TEST Hi-Fi Rush : un jeu d'action musical que personne n'attendait, mais que vous auriez tort de manquer
par Auxance M.Tango Gameworks a surpris tout le monde en livrant un successeur spirituel à Sunset Overdrive et Jet Set Radio. Et il a totalement réussi son coup.
J'aurais voulu être une rockstar
À l'âge des reports en chaîne et de la communication étalée sur plusieurs années, Xbox, Bethesda Softworks et Tango Gameworks ont pris tout le monde de court en dévoilant et sortant la semaine dernière Hi-Fi Rush, un titre à 1 000 lieux des The Evil Within produits par le même studio. Et contrairement à la majorité des projets ayant déjà eu droit à un shadow droping, celui-ci a toute la carrure d'un grand.
Un ton agréable et détendu, digne d'un dessin animé matinal pour pré-adolescent.
Hi-Fi Rush n'est en effet en rien un jeu au rabais, mais presque une aventure qui aurait sa place parmi les plus mémorables du jeu vidéo. Il nous plonge dans un univers unique en son genre, celui de Chai, un garçon rêvant de devenir rockstar qui va participer au mystérieux Projet Armstrong, un programme d'amélioration cybernétique mené par Vandelay Technologies. Un accident de baladeur MP3 plus tard, il va se retrouver avec un bras robotique auquel peut se greffer une guitare de combat, et un certain sens du rythme.
Ces prémices loufoques amènent à une histoire tout aussi barrée, entre société abusant de ses employés robots, sombre projet secret et rock'n'roll. Elle garde toujours un ton agréable et détendu, digne d'un dessin animé matinal ou d'un comics pour pré-adolescent, avec tout de même une critique sous-jacente et amusante du monde du travail pour les adultes. Cette ambiance à la Martin Mystère ou Totally Spies vient aussi avec l'humour et les gentils messages qui vont avec. L'expérience est ainsi en permanence agréable et rigolote, mais aurait pu avoir un peu plus de mordant, que ce soit dans son humour, son cynisme ou même le charisme de ses personnages : les dialogues sont rarement si drôles ou percutants que cela, alors que tout y était pour mettre plus de vannes ou de belles phrases. Et il serait difficile de mettre cela sur le dos de la localisation française, la traduction étant accompagnée par des blagues assurément trouvée pour notre pays, et assurée par des doubleurs investis et parfaitement justes.
Ce sentiment de légèreté se retrouve aussi dans les graphismes, superbes et colorés. À la fois simple et précise, elle offre un monde en mouvement permanent, qui vibre littéralement au rythme de la musique, et dont le cel-shading ne sert pas de cache-misère, mais de véritable cachet esthétique. L'aspect dessin animé est donc également très présent dans le visuel, avec des animations fluides, un character design marqué, des cinématiques façon comics qui se mêlent parfaitement et sans transition à l'expérience jouable, et plein de détails et idées réussies. Le jeu n'est pas techniquement le plus poussé du marché, mais il est allé à fond dans la direction (artistique) qui a été choisie, sans faute : allez, pour chipoter, c'est vrai que les décors se répètent un peu, et nous aurions aimé voir autre chose que les bureaux et usines de Vandelay Technologies.
Branchez la guitare
Et dans cet emballage soigné, que nous réserve Hi-Fi Rush ? Le gameplay, autour duquel le reste de l'expérience a certainement été créé dans un second temps, se base donc sur le rythme, au travers de deux grands types de séquences, même si plusieurs passages viennent ponctuellement et savamment diversifier le concept. Il y a d'abord l'exploration, assez sommaire, nous demandant d'utiliser sauts, grappins et pouvoirs spéciaux de nos alliés, parfois alors que des plateformes apparaissent et disparaissent au fil du tempo. C'est simple, c'est efficace, mais ce n'est pas si divertissant que cela, ces phases n'étant ni très exigeantes, ni très fun, ni très précises. Il y a cependant quelques passages et éléments secrets à découvrir pour lire des messages cachés amusants ou obtenir de quoi débloquer des améliorations.
Des compositions originales rock efficaces.
L'autre grande partie du gameplay, c'est forcément les combats, qui se déclenchent dans des zones dédiées. Le rythme y est roi, alors que nous pouvons enchaîner les attaques rapides d'un temps et lourdes de deux temps, qui frappent automatiquement, mais encore plus fort si nous suivons la musique, et son tempo unique tout au long de l'aventure. Sous peine de les avoir achetés et de bien les lancer, des combos terrestres et aériens peuvent être déclenchés, avec un coup final plus ou moins puissant s'il est utilisé dans le bon tempo. Ajoutez à cela des sauts, des dashs, des parades, un grappin et des pouvoirs alliés avec chacun leur cooldown, des possibilités qui se débloquent au fil de l'aventure et de l'arrivée d'ennemis de plus en plus coriaces, et vous obtenez une recette riche et évolutive qui n'ennuie jamais.
Il y a plusieurs niveaux de difficulté, mais en choisissant la normale, vous ne devriez pas avoir de souci à boucler l'histoire. Tous les combats et niveaux sont notés de D à S en fonction de notre rapidité, notre style et notre précision, mais cela n'influe en rien sur la progression. Attendez-vous cependant à avoir du fil à retordre contre certains ennemis récurrents qui demandent de la réactivité, et lors de combats de boss parfois tendus. Car si les attaques passent avec plus ou moins d'efficacité, les parades demandent elles absolument d'être dans le bon timing, sous peine de subir des dégâts qui s'accumulent vite. Des cut-scenes obligatoires demandent parfois obligatoirement d'enchaîner parades et esquives sous peine de subir des dégâts et de recommencer, de véritables épreuves du feu qui ont eu le mérite de renforcer notre concentration et améliorer notre niveau de jeu. Car avouons-le, nous avons souvent eu du mal à lancer les combos et esquives comme nous le voulions, et avons bien galéré sur ces mini-jeux de parades, générant une frustration de laquelle nous nous serions bien passé, même si nous avons fini plus ou moins fini par prendre le pli.
Les plus investis pourront continuer à s'amuser dans la Tour du Rythme, un mode spécial avec des vagues d'adversaires à éliminer alors qu'un compte à rebours défile : pour le faire remonter, il va falloir enchaîner les coups et parades dans le rythme, car vaincre des ennemis ne suffira plus. De quoi s'occuper pendant encore quelque temps après la durée de vie d'environ 10 heures de la campagne principale, rejouable avec des défis de Time Attack supplémentaires dans certains niveaux (bloqués lors de la première partie, dommage) et donc des bonus à trouver.
Le rythme, le rythme : et la musique dans tout cela ? Terminons en parlant de la bande-son de Hi-Fi Rush, un autre point fort de l'expérience. Les compositions originales rock sont efficaces : sans être trop intenses, elles amènent une excellente vibe à nos parties, avec des sonorités uniques, de la variété et des mélodies cohérentes malgré tout. Là où le titre brille, c'est avec ses musiques sous licence : il sera difficile d'oublier les combats sur du The Joy Formidable ou The Prodigy, cette bataille contre un boss sur du Mozart ou ces cut-scenes idéalement montées sur le rythme de la musique.
Difficile de déconseiller Hi-Fi Rush tant il respire l'originalité, l'efficacité et la bienveillance. Doté d'une ambiance unique et universelle, il nous emmène dans une histoire certes assez basique, mais bien racontée, dense et légère, et surtout parfaitement mise en scène, avec des idées de plan et des enchaînements de séquences dignes de certains films d'animation. Ses batailles accessibles et fun donnent lieu à quelques bastons inoubliables, grâce à leur dramaturgie ou leur bande-son. Pourtant, nous aurions aimé qu'il soit encore plus drôle, plus explosif, plus musical, qu'il profite de combats mieux ciselés, et pourquoi pas en meilleure synergie avec des séquences de plateforme bateaux. Mais malgré ces défauts qui l'empêchent d'être un incontournable, et grâce à sa direction artistique et technique léchée et intemporelle, et son gameplay fun, il risque de faire date dans l'histoire du jeu vidéo, et de faire partie de ces jeux parfois rejoués, et souvent conseillés.
Vous pouvez acheter Hi-Fi Rush sur le Microsoft Store à 29,99 €.
- L'ambiance légère et bienveillante, digne d'une série animée
- La direction artistique colorée et la mise en scène parfaitement ciselée
- Les quelques morceaux qui dynamisent une bande-son rock déjà efficace
- Le gameplay fun et accessible
- Pas de vraie originalité dans les phases de plateforme
- La gestion des coups et parades en rythme parfois frustrante