2015, l'avènement du smartphone chinois ?
Une nouvelle page se tourne avec la fin de l'année 2014, emportant - entre autres - avec elle douze mois d'évolutions dans le domaine de la téléphonie mobile. Mais l'évolution justement, est-elle réellement remarquable, tant du point de vue du consommateur que des constructeurs ?
Le grand public ne se laisse pas prendre au jeu.
Sur l'année, nous avons vu défiler de nombreux smartphones, pour la plupart descendants d'une longue lignée. Samsung Galaxy S5 et Galaxy Note 4, Sony Xperia Z2 et Z3, iPhone 6, HTC One M8, LG G3... Tant de numéros qui reflètent la recherche d'évolution, sans pour autant marquer de réelle révolution. Les écrans s'agrandissent un peu plus, les bords s'amincissent pour céder leur place, les processeurs gagnent en puissance, les batteries s'étoffent un peu afin d'alimenter le tout et les constructeurs rajoutent de-ci, de-là, un gadget qui marquera sa singularité. Étanche pour l'un, doté d'un capteur d'empreintes pour l'autre, voire les deux dans certains cas... Et pourtant, le grand public ne se laisse pas prendre au jeu. Manger une énième fois la même soupe, ça fonctionne un temps, mais pas à l'infini, et les grandes marques montrent déjà, seulement quelques années après leur période faste, un certain recule. Samsung, numéro un mondial de la téléphonie, a réduit de 90 % son budget marketing sur l'année (tout en restant parmi les plus dépensiers) et voit son porte-étendard, le Galaxy S5, vendu en deçà de ses prévisions. HTC tente tant bien que mal de garder la tête hors de l'eau et Sony annonce réduire la fréquence de sortie de ses smartphones afin de rester rentable. Seul Apple semble encore et toujours tirer son épingle du jeu, mais jusqu'à quand ?
Si le manque d'innovations freine le renouvèlement du parc installé, une autre menace pèse également sur les leaders du marché, celle des produits d'entrée de gamme. Cette frange d'appareils, originellement considérés comme les simples remplaçants des features phones (ces téléphones qui ne sont pas "smart"), commencent à en avoir dans le ventre et à faire leurs preuves, tant et si bien qu'ils en viennent presque à rivaliser avec les grands du secteur. À l'heure où un smartphone à un prix compris entre 100 et 300 euros permet de faire tourner toutes les applications disponibles sur le Google Play Store et où l'expérience utilisateur n'est que très peu altérée par rapport à un haut de gamme, pourquoi payer 2 à 9 fois plus cher pour quelques pixels de plus sur l'écran ou l'appareil photo et un lecteur d'empreintes ? C'est la crise ma bonne dame !
Et cela, certains l'ont bien compris. Venues de l'Empire du Milieu, les marques "low-cost" se font de plus en plus présentes en Occident. Meizu, Xiaomi, Oppo et même OnePlus, pour ne citer qu'elles, proposent de très bonnes alternatives aux "flagships" qui décorent les espaces publicitaires du métro et des arrêts de bus, pour des prix défiant toute concurrence, à condition d'accepter parfois quelques concessions, comme passer par un site d'import ou ne pas profiter de toutes les fréquences 3G/4G disponibles en France. Plus loin encore dans le culte du prix bas, Wiko revend sous une marque française des téléphones chinois dont le succès n'est plus à prouver, en grande partie grâce à ses prix d'appel démarrant en dessous de 50 euros. Enfin, certaines marques très connues en Occident, dans le secteur de la téléphonie ou non, tentent également de tirer les prix vers le bas, comme ASUS, Acer ou même Motorola et son très bon Moto G.
Néanmoins, si tous ces acteurs arrivent à se tailler une part du gâteau au détriment des plus connus, ils risquent de voir leur évolution limitée en raison de budgets tirés au minimum dans certains domaines clés comme le marketing, la recherche et développement ou encore la logistique. Ce dernier point est d'ailleurs ce qui a fait défaut à OnePlus, qui malgré une annonce en fanfare de son One ne dispose toujours pas, plus de six mois après sa sortie, de stocks suffisants pour satisfaire tout le monde.
Par ailleurs, aussi faible soit-elle, l'innovation est bien là, même si elle tâtonne encore pour trouver ses marques. Il suffit de regarder Samsung et son Galaxy Note Edge avec son écran biseauté pour voir que le smartphone n'est encore qu'un adolescent qui se cherche. Après avoir eu une longue période de croissance, il semblerait qu'il ait finalement trouvé se taille maximale (entre 5 et 6 pouces), et doit désormais continuer de se former pour passer à l'âge adulte. Attention tout de même à ne pas trop trainer, car voilà que les objets connectés commencent à arriver et tentent déjà de prendre la relève... Et c'est peut-être là, finalement, que se trouve la révolution tant attendue.