EDITO : « Xbox Series S, trop vieux pour ces conneries », l'avis de Niiico, rédac-chef de feu Consoles+
par Eric de BrocartNiiico ne mâche pas ses mots face à une console qu'il a reçue en avance pour la tester et dont il n'apprécie vraiment pas toutes les obligations d'installation et d'utilisation...
Journaliste de l'âge d'or de la presse vidéoludique papier, Niiico a continué son activité pendant de nombreuses années dans divers magazines nationaux. Devenu un photographe professionnel de talent, il n'en reste pas moins « dans le game » et sa passion pour les jeux vidéo est toujours intacte. Il intervient régulièrement dans nos colonnes ou vidéos. C'est dans ce cadre-là que Microsoft lui a expédié une Xbox Series S et qu'il a acceptée avec plaisir. Découvrir une nouvelle console, en étant passionné, ne peut pas se refuser et surtout ne peut que faire rêver.
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Mais voilà, la découverte ne s'est pas passée comme il le pensait et il nous a fait part de sa déception - et de sa colère - contre un système qui oblige à lâcher, d'après lui, trop d'informations personnelles et qui, en prime, ne correspond réellement pas à sa vision du jeu vidéo.
Afin de respecter l'embargo signé avec le géant américain, vous ne trouverez dans cet édito aucun avis technique réel sur la console, mais bien un avis sur la façon dont il faut procéder pour pouvoir jouer avec. Vu qu'il en est de même pour les consoles actuelles, cela ne viole donc clairement pas ce dernier. De même, la liste des jeux disponibles pour le test étant aussi sous embargo, il ne fait part ici que d'un jeu déjà dans le commerce.
Trop vieux pour ces conneries.
Je suis de cette génération de joueurs qui ont connu les débuts de l’histoire des jeux vidéo à la fin des années 70. Ces années où Nintendo n’existait auprès du grand public que par ses jeux à cristaux liquides Game & Watch, où SEGA n’était pas encore présent dans les salles d’arcade, où Sony lançait tout juste le premier Walkman. Une belle époque. Révolue aujourd’hui, mais qui me laisse d’indélébiles souvenirs en tête.
À cette époque, on glissait une K7 audio dans son lecteur, dans son baladeur, on appuyait sur « Play » et la musique se lançait dans ses enceintes ou ses écouteurs. À cette époque, on insérait une cartouche de jeu dans sa console et le jeu se lançait instantanément à l’écran, sans temps de téléchargement, sans mise à jour. Le plaisir de jeu était immédiat, sans attente, brut de décoffrage.
Une nostalgie qui vient me frapper en plein visage d’autant plus fort aujourd’hui avec l’arrivée des consoles de dernière génération. À l’instar des consoles des précédentes générations, ces consoles sont de véritables usines à gaz, des monolithes gonflés aux amphétamines et qui nécessitent avant de pouvoir enfin mettre la main sur un jeu d’interminables manipulations. Un exercice intellectuel épuisant qui débute avant toute chose par d’innombrables mises à jour, de comptes à ouvrir, d’e-mails et de mots de passe à renseigner et de codes à écrire. Un exercice d’autant plus épuisant que les interfaces utilisateurs deviennent à chaque génération toujours plus chargées. À vouloir trop en faire, on perd pied et l’on se noie dans trop d’informations inutiles et futiles. Trop d’informations tuent l’information.
Un exemple ? J’ai reçu il y a quelques jours la dernière console de Microsoft, dans sa version light, la Xbox Series S. Je ne vais pas revenir sur ses caractéristiques techniques, vous les avez toutes en tête. Privilégié, j’ai également reçu avec cette console une série de codes pour télécharger les dernières nouveautés afin de profiter d’une expérience de jeu « next gen ». Je regarde la liste des jeux proposés et je me laisse tenter par le nouvel opus de la saga Watch Dogs, Watch Dogs : Legion. Sans être un grand fan de la série, je dois lui reconnaître une certaine performance graphique et scénaristique. Un bon test pour savoir ce que cette Xbox Series S a dans le ventre.
Premier écueil, de taille, entrer à la manette un code d’une série de 25 chiffres et lettres sans se tromper. Deuxième obstacle à franchir, peut-être plus délicat encore, le temps de téléchargement. Comme une très grande majorité de joueurs, je ne dispose pas d’une connexion à la fibre et doit me contenter d’une simple connexion ADSL. Verdict, avec plus de 35 Go de données à télécharger le temps estimé pour installer le jeu est de plus de… 11 heures ! OK. Je suis prévenu. Je lance l’installation et vaque à d’autres occupations, plus intéressantes que de regarder une barre défilement se remplir à la vitesse d’un escargot et dont l’intérêt n’a d’égal que l’intrigue d’un épisode du « Renard » sur France 3. De toute façon, je n’ai pas le choix, alors autant passer ce temps à des choses plus agréables. Dormir entre autres choses.
Le lendemain, le téléchargement est terminé. Excité comme un enfant un matin de Noël devant le sapin, le lance le jeu. Et là, surprise, un message d’alerte s’affiche à l’écran, implacable : « Désolé, ce jeu ou cette application n’est pas compatible. Choisissez autre chose, ou essayez Watch Dogs : Legion sur Xbox One ». Alors, j’ai en main une console « Next gen » mais on me propose un petit virage à 180°, un petit retour dans le passé, en 2013. On aura tout vu ! Bon, je me dis que c’est peut-être un bug, que la console n’étant pas encore disponible à la vente en France au moment du téléchargement, le code du jeu ne sera activé qu’à sa sortie sur Xbox Series S le 10 novembre prochain. Je tenterai à nouveau de lancer ce Watch Dogs : Legion (pourtant déjà officiellement disponible à la vente depuis quelques jours) dans une semaine.
Je me fais une raison et tente une autre opération : entrer le code d’activation du Xbox Game Pass Ultimate. Après tout, s’il n’est pas possible de lancer ou d’activer un jeu téléchargé, peut être que jouer en streaming est-il possible ? Nouvelle saisie d’un code à 25 chiffres et lettres. Le code est validé. Miracle. Mais, surprise, on me demande maintenant d’enregistrer un numéro de carte bancaire ou d’entrer un compte PayPal. Je ne comprends pas très bien… Microsoft m’offre la possibilité d’essayer gratuitement pendant un an le Xbox Game Pass Ultimate et pourtant je dois valider ce code avec un numéro de carte bancaire ou un compte Paypal ? C’est quoi l’embrouille ? Me ponctionner un mois d’abonnement à la date anniversaire l’année prochaine ? Je refuse d’entrer la moindre information de ce type et je suis donc dans l’impossibilité de tester les offres proposées par le Xbox Game Pass Ultimate. Étrangement, les applications comme Netflix, Disney+ ou Amazon Prime, gratuites, se chargent sans aucune difficulté sur la console. Des services de vidéo à la demande dont je n’ai que faire, disposant par ailleurs de ces services sur ma télévision connectée, mon iPad ou mon iMac.
Désolé, mais ce n’est pas ainsi que je vois le progrès.
Oui je suis nostalgique de cette époque folle des années 80, de la manière dont fonctionnait l’industrie des jeux vidéo : une console, une cartouche de jeu et le tour était joué. Pas de mise à jour, pas de temps de chargement, pas de numéro de carte bancaire à renseigner. Pas de problème ! Bien évidemment, je ne renie pas les nouvelles technologies. Non, bien sûr que non. Simplement je ressens une immense aversion avec ces consoles de nouvelles générations. Pas pour ce qu’elles sont en elles-mêmes, de formidables outils technologiques, mais sur leur principe de fonctionnement. Des mises à jour perpétuelles, des interfaces utilisateurs alambiquées, des chargements à n’en plus finir, des installations interminables, des codes à entrer, encore et encore, des emails et des mots de passe à renseigner… je n’en peux plus, vraiment plus !
Oui, je suis nostalgique de cette époque où l’on emmenait ses jeux chez ses amis, cartouches dans la poche, cette époque où l’on jouait encore ensemble, dans un même salon, réunis autour d’une pizza (hé oui, dans les années 80 les pizzas étaient déjà livrées à la maison en moins de 30 minutes), plutôt que seul, connecté avec des joueurs venus de tous horizons et que l’on ne rencontrera certainement jamais. Au-delà de toutes ses performances, de tous ces services en ligne, parfois loin du jeu vidéo, cette console Xbox Series S n’est clairement pas faite pour moi. Je n’aime pas le dématérialisé. J’aime toucher les choses, je suis un collectionneur.
Je vais donc revenir à mes premières amours, Nintendo. Nintendo qui depuis toujours a su proposer aux joueurs de tout âge, de toutes générations, de « vraies » expériences de jeu, sans artifice. Aller à l’essentiel. Toujours.
N’oublions jamais que dans « console de jeu », il y a le mot « jouer ».
Peut-être suis-je devenu trop vieux pour ces conneries ?
Certainement, mais je l’assume.
Niiico
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