TEST - Metal Gear Solid V: Ground Zeroes - Snake prend rendez-vous

1975, période calme entre les superpuissances mondiales suite à la Guerre du Vietnam. La milice privée créée par Big Boss, naguère connu sous le nom de Naked Snake quand il était encore l'apprenti de The Boss, et Kazuhira "Kaz" Miller est sous le feu des projecteurs. Elle ne peut plus se cacher éternellement et la Mother Base va bientôt recevoir la visite de l'AIEA (Agence Internationale de l'Énergie Atomique) afin de s'assurer que l'armée de Snake ne possède pas le nucléaire. Au même moment, Paz, un agent double, refait signe de vie : elle a été capturée et serait actuellement détenue dans une base située à Cuba. Chico, enfant soldat, décide de prendre les devants et d'aller sauver la jeune femme. Emprisonné à son tour, il va forcer Snake à mener une mission de la plus haute importance, dans un délai bref et en solo. L'objectif ? Sauver Chico et Paz. Le timing ? Rentrer avant que l'AIEA n'arrive à la Mother Base.

Le papa de la saga a digéré ses inspirations en livrant son interprétation et se retrouve alors au sommet de son art.

Faisant suite aux évènements de Metal Gear Solid: Peace Walker (dont un résumé est proposé dans les menus au cas où vous les auriez loupés), Metal Gear Solid V: Ground Zeroes n'est, scénaristiquement parlant, qu'un avant-goût de la transformation de Big Boss en antagoniste. Fatigué et encore marqué par le sacrifice de The Boss, il débarque dans une base militaire, tandis que les fantômes du passé continuent de le suivre, de le hanter, de le consumer. Du reste, il ne faut pas s'attendre à des révélations faisant avancer la saga d'Hideo Kojima, les identités de ceux qui se cachent derrière Major Zero et Cipher restent une zone d'ombre. En parallèle, l'introduction du groupe XOF, mené par Skull Face, implique aussi son lot de vérités à découvrir plus tard. En d'autres termes, GZ permet juste de retrouver Big Boss juste avant sa chute. C'est tout. Et cette chute a pris rendez-vous dans The Phantom Pain.

D'ailleurs, Hideo Kojima n'a rien laissé au hasard pour donner quelques pistes sur ce qu'il se passera après. Il suffit d'entendre résonner le morceau "Here's to you" de Joan Baez pour s'en convaincre. Du déjà entendu ? Harry Gregson-Williams avait arrangé la mélopée (tempo plus lent que la chanson originale) pour l'utiliser dans le générique de fin de Metal Gear Solid 4: Guns of the Patriots. Mais cette fois-ci, cet hymne, composé d'une seule phrase musicale répétée en boucle (paroles comprises) et faisant office d'hommage aux anarchistes Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti, fait directement écho au duo agonisant Miller/Big Boss. Au début, soit la première fois que la mélopée se déclenche, force est de reconnaître qu'il est difficile de voir où le génie veut en venir avec ce choix. Mais avec l'épilogue de GZ - qui amènera à The Phantom Pain -, la chanson prend tout son sens en déliant ce qui se trame réellement. Grande force de la saga MGS jusque-là, la mise en scène a réellement franchi un cap dans sa courbe de progression. Quand Hideo Kojima parlait d'un seul plan-séquence, il ne mentait pas. La prouesse est bel et bien là, atomisant tout ce qui a été fait jusqu'à présent et réussissant un pari fou et osé. Débarrassé de quelques démons (sa propension à aller vers le too much et, par extension, le ridicule), le papa de la saga a digéré ses inspirations en livrant son interprétation et se retrouve alors au sommet de son art. Lequel n'augure que du bon pour Metal Gear Solid V: The Phantom Pain.

Ensuite, il ne faut pas oublier le FOX Engine, le moteur maison de Kojima Productions qui a toujours été flamboyant lors de ses présentations. Sans nul doute, il permet à son créateur d'aller au bout de ses idées, de se rapprocher toujours plus d'un rendu photoréaliste et vivant (les drapeaux qui virevoltent au gré des vents) et de donner davantage d'élan cinématographique au spectacle (utilisation à plein régime du lens flare). C'est d'autant plus vrai que la PlayStation 4 est la terre d'accueil idéale pour qu'il s'exprime, profitant du 1080p pour gommer toute trace d'aliasing (il y en a un peu) et, plus important, d'un framerate à 60 fps pour maximiser le confort. Après, le FOX Engine accuse encore quelques griefs de jeunesse, notamment sur les séquences diurnes. Dire que c'est le jour et la nuit entre les environnements de jour et ceux de nuit apparaît comme un comble. Pourtant, c'est bel et bien le cas. Sans lumière, les décors dans lesquels évolue Snake, animés et modélisés à la perfection, sont flamboyants et quasi dénués de défaut (rares bugs de collision). Avec, certains font surface, à l'image du clipping. Fort heureusement, il y a encore le temps de remédier à ce gap d'ici la sortie de Metal Gear Solid V: The Phantom Pain.