Peter Parker est un homme occupé.
Grâce à The Amazing Spider-Man, tous les espoirs étaient permis et les voyants au vert pour le super-héros virevoltant entre les buildings. Les espoirs de voir un Spider-Man redorer son blason après une première trilogie s'étiolant d'épisode en épisode. Les espoirs qui, en parallèle, suppriment l'éventuelle participation de Peter Parker au projet Avengers, droits obligent. Avec The Amazing Spider-Man, donc, le réalisateur Marc Webb était parvenu contre vents et marées à tisser un premier fil d'une toile imaginée beaucoup plus grande par Hollywood. Cela passait notamment par un traitement très réaliste du personnage principal et des thèmes abordés très communs (histoire d'amour compliquée, la détresse de l'orphelin, l'apprentissage des responsabilités) et propres aux comics. Maintenant, il s'agit de faire grandir tout cela dans une suite appelée The Amazing Spider-Man : le destin d'un Héros. Et quel destin…
À trop vouloir tisser de toiles en même temps, Marc Webb s'est lui-même piégé.
En soi, ce deuxième épisode s'efforce d'assurer une certaine continuité – Marc Webb est toujours là – et, très vite, les éventuelles surprises s'épuisent à mesure que les blagues de Peter Parker, toujours campé par le touchant et juste Andrew Garfield, animent les zygomatiques. Le spectacle proposé se veut alors calibré, quasiment sans fausse note mais sans véritable « wahou » non plus. La faute à un récit dense et long où s'entrecroisent plusieurs sous intrigues parasites et parfois mal amenées. Nous pensons notamment à l'introduction d'Harry Osborne, protagoniste ô combien important arrivant comme un cheveu sur la soupe, pas forcément aidé par un interprète soutenant la comparaison avec son prédécesseur (James Franco). Si talentueux soit-il, Dane DeHaan joue trop souvent sans nuance et il est assez facile de deviner ses (sombres) desseins.
En outre, la multiplicité des méchants n'est clairement pas un argument favorable à leur développement psychologique. Electro, vilain par la force des choses, se suffisait à lui-même. Au final, il n'est qu'un faire-valoir pour en mettre plein la vue avec des arcs électriques en forme de gouffre pour le budget des effets spéciaux. C'est dommage, car Jamie Foxx est un acteur reconnu, chose qu'il n'a d'ailleurs pas de mal à prouver dans The Amazing Spider-Man : le destin d'un Héros. Le pire ? The Amazing Spider-Man 3 devrait s'inscrire dans cette tendance, à savoir celle de ne pas se focaliser sur une seule Némésis. À dire vrai, nous devinons sans mal là où les scénaristes veulent en venir : l'ennemi de Spider-Man c'est Peter Parker – et Oscorp un peu aussi… Pour en mettre plein les mirettes, en revanche, c'est une autre paire de manches.
Pour résumer un peu, en 2h20 de film, Peter Parker a le temps de s'amuser à « Je t'aime moi non plus » avec sa petite amie, d'enquêter sur le passé de ses parents, de prendre des photos pour le Daily Bugle (mais où est passé Jonah Jameson ?), de joindre les deux bouts en compagnie de tante May ou encore de gérer deux menaces à la fois. Le rythme s'en retrouve haché et les rares fulgurances visuelles sont clairement plombées par des mauvais choix de mise en scène. Si Marc Webb est capable de donner le vertige lors des courses de Spider-Man entre les buildings (avec des angles improbables et réussis), il est également coupable de plomber l'action avec des ralentis ringards et m'as-tu-vu, quand ce ne sont pas des choix de plan qui la rendent illisible (l'introduction).
En conclusion, The Amazing Spider-Man : le destin d'un Héros est un blockbuster qui s'est un peu perdu en route et, surtout, a oublié d'élever la barre. À trop vouloir tisser de toiles en même temps, Marc Webb s'est lui-même piégé et son long métrage en devient quelconque, sans que les émotions n'aient le temps de s'installer. De toute façon, les Avengers ne recrutent pas… Peut-être avec un rattrapage ?
Verdict : 2 étoiles sur 5