Josef Fares (A Way Out) en a marre d'entendre parler de durée de vie et de rejouabilité
par Amaury M.Le réalisateur libano-suédois préfère voir les jeux comme des expériences, sans les bourrer de contenus inutiles.
Josef Fares a commencé sa carrière dans le milieu du jeu vidéo en réalisant Brothers: A Tale of Two Sons, mais c'est réellement avec A Way Out qu'il a réussi à se faire connaître du grand public. Le jeu comptait plus d'un million d'exemplaires vendus moins d'un mois après sa sortie sur PC, PS4 et Xbox One, mais nombreux sont les joueurs à ne pas avoir terminé l'aventure.
Josef Fares, qui n'a pas sa langue dans sa poche, s'est entretenu avec VG24/7, où il a notamment abordé des sujets qui reviennent très souvent chez les joueurs et éditeurs : la durée de vie d'un jeu, et sa rejouabilité. Parmi les joueurs qui ont acheté A Way Out sur PS4, ils sont seulement 54 % à l'avoir terminé. Le journaliste lui précise que c'est un bon chiffre, GTA IV avoisinant par exemple les 30 %.
Oui, et c'est ce qui me préoccupe, que vous pensiez que c'est vraiment bien. Imaginez quelqu'un comme James Cameron dire : « Oh, seulement 50 % des gens sont sortis de la salle de cinéma, wow, c'est génial ! ». C'est fou. Nous avons des professeurs en design qui disent à leurs élèves de se concentrer sur les premiers 40 % du jeu, parce que le reste ? Les gens ne le verront probablement pas.
Pourquoi faire tous ces efforts pour rien ? Nous devrions voir les jeux comme des expériences. Peu importe combien de temps ils durent. Si c'est si commun que les gens ne jouent pas à l'intégralité des jeux, alors pourquoi devrions-nous même commenter sur la rejouabilité et leur durée de vie ? Pourquoi cela devrait-il affecter la note ? Ça ne devrait pas. Quand mon éditeur m'a demandé à propos de la longueur du jeu, je me suis dit: « Pourquoi demandez-vous cela ? Je ne vais même pas répondre à cette merde ».
Parfois, on a l'impression de servir une table pleine de nourriture et les gens se fâchent quand toute la nourriture n'est pas là. Ils vont seulement manger ça (Fares mime une petite portion d'un bol imaginaire), mais le reste doit être là, à pourrir, ou ils sont énervés.
Le réalisateur a encore une fois une vision bien tranchée du monde vidéoludique, qu'il tient sans doute de son expérience passée dans le cinéma. Mais il est clair que se tuer à la tâche pour ne voir que 50 % des joueurs arriver au bout de l'aventure, c'est frustrant pour un créateur. Pour autant, Josef Fares ne lâche rien, il travaille déjà sur un nouveau jeu.