TEST de Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin, encore un très bon Monster Hunter pour la Switch ?
par Christophe ÖttlMonster Hunter Stories 2: Wings of Ruin : Après Monster Hunter Rise, la console hybride de Nintendo pourrait bien faire un doublé avec ce RPG fidèle à son prédécesseur.
Chasseur sachant rider
Il n’est pas si loin le temps où nous traquions les grosses bêtes sur Switch. À vrai dire, c’est seulement depuis le 26 mars dernier que nous avons pu goûter au frisson de la chasse grâce à Monster Hunter Rise, grosse exclusivité de la licence sur la console de Nintendo. À peine avons-nous le temps de faire tomber des colosses dans cet excellent opus que Capcom nous sert un nouvel épisode qui s’annonce tout aussi fort. Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin est un spin-off d’un tout autre genre, mais nous avons senti dès la preview qu’il a toutes les armes pour faire briller la licence à nouveau. Bien sûr, c’est en grande partie grâce aux acquis du premier Monster Hunter Stories.
Sans surprise, Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin est une belle trouvaille.
C’est marrant parce que c’est un peu la même chose que le jeu nous raconte dans son récit. Vous incarnez un Rider, un être qui a développé des liens très étroits avec les monstres au point de les domestiquer. Ce n'est pas ce talent qui fait de vous une célébrité parmi vos semblables, mais le fait d’être la petite-fille ou le petit-fils (selon votre choix en début d'aventure) de Red, légende vivante parmi les Riders et le seul à avoir jamais chevauché un Rathalos. Impossible de passer à côté de cette notoriété, si bien que votre avatar passe le plus clair des 40 heures de jeu (en ligne droite) à marcher dans les pas de son ancêtre pour espérer l’égaler. Une quête initiatique qui s’avère finalement cousue de fil blanc et percluse de tous les clichés du genre. Il est notamment question du pouvoir de l’amitié, un concept aussi ésotérique que crucial dans le monde de Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin. Impossible d’être allergique à la niaiserie pour profiter du titre. Sa narration pauvrette n’est clairement là que pour servir de prétexte à l’action, tout comme ces objectifs qui ont l’air d’avoir été inventés à la hâte pour meubler l’histoire.
En même temps, si vous êtes là, ce n’est pas pour parler de votre ascendance. Soit vous vous intéressez aux spécificités de Wings of Ruin, soit vous êtes un grand fan de la licence Monster Hunter. Dans tous les cas vous avez décroché le gros lot. Les mécaniques complexes sont effectivement ce qui fait tout le charme de cette mouture, qui ne manque pas de rappeler la saga Pokémon. Des monstres de poche qui auraient laissé de côté leur mignonnerie habituelle pour se concentrer sur un système de combat beaucoup plus ardu (que nous aurons le temps de voir plus tard) ainsi qu’une progression qui met en valeur l’exploration et la collecte. En témoigne cette fonctionnalité majeure qui vous demande d’aller chercher des œufs de monstres dans les innombrables tanières que vous trouverez à travers le monde. C’est en les faisant éclore que vous vous ferez pote avec des bestioles dangereuses, affectueusement surnommées Monsties. Libre à vous de bâtir une petite équipe qui vous aide dans votre exploration du monde en brisant des rochers qui bloquent un passage ou en escaladant des parois. Les obstacles qui se dressent sur votre route sont aussi variés que les monstres que vous rencontrez. De quoi assurer un sérieux fan service avec toutes ces bestioles que vous avez croisé au moins une fois dans la série principale. Les chasseurs vétérans prennent un malin plaisir à poursuivre les monstres royaux : la crème de la crème des créatures, aussi dangereuses que mythiques. Même avec une équipe bien entraînée, nous devons avouer que notre face-à-face avec le Tigrex ne s’est pas bien passé.
Nous ne faisons là qu’effleurer le contenu finalement assez généreux de Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin. Nous n’avons même pas évoqué la relative sobriété des quêtes ou le rite de transmission qui permet d’améliorer vos Monsties avec de nouveaux attributs trouvés sur une bestiole « sacrifiée ». Il faut également revenir sur le système d’artisanat que Monster Hunter Stories 2 parvient à bien retranscrire. L’esprit de la série principale est là. Il y a cependant une volonté de simplifier les choses vis-à-vis des joueurs qui ont en horreur le farm de monstres pour se confectionner une armure ou une arme. Sans pour autant avancer que la formule de Capcom s’adresse aux plus jeunes, nous concédons que ce Monster Hunter fait des efforts pour être relativement pratique à prendre en main, sans pour autant atteindre le niveau de clarté des Pokémon qu’il mime. Si la mission démocratisation n’est pas une franche réussite, c’est parce que l’univers de Monster Hunter reste un bazar innommable. Notre Rider ramasse tant de cochonnerie dans la nature qu’il est difficile de garder le cap sur ce qui doit être récolté et le potentiel de tel ou tel objet. La licence est visiblement condamnée à être indigeste auprès des néophytes qui ne peuvent pas toujours se tourner vers l’interface, elle aussi un peu chaotique sur les bords. Nous validons au moins l’effort d’adaptation et le rapprochement réussi avec la série de base.
Clever Girl...
Même si nous sommes désormais un éleveur de monstres, la baston garde une place importante dans l'ADN de tout Monster Hunter qui se respecte, même sous forme de RPG. Celle-ci n’est plus en temps réel, mais au tour par tour, comme son modèle. Il faut commencer par choisir le bon type d’arme, les tranchantes, contondantes et perforantes n'ayant pas la même efficacité selon la créature qu’il y a en face et la partie de son corps que vous visez. Reste ensuite à déterminer si vous allez effectuer une attaque de type force, vitesse ou technique. Un choix qui a une fois de plus son importance selon l’attaque du monstre d’en face puisque vous pouvez soit prendre l’ascendant sur lui pendant des duels, soit perdre, soit faire une égalité à la manière d’un Pierre-Feuille-Ciseaux. Pas besoin d’aller bien plus loin pour vous prouver que les combats sont hautement tactiques. Il faut malgré tout ajouter des talents qui s’utilisent grâce à une jauge d’amitié ainsi que des mécaniques spécifiques à l’une des six armes que vous avez à votre disposition.
Les combats sont hautement tactiques.
Nous en rajoutons quand même une couche, histoire d’être exhaustif, en évoquant l’existence de plusieurs éléments (feu, glace, dragon, eau, etc.) auxquels les monstres sont plus ou moins sensibles. Ce serait criminel d’oublier au bout du compte les talents d’amitié, grosses attaques qui permettent à vous et à votre Monsties de montrer tout votre potentiel destructeur au cours d’animations plutôt chouettes. C’est précisément la raison pour laquelle elles restent en mémoire. Comme dit dans la preview, toutes ces mécaniques très riches ont des limites. En l’occurrence, leur pertinence s’arrête là où commence leur intelligence artificielle. Le combat aux côtés de votre Monsties n’est pas directif puisque ce dernier est contrôlé par l’ordinateur. Seuls ses talents nous sont accessibles, votre compagnon est alors libre de faire n’importe quoi la grande majorité du temps. Et bien que les Monsties sont réputés pour leur fiabilité, il n’est pas rare que l’un d’entre eux ait décidé de lancer une attaque tout à fait inappropriée qui lui coûte un duel, voir la vie. Pas question de laisser vos créatures passer l’arme à gauche. Que ce soit vous ou eux, trois KO et c’est le game over. De quoi rendre l’errance de vos bestiaux assez inacceptable.
Alors certes, tout ça est hautement complexe, dans le bon sens du terme, mais nous avons quand même la désagréable sensation de nous répéter. La plupart des éléments qui font la force de Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin étaient déjà présents dans le premier opus sorti en 2016 sur 3DS. L’expérience n’a alors plus la même saveur une fois ce constat dressé. Ce qui semblait être une réinterprétation inventive de la formule Pokémon n’est alors plus qu’une confirmation de ses atouts. Les améliorations qui justifient cette suite sont d’ailleurs assez peu nombreuses. Les plus importantes se concentrent sur la partie combat. Notons par exemple l’introduction des partenaires de combat, ni plus ni moins que des alliés qui se joignent à vous pour simplifier des affrontements parfois délicats, l'arrivée de l'arc et de la Lancecanon en guise de nouvelles armes ou encore la Double Attaque qui permet à un Rider de s’élancer en même temps qu’un Monsties pour infliger de lourds dégâts et annuler l’action adverse. La plus grosse différence entre les deux opus, c’est finalement la console sur laquelle le jeu tourne. Il faut avouer que nous avions des doutes sur la constance des performances de la Switch, mais Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin s’en est plutôt bien tiré avec seulement quelques rares chutes de framerate malgré des zones qui foisonnent de vie et une distance d’affichage pas honteuse.
Sans surprise, Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin est une belle trouvaille. Le contraire nous aurait fait mal sachant que le résultat est très proche de l’expérience du premier Monster Hunter Stories, elle-même déjà bien inspirée par la licence Pokémon. En découle un RPG très efficace qui mise énormément sur son gros contenu ainsi que sur des mécaniques stratégiques comme nous les aimons. Alors oui le titre se repose grandement sur ses lauriers, mais voyons-le comme une introduction réussie à la saga Monster Hunter ainsi qu’à ce genre qui lui permet de sortir de sa communauté habituellement si introvertie.
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- Des combats hautement stratégiques
- Animations en combats spectaculaires
- Généreux en contenu
- Très respectueux de la série d’origine
- Crafting relativement simplifié
- Des mécaniques qui restent obscures pour les nouveaux
- Une interface pas toujours intelligible
- Histoire pas dingue et clichée
- Des Monsties en roues libres parfois (souvent ?)
- Quêtes assez ternes