No Straight Roads : Metronomik débarque sur le marché du jeu vidéo avec une licence originale qui ne risque pas de rentrer dans les annales.
Le sinueux chemin du succès
Sur le papier, bien qu'il soit le premier bébé du studio encore inconnu Metronomik, No Straight Roads a de quoi intéresser. Il est en effet conçu par Wan Hazmer, lead game designer de Final Fantasy XV, et Daim Dziauddin, concept artist sur Street Fighter V, ainsi que toute une équipe de talents en tout genre. Mais de bons développeurs font-il forcément un bon jeu ? La réponse dans notre test !
Le rock pourtant défendu par Mayday et Zuke n'est que très peu mis en avant.
Le concept de base de No Straight Roads est prometteur, avec un gameplay directement lié à l'univers musical du jeu. Nous suivons ici Mayday et Zuke, guitariste et batteur d'un groupe de rock indépendant, qui vont faire face à la tyrannie de No Straight Roads, magnat de la musique électronique qui a étendu son empire sur tout Vinyle City, jusqu'à prendre le monopole de la gestion de son énergie. Recalés au The Voice local dont les jurés sont les patrons de la société, ils vont se venger et redonner sa liberté (musicale) à la ville. Parce que oui, même si l'univers est inspiré des dystopies, personne ne semble trop malheureux d'écouter de l'EDM dans cette ville vivante et colorée, ni même de vivre sous l'égide de No Straight Roads.
Au-delà de sa direction artistique cartoon léchée, le monde de Vinyle City peine à vraiment se montrer accrocheur. Sur le fond, les principaux vilains ont un charisme très limité, y compris pour la méchante Tatiana, et le scénario ras des pâquerettes digne d'un dessin animé du dimanche peine à se montrer accrocheur. Et ce ne sont ni les raccrochages rapides aux passés des héros et le final mollasson qui feront de No Straight Roads un immanquable. Sans être horrible à suivre, la narration ne vole pas beaucoup haut, et les enjeux ne sont à aucun moment engageants. Sur la forme, les animations ont beau être fluides et l'univers pop et flashy, le petit budget se fait ressentir dans des graphismes austères et un monde qui sonne creux.
Sinon, côté musique et ambiance sonore, il y a de quoi être surpris, car le rock pourtant défendu par Mayday et Zuke n'est que très peu mis en avant. Il y a certes de rares morceaux instrumentaux du genre avec des sonorités plutôt sympas, mais globalement, la majorité des pistes est constituée de compositions électroniques de tout genre, lorgnant jusqu'à la drum&bass et la synthwave. Globament, la bande-son est cool et nous emporte facilement durant les combats, y compris lors d'un aparté hip-hop réussi et amusant. Mais pour une production dont la musique est la thématique principale, nous étions en droit d'en attendre plus.
Le topo n'est pas le même du côté du doublage français, pourtant tant mis en avant par Metronomik. D'accord, le travail de Kelly Marot et Donald Reignoux pour les héros renforce ce côté dessin animé du jeu, mais le fait que ces voix aient été entendues partout ou presque par le passé empêche de donner une vraie personnalité au titre. Et, désolé, mais quand la grande vilaine Tatiana nous menace avec la voix de la doubleuse de Julia Roberts, ce n'est pas inquiétant pour un sou. Pour le reste, c'est un peu le bazar : si certains boss ont droit à des discours plutôt sympathiques, la présence d'amateurs comme Julien Chièze se fait entendre, surtout que le personnage de ce dernier est loin d'être anecdotique. Ne faites enfin même pas attention à certains noms du casting comme Sora le vidéaste ou Kayane, ramenés juste pour donner trois phrases au travers de PNJ totalement inutiles et clairement juste placés là pour faire appel à des « célébrités ».
Mayday et Zuke contre le monde
Malgré son côté cartoon et léger relativement cool, No Straight Roads peine surtout à trouver son équilibre au niveau de son gameplay. Même s'il peut être de prime abord pris comme un jeu d'action avec un côté plateforme, pour faire simple, il s'agit avant tout d'un titre dédié aux combats de boss avec du scoring. Entre chaque niveau, nous avons accès à un hub avec quelques collectibles et des entrées pour ces combats de boss, sans déclencheur ni même de bouton d'action à activer. Les phases de « plateformes » sont dans tous les cas mal gérées, avec une lourdeur dans les déplacements et les sauts qui se retrouve dans les combats, et surtout des décors vides d'intérêt et d'interactivité, malgré la présence d'objets inutiles à observer et des fameux PNJ doublés qui ne servent à rien.
Il s'agit avant tout d'un titre dédié aux combats de boss avec du scoring.
La baston a seulement lieu dans le cadre de ces affrontements contre des boss, qui débutent par une courte série de minions à éliminer à travers plusieurs zones. Cette première phase va assez vite, mais manque d'intérêt, même avec le système de combat basé sur le timing. Toutes les attaques des ennemis sont lancées en rythme sur la musique, et s'il est parfois assez difficile de faire le lien entre les notes et les coups adverses, il faut surtout y voir des patterns à déceler pour élever son niveau de jeu. Cette mécanique est cependant plus intéressante lors des batailles contre les boss, avec plusieurs phases et souvent plusieurs manières de causer des dégâts.
Les attaques au corps-à-corps ne sont pas toujours permises, mais il est possible d'envoyer de rares projectiles, d'utiliser une parade pour renvoyer des attaques violettes puissantes, ou d'animer temporairement des objets avec le pouvoir de la musique. Sur une musique unique propre au niveau en cours, nous avons donc droit à des séquences assez riches et dynamiques (voire un peu chaotiques parfois) nécessitant maîtrise et adresse. La subtilité est que l'expérience est jouable en solo comme en coopération, et si vous êtes seuls, vous pouvez switcher de héros à tout moment. Cela ne change malheureusement pas grand-chose, les coups classiques et spéciaux de Mayday et Zuke ayant tous plus ou moins le même effet.
Les passages sont inégaux, autant sur le plaisir pris que sur la difficulté, mais il y a de quoi passer un bon moment pour les joueurs de tous niveaux, sans plus. Il est possible de continuer après sa mort sans game over en sacrifiant son score, et il y a bien évidemment plusieurs modes de difficulté qui se débloquent progressivement pour satisfaire tout le monde. No Straight Roads est tout de même très court, se bouclant en à peine quatre heures lors de votre premier passage. Il est pensé pour être joué et rejoué, mais avec seulement 6 ou 7 niveaux, dont certains qui manquent d'intérêt, seuls les puristes du scoring trouveront une raison de les refaire en boucle, et pas forcément avec l'enthousiasme qu'est sensé proposer un jeu avec des défis du genre. À côté de ça, des améliorations peuvent être achetées pour diversifier nos compétences, ou des stickers collés sur nos instruments pour obtenir des bonus, mais la différence effective est minime.
C'est donc un No Straight Roads en demi-teinte que nous avons ici sous les yeux. Univers qui sonne creux et pas assez accrocheur, bande-son efficace, mais pas inoubliable, narration trop légère pour un gameplay clairement dédié aux adultes, système de combat rarement fun, et véritable nature de boss rush englobée de phases pas des plus intéressantes, le titre peine à vraiment mettre le joueur dans sa poche. Si vous aimez les mondes cartoons et êtes un passionné de scoring, pourquoi pas, mais pour les autres, les quelques passages les plus agréables ne vaudront pas forcément le coup.
No Straight Roads est disponible pour 39,99 € à la Fnac.
- L'ambiance légère digne d'un dessin animé pour pré-ado
- Quelques combats en rythme plutôt cool
- Le scénario anti-EDM auquel même le jeu ne croit pas
- L'univers qui peine à prendre vie
- Le gameplay austère qui n'apporte que peu de plaisir en combat
- Très court si vous n'êtes pas tournés scoring