Call of Duty: Black Ops Cold War : Treyarch fait doucement évoluer la recette, du moins en solo. Parce qu'en ligne, c'est un retour aux sources trop classique.
Tout est une question de choix
Deux ans seulement après avoir accouché de Call of Duty: Black Ops 4, Treyarch est déjà de retour en 2020 pour nous proposer Call of Duty: Black Ops Cold War, un opus un peu particulier de par son développement plus court que la normale, qui inclut un mode solo contrairement au précédent volet du studio et qui se présente comme une suite au premier volet de la licence Black Ops, la plus appréciée des joueurs ces dernières années. Le pari était risqué, et mine de rien, Treyarch s'en sort bien, tout en faisant légèrement évoluer la franchise.
La campagne solo de Call of Duty: Black Ops Cold War apporte un petit vent de fraîcheur à la franchise.
Call of Duty: Black Ops Cold War se déroule au tout début des années 80, alors qu'un groupe d'agents des services secrets américains retrouve la piste de Perseus, un mystérieux espion communiste qui compte renverser les États-Unis depuis longtemps, l'équipe avait en effet déjà croisé sa route au Vietnam. Le joueur alterne ainsi des missions dans le présent, mais aussi essentiellement dans le passé des années 70, afin de retrouver des indices concernant ce Perseus et enfin lui mettre la main dessus. Il faut bien avouer que la campagne solo de Call of Duty: Black Ops Cold War apporte un petit vent de fraîcheur à la franchise, avec dès le début la possibilité de personnaliser son personnage avec son genre (masculin, féminin ou non genré), de lui donner un nom qui sera affiché en début de mission (les PNJ l’appelleront quoi qu'il arrive Bell), un passé dans la CIA, le KGB ou autre service secret qui est mentionné lors de quelques lignes de dialogue, et surtout des attributs de personnalité, qui là ont une influence sur le gameplay, avec par exemple une résistance aux dégâts, aux explosions, la possibilité de courir plus longtemps, de recharger plus vite, etc. Alors non, Call of Duty ne s'est pas transformé en jeu de rôle, cela reste très léger, mais le joueur a davantage le sentiment de contrôler un personnage qui lui correspond, plutôt qu'une paire de bras qui suit des ordres. D'ailleurs, au cours des missions, il est possible de choisir certaines lignes de dialogue, ce qui influe sur les réponses des PNJ, mais pas vraiment sur le déroulé de l'action, sauf en fin de campagne, avec également la possibilité d'épargner des cibles, qui refont surface plus tard. Eh oui, chose plutôt surprenante, Call of Duty: Black Ops Cold War dispose de trois fins majeures, dont une plutôt intéressante, pas du tout canon, mais qui renverse la vapeur dans les dernières minutes de la campagne.
Du côté du gameplay, il y a aussi un peu de changement. Une grosse partie du jeu consiste évidemment à tirer sur des ennemis avec un arsenal varié, le titre ne manque pas de séquences scriptées explosives, dont une course-poursuite d'un avion au décollage avec une RC-XD, mais Treyarch propose également des moments plus calmes, comme une séquence d'infiltration dans les rues de Berlin Est ou encore la visite d'une base communiste en y incarnant un agent double. Celui-ci doit faire rentrer l'escouade du joueur discrètement, et pour cela, eh bien, il lui faut une carte magnétique, et le joueur a le choix de l'art et la manière (crocheter des portes, assommer des gardes et cacher leurs corps) pour dénicher cet objet en explorant librement la base. Des moments plutôt réussis et qui apportent surtout un vent de fraîcheur à la franchise, même si cela saccage quand même pas mal le rythme. Les amateurs de retrogaming peuvent quant à eux s'amuser sur des bornes d'arcade parfaitement jouables, avec de vieux titres d'Activision, évidemment.
Une guerre vite expédiée
Au final, Call of Duty: Black Ops Cold War est vraiment court, la campagne solo se plie en un poil plus de cinq heures, et en prenant en compte ces passages « lents » plus orientés vers la réflexion et l'infiltration, le joueur reste un peu sur sa faim lorsque le générique arrive, malgré un final intense et une avant-dernière mission sous psychotrope qui n'est pas sans rappeler les derniers Far Cry, mais aussi bien évidemment les premiers Call of Duty: Black Ops.
Intéressant, proposant une bonne rejouabilité, innovant sur plusieurs éléments de gameplay, mais frustrant.
D'ailleurs, ce nouvel opus n'est pas exactement un vrai reboot, il propose quelques clins d’œil au premier volet de la licence, qui rappelleront de bons souvenirs aux joueurs, et qui en font ainsi une suite directe à Call of Duty: Black Ops, marquant le retour des bons vieux Hudson, Woods et Mason dans la campagne. Cependant, ce ne sont pas eux qui sont vraiment au centre du scénario, c'est un certain Adler, sosie de Robert Redford chargé de l'affaire par le président Reagan. L'histoire principale de Call of Duty: Black Ops Cold War revisite la Guerre froide à sa manière, se basant sur des faits réels et en les déformant, souvent à l'avantage des Américains d'ailleurs, pour plonger le joueur dans une traque de Preseus qui passe par de gros headshots au M16, mais aussi par de la recherche d'indices dans les missions. Plus que des collectibles, ces indices sont à retrouver sur un tableau des preuves (hub de la campagne servant à rejouer les missions) et à analyser pour débloquer deux missions secondaires. Oui, des missions secondaires dans un Call of Duty, c'est surprenant, et mieux encore, il faut connecter ses neurones pour résoudre ces énigmes, pas si simple au premier abord. L'intérêt de faire un peu évoluer la franchise est donc palpable, mais à cause d'un nombre de missions rachitiques, d'une durée de vie faiblarde et d'un rythme un peu saccadé, Call of Duty: Black Ops Cold War reste frustrant. Intéressant, proposant une bonne rejouabilité, innovant sur plusieurs éléments de gameplay, mais donc frustrant par son manque de vrais moments épiques comme la licence nous le propose si bien d'habitude.
Graphiquement parlant, Call of Duty: Black Ops Cold War est de ces jeux qui se retrouvent entre deux feux, car développé pour deux générations de consoles différentes. Nous l'avons testé sur Xbox Series S, et le titre de Treyarch est ici dans la veine des précédents opus, les textures sont très propres, le studio a soigné la modélisation des personnages (Reagan est criant de réalisme dans les cinématiques), l'éclairage et les reflets sont soignés, le jeu n'est pas avare en effets visuels pour chatouiller la rétine des plus exigeants, mais ce n'est pas non plus une vitrine technologique, et de toute façon, aucun Call of Duty n'a jamais cherché à l'être. Là où le jeu impressionne, c'est par sa bande originale, composée par Jack Wall (Mass Effect, et les Black Ops depuis le II), qui reste très martiale, mais qui cette fois se fait entendre, avec des thèmes musicaux très présents au cours des missions et qui renforcent l'intensité de l'action. Il fallait au moins ça pour compenser la rareté des titres musicaux de l'époque, il y en a très peu tout au long de l'aventure, et ils ne durent que quelques secondes. Treyarch n'a sans doute pas voulu tomber dans le cliché de nous balancer du Jimi Hendrix ou Creedence Clearwater Revival, mais les amateurs de musiques des années 70 sont frustrés.
Du pur Black Ops en ligne
Call of Duty: Black Ops Cold War, c'est aussi du multijoueur, mais là, vous pouvez oublier tout ce qui a été dit sur l'originalité et la surprise dans la campagne solo, Treyarch ne fait que réciter sa leçon, qu'il connaît par cœur depuis plusieurs années. Mais quand le poème est si joliment récité, pourquoi changer quoi que ce soit ?
Treyarch ne fait que réciter sa leçon, qu'il connaît par cœur depuis plusieurs années.
Le joueur retrouve ainsi des modes multijoueurs qu'il connaît sur le bout des doigts, avec du Match à mort par équipe, de l'Élimination confirmée, de la Domination ou encore de la Recherche et Destruction, c'est classique, mais toujours aussi efficace. Le gameplay est nerveux et rapide, les joueurs peuvent courir sans limites et faire des glissades, recharger tout en continuant de viser dans la mire et la vie se régénère toute seule. Les dix cartes incluses au lancement sont variées, comme toujours de tailles assez resserrées et les développeurs ont voulu éviter le camping avec des Scorestreaks (qui remplacent les Killstreaks) qui ne sont plus annulés à la mort d'un joueur. Sur le papier, c'est bien, mais dans les faits, ça campe toujours, et les très bons joueurs ont rapidement des atouts ultra puissants pour rendre la partie ennuyeuse (se faire tuer au respawn par un hélicoptère d'attaque, toujours un plaisir dans un Call of Duty, ça ne change pas). Treyarch introduit quand même le mode Escorte de VIP, inspiré par Counter-Strike 1.6 de la belle époque où chaque équipe inclut un membre très important, équipé seulement d'un pistolet, qu'il doit escorter jusqu'à un point d'évacuation sans qu'il se fasse abattre par l'équipe adverse. Et les joueurs peuvent également se tourner vers le mode Bombe sale, où 10 équipes de quatre personnes s'affrontent sur une grande carte, devant récolter de l'uranium dans des coffres (ou sur le corps des ennemis) puis l'apporter à un emplacement de bombe pour la faire exploser et recouvrir une partie de la map de gaz toxique. Il est ici possible de relever ses alliés s'ils sont simplement blessés, et de réapparaître à leurs côtés plus rapidement. Ça sent l'esprit Battlefield, même si ces fonctionnalités étaient déjà présentes dans la Guerre terrestre de Call of Duty: Modern Warfare. Entre les parties, les joueurs peuvent personnaliser leur attirail avec des accessoires pour les armes et des atouts, et il faut noter quelques nouveautés bienvenues, comme un système de ping pour pointer une zone ou un danger avec la croix directionnelle, du cross-play (à activer ou désactiver dans les options) et même un réglage de champ de vision (le FOV), bien connu des joueurs PC, mais beaucoup moins sur consoles de salon. Des options évidemment disponibles dans le mode Zombies.
Eh oui, les Black Ops sont cultes pour les modes Zombies passionnants, le quatrième opus a un peu rebooté le scénario, et Call of Duty: Black Ops Cold War part sur de nouvelles bases avec Die Maschine, premier chapitre de Dark Aether, un nouveau scénario présenté comme une version revisitée et améliorée de Nacht Der Untoten. Les joueurs retrouvent ainsi leur attirail du mode multijoueur, mais peuvent évidemment acheter des armes sur la carte, avec un degré de rareté évoluant en fonction de la puissance, retrouver la fameuse machine Pack-A-Punch pour modifier l'effet des balles, ou encore obtenir des armes ultimes dans la Boîte Mystère, en ayant de la chance. Les Power-Ups, pour éliminer les zombies rapidement, refaire le plein de munitions ou simplement gagner davantage de points, sont eux aussi de la partie, pour une expérience Zombies classique, mais qui ravira les fans de l'époque. Petite nouveauté, les joueurs peuvent opter pour le mode classique avec des vagues infinies, ou un mode avec 20 vagues, il faut alors appeler les renforts avec une radio, ce qui aura pour effet d'ameuter un tas de morts-vivants, mais la récompense est élevée. Concernant cette première carte, elle est grande et labyrinthique, avec de nombreux passages à ouvrir contre de l'argent pour évoluer dans le niveau, et les joueurs vont avoir de quoi faire pour dénicher les secrets. Une seule carte au lancement, c'est faible, mais elle est finalement immense et riche, conçue pour occuper les fans pendant un bon moment, et les autres maps seront gratuites à leurs sorties. Enfin, les amateurs de morts-vivants et d'action peuvent retrouver le mode Dead Ops Arcade 3: Rise of the Mamaback, un mode coopératif avec un gameplay en vue de dessus, façon top down shooter, demandant d'éliminer un tas de zombies pour avancer dans les niveaux, une ambiance arcade fun et amusante entre amis. Comme si cela ne suffisait pas, le Battle Royale Call of Duty: Warzone est inclus, même si le titre est free-to-play.
Call of Duty: Black Ops Cold War est une bonne surprise pour la franchise. Malgré un an de moins pour le développement, Treyarch nous propose ici un vrai Black Ops, avec un scénario sympathique et qui ose surtout faire enfin évoluer la licence, avec un gameplay plus varié et de petites options de personnalisation qui font du bien. Cependant, la campagne solo manque de rythme et est bien trop courte, se terminant sans réellement marquer le joueur. Restent les modes Multijoueur et Zombies, qui sont ultra classiques, ne font pas évoluer la recette, mais proposent un gameplay et une expérience de jeu qui ravira les fans de la franchise Black Ops. Un opus qui ose, qui se rate parfois, mais qui reste au final un Call of Duty solide.
Call Of Duty: Black Ops Cold War est disponible à 56,99 € à la Fnac.
- Une campagne au gameplay varié
- Des nouveautés dans le mode solo, avec plusieurs fins
- Un mode multijoueur solide
- Un mode Zombies prometteur
- Campagne très courte, manquant de rythme
- Pas de nouveautés dans les modes multijoueurs
- (Ça campe toujours, malgré les Scorestreaks)
Clint008 Rédacteur - Testeur |