Rebellion est de retour avec un cinquième épisode, qui n'arrive toujours pas à vraiment atteindre les sommets.
Sniper Elite 4.5... ou 47 ?
Karl Fairburne n'est décidément pas prêt à prendre sa retraite, le tireur d'élite américain est encore une fois de retour dans un nouveau jeu de tir et d'infiltration, toujours développé par Rebellion. La Seconde Guerre mondiale va basculer, alors que les Américains se préparent à débarquer en France. Ce Sniper Elite 5 arrive-t-il à faire mouche en proposant une aventure rafraîchissante et en gommant les défauts du précédent volet ? Eh bien, oui et non.
Le gameplay est très libre, les possibilités sont nombreuses.
Sniper Elite 5 débute en mai 1944, alors que la guerre va connaître un bouleversement majeur avec l'arrivée des Américains en Europe. Karl Fairburne est chargé de leur préparer le terrain en effectuant plusieurs missions de sabotage et en éliminant des officiers nazis, grâce à l'aide de la Résistance locale. Rapidement, ses agissements remontent aux oreilles d'Abelard Möller, un général SS qui prépare en secret l'opération Kraken. Karl va devoir découvrir de quoi il s'agit et surtout l'en empêcher. Du côté de l'écriture, Rebellion ne révolutionne rien, nous avons là une histoire de guerre très convenue et prévisible, surtout si vous connaissez bien la franchise. Le but est de tuer des nazis et de détruire leurs complexes militaires pour gagner la guerre, rien d'original à l'horizon, le scénario se laisse suivre au travers des cinématiques et des dialogues mettant en scène des personnages peu attachants. Même Karl Fairburne reste plat, portant à merveille son surnom d'« Ombre » tant il ne brille jamais, si ce n'est dans ses actions.
Là où les développeurs ont tenté d’innover un peu, c'est bien avec le gameplay. Pour rappel, la franchise Sniper Elite propose de s'infiltrer dans des niveaux de plus en plus ouverts au fil des épisodes, pour accomplir divers objectifs de manière assez libre, et surtout de coller des balles dans le crâne des nazis à longue distance en prenant bien soin de ne pas se faire repérer, en camouflant le son de ses tirs avec l'environnement notamment. Eh bien, ce point est pas mal mis de côté dans ce Sniper Elite 5, avec beaucoup de niveaux plus fermés. La moitié du temps, les grandes étendues pour tirer sur tout ce qui bouge laissent place à des ruelles ou des couloirs plus étroits, transformant le gameplay en véritable jeu d'infiltration à la Metal Gear Solid ou à la Splinter Cell. La discrétion reste de mise, avec la possibilité de distraire ou contourner les ennemis pour les attaquer au corps-à-corps par-derrière (puis de cacher leurs cadavres dans des bacs), et surtout d'utiliser des silencieux sur toutes les armes. Les joueurs ont en effet accès à une armurerie avant chaque mission ou directement dans le niveau, à condition de la trouver soi-même, pour personnaliser leur équipement, que ce soit les objets emportés (bandages, grenades, mines) et surtout les accessoires sur les armes à feu, dont des silencieux et des balles soniques, nécessaires pour éliminer discrètement un ennemi sans faire de bruit à distance si l'environnement ne permet pas de couvrir le bruit du tir. Cela arrive souvent, dans les niveaux étroits, mais les balles sont rares, il faut donc bien explorer l'environnement pour profiter au mieux de celui-ci, mais il y a toujours plusieurs solutions à un problème.
Un point qui n'est pas sans rappeler la dernière trilogie Hitman, Sniper Elite 5 propose une carte ouverte avec des objets à récupérer pour ouvrir des passages, des objectifs secondaires et un tas de manières de mener à bien la mission. Le gameplay est très libre, les possibilités sont nombreuses : éviter les gardes pour se concentrer sur la mission, tirer sur tout le monde à la mitraillette, éliminer les soldats à distance et faire paniquer tout le monde, poser des mines ou des explosifs pour détruire les patrouilles à pied ou en véhicules, le joueur est libre de s'amuser comme il le veut dans ce bac à sable, même si le bruyant fusil à lunette est mis de côté. Mais si voulez quand même forcer le tir à distance, le gameplay ne change pas ici, avec une balistique plus ou moins réaliste en fonction du mode de difficulté, le joueur doit anticiper la direction de la balle en fonction du vent et de la distance. Avec l'aide activée, c'est simple, des indicateurs sont présents sur le viseur, mais sans... c'est au talent (ou à la chance), car si gérer la chute de la balle est assez simple, compenser le vent sans éléments visuels relève de l'impossible. Au moins, la fameuse caméra à rayons X est encore plus satisfaisante à obtenir dans ces cas-là, montrant la trajectoire de la balle dans le corps de l'ennemi au ralenti, et elle fonctionne désormais pour les tirs au pistolet ou à la mitraillette ! C'est toujours aussi jouissif, le joueur peut même déplacer légèrement la caméra et gérer la vitesse du ralenti pour profiter au mieux du moment.
Des infiltrations dans le Mont-Saint-Michel ?
Pour en revenir aux cartes, il y en a huit dans ce Sniper Elite 5, soit autant de missions (avec une 9e mission en guise d'épilogue), avec donc des environnements ouverts, souvent dans la nature, ou des lieux fermés, comme des installations militaires. Bon, vu l'époque à laquelle se déroule le jeu, il n'y a pas beaucoup de surprises, nous retrouvons des étendues vertes, des villages français en ruines, des couloirs blancs et froids nazis, la direction artistique a bien du mal à surprendre ou à séduire, là où les deux derniers opus en Afrique et en Italie proposaient des décors plus atypiques pour un jeu durant la Seconde Guerre mondiale.
L'IA n'étant toujours pas le point fort des PNJ, rajouter une vraie menace avec un joueur ennemi fait grimper la tension.
Des lieux déjà vus, sauf peut-être le Mont-Saint-Michel, au cœur de la promotion (il est sur la jaquette), mais qui est nommé ici Beaumont-Saint-Denis. L'îlot et son abbaye sont tout de même reconnaissables, donnant un niveau très original, basé sur la verticalité, idéal pour se familiariser avec les nouvelles possibilités de grimpette de Karl Fairburne, désormais capable d'escalader des parois bien précises pour contourner ou surprendre ses ennemis. Un autre niveau dans un grand château vaut lui aussi le détour, avec encore des couloirs, mais une architecture ouverte, pour une infiltration particulièrement stressante. Mais de manière générale, le joueur évolue en terrain connu et c'est bien dommage, car le contenu est conséquent et nous invite à explorer tous les recoins : missions secondaires, assassinats d'officiers de manière précise pour débloquer une arme, gameplay libre, la rejouabilité est grande. Et heureusement, car pour une première partie sans se prendre la tête, Sniper Elite 5 se termine en une dizaine d'heures. Rajoutez-en quelques-unes pour mener parfaitement à bien les objectifs optionnels et nous avons là une durée de vie très correcte, sans compter la possibilité de relancer la mission pour découvrir de nouveaux passages et possibilités de gameplay.
Cela ne vaut que pour la campagne en solo, car le titre de Rebellion inclut d'autres modes, dont du classique multijoueur (match à mort seul, à deux ou à quatre, du scoring et du tir où les équipes sont séparées par une barrière), de la coopération pour la campagne intégrale ou encore de la survie. Mais la grosse nouveauté de ce Sniper Elite 5, c'est le mode Invasion, à activer ou non dans les options. Lorsqu'un joueur effectue une mission en solo, il peut être envahi par un autre en ligne, incarnant un soldat nazi devant le traquer et l'éliminer. Karl doit ainsi rester discret ou au contraire piéger l'envahisseur pour l'éliminer, au risque de se faire tuer (et repartir au dernier point de contrôle, la mort n'étant pas très punitive dans le jeu). L'IA n'étant toujours pas le point fort des PNJ dans cet opus, rajouter une vraie menace avec un joueur ennemi fait grimper la tension, Karl se retrouve réellement acculé entre les soldats et son adversaire cette fois doté d'intelligence et capable de le surprendre. Une dimension de duel multijoueur qui s'invite dans le solo, c'est appréciable, même si cela peut parfois survenir au pire des moments, mais il est possible de désactiver l'option de l'Invasion dans les réglages, même si la mission est déjà lancée.
Pour finir, attardons-nous sur la partie technique de Sniper Elite 5. Si la direction artistique a du mal à briller, du côté des graphismes, c'est un peu la même chose. Le titre rappelle que Rebellion n'a pas encore le budget pour faire un vrai AAA qui décroche la mâchoire, il est loin d'être moche, quelques petits reflets et effets de lumière relèvent le niveau, mais dans l'ensemble, c'est très classique, avec des textures convenues un peu trop réutilisées à gauche à droite dans les niveaux. Les doublages en anglais sont du même acabit, efficaces, mais sans plus, tandis que les bruitages des armes arrivent à être percutants, surtout lorsqu'il s'agit d'accompagner un tir à longue distance avec la balle s’éjectant du canon après une forte explosion pour finir dans la tête d'un ennemi, brisant son crâne ou faisant craquer les os de son corps. Techniquement correct sur tous les points, Sniper Elite 5 souffre quand même de contrôles parfois crispants lorsqu'il s'agit d'évoluer dans des endroits très clos ou d'escalader certaines surfaces, mais les développeurs devraient corriger ça très rapidement.
Sniper Elite 5 est la suite logique de la franchise de Rebellion, pour un résultat assez prévisible malgré quelques changements. L'infiltration au contact est désormais centrale dans le gameplay, même si les tirs à longue distance sont heureusement encore là. Mais les développeurs semblent vouloir changer la recette, collant un peu plus à Hitman ou Splinter Cell, offrant un grand bac à sable aux joueurs. C'est amusant, mais pas bien original, même si des idées comme le mode Invasion sont là pour varier les plaisirs. Un cinquième opus qui montre que la licence tourne encore un peu en rond, difficile de dire si elle arrivera un jour à briser la monotonie.
Retrouvez Sniper Elite 5 sur Amazon à partir de 59,99 €.
- Un gameplay et des cartes qui offrent un tas de possibilités
- Le tir à longue distance avec la caméra à rayons X, toujours un plaisir
- L'armurerie pour personnaliser ses armes
- Le mode Invasion rafraîchissant
- Une bonne dose de rejouabilité
- Un scénario pas bien original
- Beaucoup de lieux étroits, dommage pour ceux qui ne veulent jouer qu'au fusil
- Des décors qui sentent le déjà-vu (sauf deux niveaux)
- L'IA toujours pas bien futée (mais il y a du mieux)
Clint008 Rédacteur - Testeur |