Nitro, ni pas assez

Ce n’est pourtant pas une tâche facile de fédérer qui que ce soit avec le postérieur entre deux chaises. À mi-chemin entre les Predator, résolument orientés gaming, et une gamme plus polyvalente comme l’Aspire, l’Acer Nitro 5 a la lourde tâche de convaincre ceux qui veulent de la puissance sans les défauts et excès des PC pour gamer. Son premier geste allant dans ce sens c’est évidemment son design plus sobre. Intégralement noir sans fioritures colorées sur le capot, le Nitro 5 se contente de quelques frises graphiques sur une grande partie de son plastique durci. La charnière rouge est le seul élément coloré que vous trouverez avant d’ouvrir le laptop. Une fois l’écran soulevé, c’est sur un clavier rétroéclairé rouge écarlate que vous tomberez nez à nez, ultime relique qui nous rappelle que les jeux vidéo sont malgré tout dans l’ADN du Nitro 5. Pas forcément choquant, même pour les allergiques aux RGB, cette touche de couleur donne au contraire un aspect plutôt classe à l’appareil, nous signalant au passage que nous ne sommes pas sur un produit d’entrée de gamme. Un constat qui contraste avec une matière qui retient trop facilement les traces de doigts. Un défaut qui fait tache, c’est le cas de le dire...

Celui-là s’est assuré d’avoir un bon équilibre entre l’aspect confort et le côté fonctionnel.

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Si vous avez encore des doutes sur son envie de jouer sur les deux tableaux, sachez que le Nitro 5 a été ajusté pour être pratique. Contrairement à la plupart des PC gamer qui n’ont de portable que le nom, celui-là s’est assuré d’avoir un bon équilibre entre l’aspect confort et le côté fonctionnel. C'est ainsi que nous nous retrouvons avec un ordinateur plus fin que la moyenne, seulement 2,7 cm d’épaisseur. Un constat qui se ressent aussi au niveau du poids puisque le Nitro 5 ne pèse que 2,7 kg, soit moins que la plupart des PC ayant ses performances. Son chargeur est également allégé ce qui donne au final une belle bécane confortable à utiliser sur ses genoux et facile à transporter si besoin. Nous n’avons pas testé sa résistance pour savoir si ce gain de place se paye par une solidité en berne, mais le pari d’une clientèle cible plus large nous parait réussi.

Côté connectique, nous pourrions être amplement satisfaits par l’offre du Nitro 5. Après tout, nous avons tout le nécessaire à notre bonheur. Deux beaux ports USB 3.0, un USB 2.0, un USB Type-C, une sortie HDMI, une prise Jack et bien sûr l’indispensable RJ45 pour pouvoir jouer correctement en étant branché directement sur la box. S’il est déjà possible de faire des folies de notre corps avec ceci, notons qu’il s’agit quand même du strict minimum pour un PC qui vise le haut de gamme et accessoirement le multimédia.

Apparemment considéré comme has been, le lecteur de carte SD a été remisé dans le même placard que le lecteur CD qui se fait de plus en plus rare. Nous aurions pu en rester là si Acer n’avait pas fait un positionnement hasardeux en ce qui concerne le flanc droit de l’ordinateur. Une zone forcément plébiscitée (eh oui, la terre est remplie de droitier) par les utilisateurs qui s’empresseront de brancher leur souris dans l’unique port USB situé de ce côté. C’est aussi sur cette tranche que se situe le branchement du chargeur ainsi que celui de la prise Jack, le tout étant relativement proche. Vous nous voyez sans doute venir avec nos gros sabots : les différents composants sont trop à l'étroit et peuvent se gêner mutuellement. Ce n’est pas une fatalité, pas plus que ce n’est rédhibitoire, mais c’est suffisamment gênant et mal pensé pour être souligné.

Balèze, mais inconfortable

Son objectif est double, mais niveau performances, c’est à nouveau du côté du jeu vidéo que le Nitro 5 se dédie corps et âme. Trop puissant pour une simple utilisation bureautique, même complexe comme le montage vidéo, le laptop n’a d’autres raisons de vivre que de faire marcher les jeux du moment et ceux à venir. Pour cela, le modèle qui nous a été proposé en test a sorti du beau matos, à commencer par un processeur Intel i7-9750H cadencé à 2,60 Ghz (4,50 Ghz en mode burst).

Le Nitro 5 n’est pas là pour rigoler, mais pour s’assurer que vous puissiez faire tourner n’importe quoi.

Du beau monde auquel une très convaincante GeForce GTX 1660 Ti à 6 Go de mémoire vient se rajouter. Elle n'est sans doute pas de poids face à une RTX, mais elle fait clairement le café pour ce Nitro 5 qui s’assure de ne pas avoir de lacunes dans ses performances graphiques. Avec tout cela vous prendrez bien une RAM à 16 Go avec la possibilité de la faire passer à 32 Go si c’est une machine de guerre dont vous avez besoin. Le stockage à plus de 1 To vient compléter ce portrait robot flatteur accompagné d’un SSD de 256 Go. Bref vous l’avez compris le Nitro 5 n’est pas là pour rigoler, mais pour s’assurer que vous puissiez faire tourner n’importe quoi avec tous les paramètres poussés au maximum. Vu son prix et ses prétentions haut de gamme, il s’aligne finalement sur ce qu’Acer a déjà pu faire avec les Predator, ce qui en fait une bonne alternative.

Sa résistance face à l’adversité n’est en revanche pas aussi bonne. Le Nitro 5 paye son design léger et fin par une montée en degré volcanique au moment de faire cracher les pixels des jeux les plus gourmands. Rien d’alarmant en ce qui concerne la température des composants, mais la sensation de chaleur qui se répand un peu partout dès qu’ils sont activement sollicités est plutôt désagréable. Un malheur n’arrivant jamais seul, la chaleur s’accompagnera forcément d’une mise en route des puissants ventilateurs qui ornent le Nitro 5. De quoi faire descendre la température de la machine au prix d’un bruit sourd qui ne devrait pas déranger un porteur de casque audio, mais qui peut s’avérer pénible dans le cas contraire.

Peut mieux faire avec l’écran

Quitte à faire des reproches au Nitro 5, autant continuer avec son écran qui n’est pas la meilleure chose qui soit arrivée à l’ordinateur. Pour parler technique, nous sommes face à une dalle IPS de 17,3", soit 43,9 cm de diagonale. Pas de 4K ici, c’est la norme Full HD en 1920x1080p qui a été respectée. Nous repasserons en revanche pour le taux de rafraichissement qui est limité à 60 Hz, une donnée qui ne fait pas du Nitro 5 le candidat idéal à la fluidité des images. Les résultats observés sur les jeux testés sur la machine restent cependant assez corrects.

Une donnée qui ne fait pas du Nitro 5 le candidat idéal à la fluidité des images.

Borderlands 3 obtient par exemple 50 images par seconde en moyenne avec la qualité des graphismes réglée sur Ultra, The Surge 2 a quant à lui 60 images par seconde en moyenne avec les paramètres à fond tandis qu'Ancestor: The Humankind Odyssey écope de 30 images par seconde, toujours dans les mêmes conditions. Pour changer de registre, disons que le Nitro 5 n’est pas un champion en ce qui concerne la colorimétrie non plus. L’équilibre de la température des couleurs est par exemple respecté, mais l’écran affiche un taux de contraste un peu trop faible. Comme pour la température et la connectique, rien de bien grave, d’autant que nous avons un ordinateur qui reste très agréable à utiliser pour les jeux vidéo, mais aussi pour toute autre chose. Il faut juste accepter au préalable que votre engin ne soit pas optimisé graphiquement...

Côté audio en revanche rien à dire. L’appareil se comporte comme un chef pour restituer un son spatialisé. Nous pourrions chipoter avec un léger manque du côté des basses et une sortie sonore à peine meilleure avec un casque que sans, mais dans l’ensemble nous avons affaire à un bon élève.

Les détails qui tuent

Pour que ce tour du Nitro 5 soit complet, il manque bien sûr l’autonomie à évoquer ainsi que deux, trois petites choses. Avec une utilisation « normale », en gros en faisant des tâches de bureautique de base, Acer évoque une durée de vie de 7 heures pour la batterie. C’est plus ou moins proche de ce que nous avons pu expérimenter, bien que dans les faits l’énergie parte beaucoup plus rapidement dès qu’un jeu est lancé (ça marche aussi avec les films). Il nous a fallu un peu moins de trois heures pour vider notre batterie sur les jeux cités plus haut.

L’Acer Nitro 5 reste un engin de bonne facture.

Un dernier mot à destination du clavier flashy qui se paye au moins le luxe d’être performant. Rien de faramineux, mais il s’avère aussi confortable à utiliser pour le traitement de texte que pour jouer durant de longues sessions. Notons au passage la présence d'un pavé numérique ainsi qu'un raccourci du programme NitroSense directement sur le clavier. Un outil qui a le bon goût d’offrir des informations pertinentes sur l’état du CPU et du GPU. C’est aussi par là que vous pourrez contrôler le fonctionnement des ventilateurs, les paramétrer si besoin, gérer l’alimentation ou encore surveiller la température des deux composants. Un bonus qui ne se refuse pas, mais qui ne va pas vous changer la vie non plus.

Cet Acer Nitro 5 est au final un ordinateur difficile à situer. Un PC gamer certes, mais qui n’a pas l’air de s’assumer en tant que tel. Bien que ce soit un gros indice, ce n’est pas uniquement le design tout public, ou presque, qu’arbore la machine qui nous fait dire ça. Nous pensons davantage à la panoplie incomplète du Nitro 5 qui combine la puissance nécessaire pour s’adonner aux jeux vidéo dans les meilleures conditions, mais qui ne va pas au bout des choses avec un écran pas optimisé pour le hardcore gaming ou des connectiques limitées. C’est aussi un ordinateur qui vise un certain confort de prise en main que ce soit par son clavier, sa finesse ou sa légèreté, mais qui rend la pratique des jeux les plus gourmands moins agréable à cause de problèmes de chauffe et de ventilateurs bruyants que nous ne retrouvons pas dans certains PC aussi balèzes. En choisissant la voie du milieu, Acer nous interpelle avant de nous combler puisque le Nitro 5 reste un engin de bonne facture qui devrait tout de même satisfaire la plupart de ses acquéreurs.