Du potentiel et des carottes, mais y a-t-il assez de bonnes idées pour y croire ?
Bon potage ou gros navet ?
Harvestella a beau s’être montré à plusieurs occasions, la seule chose que le monde aura retenue est son emphase sur la culture des fruits et légumes. Alors d’accord, c’est ce que son nom suggère aussi (harvest signifie récolter en anglais), mais il faut faire justice au titre de Square Enix qui cherche surtout à se faire une place dans le style très particulier des simulations de vie/RPG. Un genre hybride un peu déroutant qui a vu quelques noms sortir du lot comme Rune Factory pour ne citer que le plus connu ou bien Stardew Valley et Story of Seasons dans une moindre mesure.
Malin de la part de Square Enix de s’incruster avec une grosse production dans un genre en plein développement.
Tout ça pour dire que Square Enix nous sort le grand jeu pour faire irruption dans un genre que nous pouvons encore qualifier de niche. Un AAA, c’est assez osé, mais pas autant que l’idée de reprendre à son compte un gameplay qui pourrait presque se faire qualifier de pionnier. Sur le papier, l’entreprise de Square nous plaît. Le deal est de nous proposer une petite vie tranquille, entourée de nos charmants voisins et de luxuriantes terres à cultiver. Le genre de gameplay que ne renierait pas un certain Animal Crossing: New Horizons, mais auquel nous aurions ajouté des aventures et leur lot de combats. Les noms cités plus haut nous ont appris que les deux peuvent se marier avec harmonie et à vrai dire ce n’est pas Harvestella qui va nous faire dire le contraire. Parce que c’est justement quand les deux types de jouabilité s’imbriquent que la magie du titre a su opérer sur nous.
Alors pourquoi avons-nous retenu Harvestella pour ses topinambours et ses haricots ? Eh bien, tout simplement parce que c’est la première chose que le jeu met en avant. Nos premiers pas dans le village de Lethe, c’est beaucoup de blabla et le début d’une carrière prometteuse de fermier. Rien de bien abouti à vrai dire, juste de quoi apprendre le b.a.-ba et pour être franc c’est un peu ce qui nous a manqué dans l’aperçu que nous avons pu avoir d'Harvestella. À aucun moment le titre n’a cherché à creuser son sujet. Travailler la terre a, pour l'instant, un intérêt ludique très limité. Au mieux, cela est justifié par le besoin de récupérer de la matière première pour vos futurs crafts. Le doute plane encore, peut-être Square Enix garde-t-il une botte secrète pour rendre tout ça plus engageant. Le plus probable est toutefois que la simulation de vie de Harvestella soit très basique, que ce soit dans vos plantations ou vos relations avec vos voisins. Le titre semble avoir plus de charme sur la forme que sur le fond. Parce que oui, le jeu est assez sublime dans son genre. Il joue sur une direction artistique soignée appuyée par des couleurs très vives. Nous sommes contemplatifs dès les premiers instants et c’est exactement ce qu’il faut à ce genre si particulier qui vous demande de vivre une vie de paysan remplie de plaisirs simples.
La vérité est ailleurs
Cette impression tenace que le jeu passe à côté de son sujet ne nous a toutefois pas quitté durant notre premier contact. Le problème, c’est qu'Harvestella pose plus de questions qu’il ne donne de réponses. Le cas d’école, c’est évidemment le Quietus, la saison de la mort. À chaque changement de saison, cet étrange phénomène pointe le bout de son nez en détruisant toute vie sur son passage, cultures comme villageois. C’est un élément très intéressant, d’autant qu’il est à l’origine d’une partie de l’histoire et que ses effets impactent directement votre gameplay. Malheureusement, nous n’avons pas pu constater le réel intérêt de cette cinquième saison. Nous pourrions dire la même chose de la partie aventure, qui à l’inverse s’est montrée très tôt.
Le titre nous a simplement paru un peu trop sommaire en dépit d’un style plutôt excentrique.
Cela n’empêche pas Harvestella d’avoir l’air rudimentaire dans ses mécaniques de combat. Nous lui reconnaissons volontiers un certain dynamisme, mais nous sommes loin de la complexité que nous pouvons attendre d’un RPG. Il devrait pourtant y avoir des subtilités comme la possibilité d’emmener des compagnons en missions à vos côtés, à condition d’avoir tissé des liens d’amitié avec eux auparavant bien sûr. En revanche nous avons pu toucher du doigt l’importance des jauges de soif, faim ou sommeil qu’il faut gérer, pas forcément la partie la plus inspirée. Harvestella n’était pas là où nous l’attendions. L’avenir nous dira si Square Enix a fait preuve d’avarice ou si le jeu est un peu lacunaire comme nous le craignons.
Nos premières impressions : Peut mieux faire !
Malin de la part de Square Enix de s’incruster avec une grosse production dans un genre en plein développement. Un AAA et des visuels sublimes ne font pourtant pas tout. C’est en tout cas insuffisant pour nous mettre l’eau à la bouche alors que Harvestella avait tout à prouver. Rien n’est arrêté, mais le titre nous a simplement paru un peu trop sommaire en dépit d’un style plutôt excentrique. En tout cas, Square Enix ne nous a pas montré d’idées suffisamment ambitieuses ou n’a simplement pas répondu aux questions que nous nous posons depuis l’annonce du jeu.
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