TEST - Never Alone : une petite douceur glacée qui réchauffe le cœur

Nuna est une petite fille qui adore chasser et qui le fait plutôt bien. Membre de la tribu des Iñupiat, vivant en Alaska, elle va assister, impuissante, à la naissance d'un blizzard interminable. Ces bourrasques incessantes remplacent les caresses sur les visages et empêchent les villageois de vaquer à leurs occupations. Pour Nuna et les siens, c'est la famine qui guette, mais la jeune héroïne a décidé de prendre son destin en main en allant directement à l'origine du mal. La voilà partie pour une aventure périlleuse, durant laquelle elle fera la rencontre d'un petit renard des neiges, mais aussi d'un homme bizarre et dangereux.

C'est beau, tellement glacial, et parfois triste, mais c'est beau.

Sous ses airs de Kirikou au pays des Esquimaux, soit de conte pour enfants, Never Alone cache en fait un recueil sur l'univers Iñupiaq, un peuple vivant aux antipodes de l'urbanisme et de la technologie qui nous font autant qu'ils nous détruisent. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les collectibles du titre permettent de débloquer des petits documentaires sur les us et coutumes des Iñupiat. En ce sens, cet OVNI vidéoludique dépasse le cadre du simple jeu vidéo pour devenir une source de témoignages et de tranches de vie, dans la pure des traditions de ce que nous pourrions trouver sur la chaîne Arte. C'est assurément la plus grande force de Never Alone : transporter dans l'inconnu - ou le méconnu - pour mieux aider à comprendre des habitudes que nous ne soupçonnions pas sur nos canapés chauds et douillets. C'est beau, tellement glacial, et parfois triste, mais c'est beau.

Sans jeu de mots aucun, la réalisation de Never Alone souffle bel et bien le chaud et le froid. Le froid parce que, au sens figuré, forcément cela se passe en Alaska et que l'atmosphère, intimiste et épurée, suinte le vide. Comme le calme avant la tempête. Au sens propre, c'est le chaud du spectre. Au figuré, le froid vient ternir le spectacle avec des soucis techniques, à commencer par du tearing incompréhensible (déchirure de l'écran) et des bugs de collision. C'est dommage, car la direction artistique est une franche réussite, avec des petits détails qui frisent le respect et une patte unique.

Bien évidemment, il ne faut pas s'attendre à des envolées musicales puisque le but, ici, est de retranscrire l'ambiance en Alaska. Pour accompagner notre périple en solitaire, nous avons quand même droit à une voix off. Un érudit qui ramène à la réalité autant qu'il sert de guide.