Tacoma : Après Gone Home, The Fullbright Company nous emmène dans un vaisseau spatial pour une nouvelle exploration à la première personne.
Interactions poussées, découvertes dynamiques et intéressantes, univers agréable et cohérent, narration originale impliquant le joueur... Le tableau peut sembler presque parfait. Mais le point qui fait tache, et qui casse-tout, c'est la durée de vie. En deux heures, montre en main, nous perçons le mystère et connaissons l'issue de l'histoire, en fouillant tout ce qui est possible et en prenant le temps de délirer avec le décor interactif. Pour certaines expériences du genre, cela peut suffire, mais pas pour Tacoma, dont la durée de vie se laisse de toute manière deviner au bout de quelques dizaines de minutes, et duquel il est donc difficile de profiter en sachant que l'aventure ne va pas tarder à s'arrêter.
Nous avons purement et simplement désactivé les sous-titres pour nous contenter des doublages anglais.
Les personnages ? Quelques minutes de dialogues et des lettres pour chacun, pas de quoi s'y attacher. Les interactions avec le décor ? Finalement, c'est un peu toujours les mêmes qui reviennent, et elles ne surprennent plus après quelques minutes. Les énigmes ? Deux clés, quatre codes et basta. Le scénario ? Sans montée en puissance ni final fort, le mystère s'épaissit puis s'éclaircit sans grande surprise ni moment clé, pour une forme plutôt mollassonne, alors que le fond est lui très intéressant. Clairement, avec des idées de gameplay en plus et un scénario enrichit, il y avait de quoi rallonger la durée de vie, d'autant plus frustrante que l'univers, si crédible et si vivant malgré la froideur et la rigidité de ce vaisseau abandonné, aurait gagné à être étoffé, que ce soit au niveau du scénario ou des idées donnant du corps à ce futur si crédible de 2088.
Autre point très dérangeant, la traduction française. La réalité augmentée est très bien utilisée, elle qui est intégrée au scénario et permet d'afficher la traduction par-dessus les textes en anglais. Pour les décors et les objets, c'est excellent, à part pour de rares itérations où la traduction a été oubliée. Pour les textes à lire via différents éléments, de même, la traduction est parfois absente, et le fait que des lignes soient volontairement corrompues laisse certes un peu de place à la réflexion et à l'imagination, mais nuit aussi à la compréhension de beaucoup de passages. Le pire reste l'affichage des dialogues des membres de l'équipage, totalement chaotique. Ligne de dialogue figé à l'écran, textes en retard : il semble que le jeu affiche la dernière parole prononcée par l'avatar visé par le joueur, et non le dernier prononcé, mais même après plusieurs essais et tentatives de bidouillage dans les options, nous n'avons décelé aucune logique, et avons purement et simplement désactivé les sous-titres pour nous contenter des doublages anglais.
Heureusement, ceux-ci sont de très bonne qualité, avec des doubleurs impliqués, et une spatialisation dans les décors très immersive. La musique vient s'y ajouter de manière discrète et efficace, sans envolée lyrique qui ne siérait pas au ton. D'ailleurs, côté graphismes, le travail est réussi, mais très sobre et peu original. Certes, nous avons vraiment l'impression d'évoluer dans un vaisseau, de ses bureaux à sa serre en passant par le hub sans gravité, mais il manque clairement d'identité visuelle par rapport aux autres œuvres de science-fiction, et le très faible nombre d'animations rend le résultat très froid. Cela participe à l'ambiance mystérieuse, mais bon. Le plus intéressant serait presque l'extérieur, avec ses modules en rotation, mais nous ne le voyons quasiment pas.
Bien plus proche du drame de science-fiction que de l'odyssée futuriste, et ce n'est en aucun cas un reproche, Tacoma possède une narration réussie, avec des interactions nombreuses avec l'environnement et des séquences en réalité augmentée à jouer et rejouer qui impliquent clairement le joueur. Si sa durée de vie n'est pas plus choquante que bien des jeux d'exploration à la première personne, les promesses de son univers riche et interactif, ainsi que celles de son scénario et de ses personnages, ne sont pas assez poussées, et le joueur se retrouve frustré en fin d'aventure. Les mordus d'expérience du genre apprécieront le cadre et l'originalité de la démarche, les réfractaires peuvent retourner à des jeux plus dynamiques.
- L'utilisation de la réalité augmentée, dans la narration et l'exploration
- Revivre un même moment à des endroits différents, original
- Les personnages qui arrivent à être intéressants et crédibles malgré leur forme simplifiée
- Le mystère sous-jacent qui tient en haleine
- L'environnement interactif très ludique
- La durée de vie, frustrante à tous les niveaux, alors qu'il y avait bien plus à proposer
- Les sous-titres anarchiques
- Le récit un peu trop mou, et sans point d'orgue
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