TEST de Age of Empires III: Definitive Edition, entre Nouveau Monde et vieilles gloires
par Christophe ÖttlAge of Empires III: Definitive Edition : Les empires coloniaux se sont mis sur leur 31, mais ont-ils fait plus que cela ?
Le retour des colons
C’était il y a tout juste quinze ans qu’Age of Empires, troisième du nom, débarquait sur nos côtes. Une arrivée notable étant donné le prestige de la saga, qui nous fait toujours parler d’elle avec respect et nostalgie. L’histoire fera de cet opus le moins marquant de la trilogie, mais un excellent RTS, en particulier grâce ses innovations et son système de métropole. Age of Empires III: Definitive Edition rend-il hommage à cet épisode sous-estimé et à son ADN progressiste ou se contente-t-il du strict minimum ? C’est la question que nous avions en tête au moment de tester ce remaster.
À nos yeux ce remaster est bon, mais c’est avant tout parce que le jeu original l'est énormément.
Là où Age of Empires III: Definitive Edition était le plus attendu au tournant, c’était évidemment sur la partie graphique, minimum syndical pour une version remastérisée. Les roulements de tambour sont inutiles puisque Tantalus Media et Forgotten Empires réussissent haut la main cette épreuve. Le jeu est indéniablement plus vivant qu’en 2005 et bien plus fin. Si le choc graphique n’est pas aussi grand par rapport aux Definitive Edition des deux premiers volets, le résultat n’en reste pas moins de bonne facture. Le moteur ne fait cependant pas de miracle par rapport à l’animation très (trop) old-school des personnages. Consolons-nous avec la mise à niveau des résolutions qui nous permet de profiter du jeu sur nos appareils modernes, y compris ceux qui supportent la 4K.
Plus que l’évolution graphique, c’est la modernisation de l’interface qui nous a fait plaisir en forgeant nos empires. Age of Empires III: Definitive Edition est à cet égard bien plus lisible que la version originale. Il dispose d’ailleurs de trois types d’IU, dont une qui fait la part belle à nos souvenirs de conquérant tout en étant plus souple à l’écran. L’identification de chaque unité peut parfois sembler délicate étant donné leur petite taille et la barre de vie riquiqui au-dessus de leur tête, mais dans l’ensemble c’est bien plus jouable de nos jours que la version 2005 qui commençait à prendre sérieusement la poussière de ce côté-là. Nous aurions aimé que la transformation aille encore plus loin, notamment en donnant plus d’options de personnalisation. Certains réglages étaient tout simplement impossibles à changer ou très bien cachés. Nous pensons immédiatement aux notifications sonores, indispensables dans un RTS, mais ici très agaçantes puisque les alertes de combats (entre autres) résonnent même quand vous avez les yeux dessus et il est assez frustrant de ne pouvoir ni les couper ni baisser leur volume. Loin de nous l’envie de jouer les petites natures, mais il arrive que nous ne soyons pas loin de la cacophonie.
Belle tentative
Comme tout bon remaster, Age of Empires III: Definitive Edition embarque tous les contenus additionnels en plus du jeu de base, soit pas moins de quatre campagnes et 14 civilisations. Pour notre plus grand plaisir, le remodelage de 2020 va cependant plus loin en proposant du contenu totalement inédit. C’est assez rare pour être apprécié, mais très franchement, c’est loin d’être la qualité première de cette édition.
Un tutoriel pas assez complet.
Prenons par exemple l’un des deux nouveaux modes, baptisé Art de la guerre. Son intérêt est relativement limité vu qu’il combine de très brefs tutoriels en vidéo avec des mini-défis qui mettent en pratique ce que vous venez de voir en images. En théorie, c’est un bon moyen pour débuter si vous n’avez jamais touché à un RTS et/ou à la version originale d’Age of Empires III. Dans la pratique, le tutoriel n’est pas assez complet pour couvrir la richesse du jeu, laissant ainsi des zones d’ombre dans l’esprit du joueur au moment de passer aux choses sérieuses. Réussir les défis avec le score le plus élevé est par ailleurs assez pénible pour certains d’entre eux et pas vraiment gratifiant par rapport à une bonne vieille escarmouche bien plus didactique.
Il y a quand même de bonnes choses à retenir dans le contenu ajouté à cette Definitive Edition. Le second mode appelé Batailles Historiques est à ce titre une excellente initiative. Contrairement aux campagnes qui sont plus ou moins fantasques, Tantalus Media et Forgotten Empires misent sur des évènements réels que les joueurs pourront revivre le temps d’une mission. C’est intelligent et lesdites missions sont assez finement réalisées pour être des challenges intéressants. Le hic dans cette affaire c’est que nous aurions aimé que ce mode aille beaucoup plus loin. Il n’y a en tout que six batailles historiques qui vous prendront environ 30 à 45 minutes chacune. Difficile de ne pas rester sur sa faim une fois le mode bouclé. La logique veut que vous vous tourniez vers les campagnes déjà connues du jeu à l’issue de cette expérience, ce qui devrait vous occuper une petite trentaine d’heures supplémentaires, mais celles-ci sont déjà moins funky et avec des mécaniques beaucoup plus bateau. Reste qu’Age of Empires III: Definitive Edition nous propose un ultime cadeau sous la forme de deux civilisations exclusives que sont les Suédois et les Incas. C’est de loin ce que le jeu a de mieux à offrir et c’est avec ces nations que vous risquez de passer le plus de temps. Là encore, il y a comme un petit goût de revenez-y qui nous laisse dire qu’un rab avec d’autres nations n’aurait pas été de refus.
Du vieux avec du vieux
Une fois la touffe de nouveauté soulevée, il ne reste finalement que le titre brut tel que nous l’avons laissé en 2005. Un jeu d’une incroyable richesse, qui s’avère être encore aujourd’hui un excellent cru de stratégie en temps réel. Profiter d’Age of Empires III est tout à fait possible de nos jours, et c’est même ce que nous vous conseillons de faire en ligne avec un système de matchmaking moderne que nous sommes assez contents de voir. Nous n’allons pas vous refaire le test d’un jeu ayant déjà quinze bougies, mais sachez simplement qu’Age of Empires III est un RTS particulièrement dynamique qui bénéficie, comme nous l’avons dit dans l’introduction, du système de métropole qui vous permet d’importer rapidement des unités, ressources et améliorations en échange de points d’expérience obtenus au cours de la partie.
Age of Empires III a le gameplay et les bonnes idées pour lui, mais il est aussi caduc sur pas mal de points qui pouvaient passer en 2005 et plus de nos jours. La Definitive Edition ne corrige pas les problèmes évidents de pathfinding par exemple. Un souci assez majeur dans un jeu de stratégie, puisqu’il arrive très souvent que vos unités (et en particulier vos navires) fassent n’importe quoi avant d’aller au casse-pipe sans le vouloir en passant par le territoire ennemi. Si vous êtes rôdés avec les RTS, d’autres éléments devraient vous faire grincer des dents. Nous pouvons citer l’intelligence artificielle pas toujours fiable et le fait qu’une unité ne puisse s’intégrer qu’à un seul groupe de contrôle à la fois. Le plus archaïque reste encore de ne pouvoir construire qu’un nombre limité de tours de défense.
La note finale a du mal à représenter exactement ce que nous pensons d’Age of Empires III: Definitive Edition. À nos yeux ce remaster est bon, mais c’est avant tout parce que le jeu original l'est énormément et que cette remise au goût du jour permet de vous y faire jouer dans les meilleures conditions, et pour pas trop cher en plus du reste. Pour aller au bout de notre pensée, cette version nous parait un peu timide dans ses modifications et aurait clairement gagné à en faire plus, même si ses ajouts sont bienvenus pour la plupart. Évidemment, nous nous serions bien passés des handicaps nous rappelant régulièrement que le jeu est déjà d’un certain âge et qu’il ne conviendra pas forcément à ceux qui n’ont pas un minimum de patience avec des mécaniques datées.
Vous trouverez Age of Empires III: Definitive Edition à la Fnac à 19,99 €.
- Mise à jour graphique
- Bonne durée de vie
- Nouveau contenu...
- Interface plus clean
- Des réglages impossibles à modifier
- Des campagnes assez basiques
- ...qui reste trop timide
- Un peu trop vieux sur certains points (IA, pathfinding, nombre de tours...)