu'une grosse. De cette manière-là, poser un pied sur une planche de bois ne produira pas le même effet que si c'était du bitume. Ajoutez à cela des mélopées enivrantes, nourries par de délicates notes de piano (Clair de Lune de Claude Debussy) en constant paradoxe avec le vrombissement des accordéons, et vous obtiendrez une bande originale inoubliable.