EDITO : « PS5, tempête dans un verre d’eau », l'avis de Niiico, rédac-chef de feu Consoles+
par Eric de BrocartJournaliste de l'âge d'or de la presse vidéo ludique papier, Niiico n'en est pas à sa première conférence de lancement d'une console et celle de la PS5 ne l'a pas emballé.
Sony Interactive Entertainment, après de nombreuses rumeurs et un report dû aux évènements tragiques qui ont eu lieu aux États-Unis suite à la mort de George Floyd, nous a fait découvrir de nombreux trailers de jeux qui viendront égayer nos séances de gaming next-gen. Contre toute attente, le géant nippon a même, en fin de conférence et après 29 jeux présentés, lâché le visuel des PS5 (oui, il y en a deux) et même ceux de quelques accessoires.
À l'heure où nous écrivons ces lignes, notre sondage laisse déjà entrevoir que vous êtes quand même 9 % à ne pas avoir apprécié cette présentation ou, du moins, son contenu. C'est le cas de notre invité aujourd'hui. Niiico a débuté, dans les années 90, sa carrière de journaliste au sein de la rédaction de Consoles+, magazine spécialisé dans les loisirs numériques. Jusqu'en 2005, il a été respectivement rédacteur, chef de rubrique puis rédacteur en chef. Depuis, il travaille pour de nombreux magazines et a co-écrit un livre « Le Guide des Jeux Vidéo » édité par les éditions DTC.
Nicolas a donc été déçu par la conférence de Sony Interactive Entertainment. Il a pris sa plume son clavier pour exprimer son avis et nous lui avons ouvert les colonnes de notre site pour qu'il puisse le partager avec vous.
Je viens de terminer de regarder la présentation, très attendue, de la prochaine console de Sony, la PlayStation 5. Pendant une heure, Sony a dévoilé ce que sera, selon lui, l’avenir de ses jeux vidéo « The Future of gaming ». Pendant des mois Sony a lâché au compte-goutte des infos sur cette fameuse PS5, sur ses caractéristiques techniques affolantes et la puissance de sa console. La présentation de ce soir laissait augurer le meilleur. Autant le dire tout de suite, c'est la déception !
Au vu des 29 jeux proposés, pas un seul ne m’a donné l’impression de tourner sur une console de nouvelle génération. Pas d’effet « waouh », pas de bave qui coule aux lèvres, pas de slip tendu, rien de tout cela. Rien !
Pire, où sont passées les grosses licences attendues par les joueurs ? Gran Turismo 7 ? Ce que j'ai vu aurait pu tourner sur une PS4 Pro. Grand Theft Auto V ? Je n'ai rien vu d'extraordinaire, et la version PS5 sera une version améliorée de la génération actuelle (et précédente). Ça sent le réchauffé et la pompe à fric (Rockstar n’aura pas mon porte-monnaie). Ratchet & Clank ? Alors oui, ça tire dans tous les sens, il y a plein de monde à l'écran. Et ? Ben, ça ne m'a fait ni chaud ni froid. NBA 2K21 ? Pas une once de gameplay. C'est comme si Audi dévoilait sa dernière R8 en montrant des images du garage ou elle a été montée et fabriquée. Hitman III ? La modélisation des personnages, les textures de leurs vêtements et leur rigidité semblent sorties d’une PS3 asthmatique.
Même constat pour tous les autres jeux proposés : des productions tout juste dignes des consoles actuelles, sans éclat, sans originalité, sans surprise.
« The (no) Future of gaming »
Alors certes, ça pète dans tous les coins (bravo, la console peut afficher de belles couleurs à l’écran), mais où est passée la magie des présentations des consoles de générations précédentes de Sony ? Les fameuses conférences de l’E3 du constructeur japonais où le simple nom d’un jeu présenté suffisait à déclencher l’hystérie générale.
Comme cette époque parait loin au vu de ce qu’a présenté Sony ce soir.
On a tous en mémoire (de joueur) l’année de la présentation de la PS4 et de la nouvelle Xbox à Los Angeles, et la manière dont Sony avait coupé l’herbe sous le pied de Microsoft, par conférences interposées. En ce mois de juin 2020, force est de constater que Sony vient de donner le bâton à Microsoft pour se faire battre, offrant à son concurrent tout le loisir de préparer et de montrer ce que sa console next-gen a dans les tripes. Un remake (encore un !) de l’arroseur arrosé.
Ce soir, j’ai eu l’impression d’être trop vieux pour ces conneries.
Attention, soyons bien clairs. Ce que j'ai écrit ne remet pas en question la qualité de la console PS5. On a vu, et de quelle manière, début juin, que cette console en avait dans le ventre avec la démo incroyable d'Epic Games et de son Unreal Engine 5. Une démo qui m'a scotché tant elle était impressionnante visuellement et techniquement. Pour le coup, c'était vraiment « The futur of games » !
Et c'est justement parce que j'ai vu cette démo, que je m'attendais à en prendre autant plein les yeux lors de cette présentation des jeux du futur de Sony ce soir. Ça n'a pas été le cas malgré le nombre impressionnant de jeux dévoilés. Ce n'était pas à mon sens le futur des jeux vidéo, mais des jeux vidéo à venir dans le futur. La nuance est importante.
Un line-up ne tient pas sur le nombre de jeux présentés, mais sur leur qualité visuelle et technique. À part quelques grosses licences parmi les 29 hier (comme GT7 par exemple), je n'ai pas eu de frissons, je n'ai pas eu les yeux écarquillés, je n'ai pas été impressionné.
Or, quand une console est aussi attendue que la PS5, on se devait d'en mettre plein la gueule, à grand renfort de jeux techniquement hyper impressionnants. Comme cette satanée démo de l'Unreal Engine 5 (Epic Games aurait-il eu tort de montrer cette démo avant la présentation de Sony ? Peut-être bien...)
Alors certains noms font certainement rêver les joueurs (Gran Turismo, Horizon, Resident Evil...) mais encore une fois, je m'attendais à voir des jeux en univers ouverts à perte de vue, dans des décors chiadés, fourmillants de détails, avec des effets de lumière jamais vus encore... Dans une seconde présentation de Sony certainement.
Et je ne parle que de jeux, pas du design de la console. Ça, c'est une autre histoire.
Allez, je vais me faire une partie de Switch pour me consoler.
Vous pouvez lui répondre au travers des commentaires, ou via les réseaux sociaux Facebook et Twitter , et ainsi échanger avec lui votre vision de cette conférence.