Le président d'Ubisoft a tenu tête à Vincent Bolloré, et cela paye sur tous les fronts.
Comme chaque année, le groupe EY organisait une cérémonie pour récompenser plusieurs grands noms de l'industrie hexagonale et, comme en 2009, c'est Yves Guillemot, président directeur général d'Ubisoft, qui remporte le Prix de l'Entrepreneur de l’Année. Pour rappel, Yves Guillemot avait tenu tête pendant de longs mois à Vincent Bolloré, qui tentait alors de s'imposer chez Ubisoft. Mais le bras de fer a tourné en faveur du créateur du studio, Vivendi a retiré ses parts en début d'année.
Né dans le Morbihan, Yves Guillemot s'est donc tout logiquement entretenu avec Ouest-France après avoir reçu cette récompense, et il ne cache pas sa satisfaction :
C’est une très belle reconnaissance. Je reçois ce prix avec la même fierté que la première fois, car ce prix est pour moi le prix de l’équipe de l’année. Un match de l’équipe Ubisoft contre d’autres équipes concurrentes pour gagner la compétition mondiale. Notre métier a énormément évolué en 10 ans, et encore plus depuis nos débuts à Carentoir au cœur de la Bretagne. Notre métier d’entrepreneur n’est plus le même, nos méthodes non plus. Et en même temps ce sont toujours les mêmes valeurs qui ont porté ma famille qui nous animent aujourd’hui.
Bien évidemment, le PDG d'Ubisoft n'oublie pas la bataille qu'il a menée contre Vivendi, mais il en ressort finalement grandi, avec un nouveau partenaire de renom pour conquérir le marché chinois :
Cet épisode a eu le mérite de nous obliger à encore mieux anticiper l’avenir. Là encore les valeurs du groupe ont servi de socle. Les salariés d’Ubisoft ainsi que ma famille sont grimpés à 18 % du capital. Le chinois Tencent est arrivé dans le capital à hauteur de 5 %. C’est une vraie décision stratégique pour continuer à croître sur cet immense marché chinois.
Par ailleurs, Yves Guillemot reste conscient qu'il faut qu'Ubisoft se maintienne toujours au meilleur niveau, pour assurer la production de futurs gros jeux, mais également s'occuper de ceux qui font actuellement les beaux jours du studio. Comment ? Eh bien, « en recrutant et en accompagnant » des talents.
Nous sommes aujourd’hui 14 000 collaborateurs à travers 40 studios dans le monde. Rainbow 6 Siege, l’un de nos jeux phares peut avoir jusqu’à 35 millions de joueurs en ligne. Il faut absolument réussir à recruter de nouveaux talents dans tous les pays pour sentir en amont les attentes des joueurs.
Un jeu vidéo peut coûter plus de 100 millions. Assassin’s Creed, c’est environ 800 personnes et 40 métiers répartis dans 6 studios à travers le monde. Et à la sortie d’un jeu, nous devons donc être les meilleurs dans de nombreux domaines. Les talents, dans nos studios internationaux, doivent toujours avoir une longueur d’avance. Ces dernières années nous avons aussi énormément accentué la collaboration avec les communautés de joueurs. L’idée est de lancer moins de jeux, mais de les enrichir et de les faire évoluer en permanence avec les joueurs afin de répondre au mieux à leurs besoins. Une innovation collective qui s’avère fructueuse.
Pour cela, Ubisoft installe ses studios partout dans le monde « à proximité de centres universitaires, là où les géants des GAFA ne vont pas ». C'est le cas de Red Storm Entertainment (les jeux estampillés Tom Clancy's), basé en Caroline du Nord, mais également de plusieurs studios dans l'Hexagone, à Paris, Annecy, Lyon, Montpellier, Bordeaux et même à Carentoir, là où est né Yves Guillemot et où a été fondé Ubi Soft Entertainment en 1986. Enfin, le PDG rassure les actionnaires en précisant que le chiffre d'affaires d'Ubisoft « va atteindre les deux milliards d’euros ». Rien que ça.