CRITIQUE de Monster Hunter : des monstres, du sable, mais toujours pas de talent
par Amaury M. , Martial DucheminLa fine équipe à l'origine de la saga de films Resident Evil remet le couvert, avec de gros monstres de Capcom au menu.
Paul W.S. Anderson (à ne pas confondre avec Paul Thomas Anderson, bien plus respectable dans sa filmographie), s'est fait un nom en adaptant sans talent au cinéma Mortal Kombat et surtout les Resident Evil, une saga à s’arracher les cheveux, mais qui a rapporté de l'argent. Constantin Film et Capcom étaient donc contents, ils ont décidé de remettre le couvert, toujours en compagnie de Milla Jovovich (femme du réalisateur) avec la licence Monster Hunter. Nous laissons toujours le bénéfice du doute à Paul W.S. Anderson, à l'origine de l’excellent Event Horizon : Le Vaisseau de l'au-delà, avant de nous lancer dans le visionnage, mais comme il fallait s'en douter, le résultat est encore une fois loin d'être bon.
Capcom, Constantin Film et Paul W.S. Anderson nous ont habitués à pire.
Monster Hunter débute dans un monde qui n'est clairement pas le nôtre, sur un bateau pirate voguant sur le sable, et se faisant attaquer par une énorme créature, éjectant l'un de ses passagers. Sans transition, nous retrouvons Milla Jovovich qui incarne ici la capitaine Natalie Artemis, accompagnée de son équipe Bravo à la recherche de l'équipe Alpha, disparue dans le désert. L'escouade se fait surprendre par une étrange tempête et atterrit dans un monde désertique, puis se fait agresser par la même grosse bête qu'au début du film, qui s'avère être un Diablos, créature emblématique des jeux de Capcom. Bon, nous n'allons pas faire le déroulé du film, qui traîne quand même beaucoup en longueur. Sur 1h45 au compteur, générique inclus, le long-métrage reste près d'une heure entière dans ce même désert de sable avec seulement deux monstres différents, enchaînant les séquences d'action avec quelques dialogues peu inspirés, et la dernière partie du film n'est finalement pas très rafraîchissante, le spectateur est abandonné avec un cliffhanger qui appelle sans doute une suite et une énorme envie de boire de l'eau tant il y a du sable partout dans ce film.
Si les dialogues sont plats (mais peu nombreux), Monster Hunter pèche surtout par ses personnages. Impossible de dire qu'ils sont mal écrits, car finalement, ils n'ont rien pour eux. Aucun passé, aucune synergie entre eux, la relation avec les deux protagonistes principaux peine à décoller, le personnage de Ron Perlman n'apporte absolument rien à l'histoire, et surtout, ils enchaînent les actions totalement illogiques, attention à ne pas vous blesser à force de vous cogner le front devant ce film. Pas question de spoiler trop, mais par exemple, les militaires de l'équipe Bravo passent des plombes à tirer sur Diablos, alors qu'il suffit de quelques secondes pour voir que ça ne marche pas. Et quand Artemis croise enfin un inconnu (l'excellent Tony Jaa, qui peine ici à exprimer son talent) qui pourrait lui expliquer la situation (elle vient quand même d'être téléportée dans un monde parallèle avec d'énormes monstres), eh bien, elle ne trouve pas mieux que l'attaquer lui aussi.
Musicalement, Monster Hunter est par contre un échec. C'est Paul Haslinger qui s'est occupé de la bande originale, surtout connu pour avoir été membre de Tangerine Dream à la fin des années 80. Déjà derrière les musiques des films de Paul W.S. Anderson comme La Course à la mort ou Les Trois Mousquetaires, Haslinger livre ici un thème musical électronique peu inspiré, davantage en hommage à Klaus Schulze qu'aux pistes sonores des jeux de Capcom, même si quelques envolées épiques sont là pour accompagner l'action. Mais les sonorités ultra synthétiques font totalement sortir le spectateur du film, là où quelque chose de plus brut, à l'image de l'équipement fabriqué par les personnages avec ce qui leur passe sous la main, aurait été bien plus adéquat pour correspondre à l'image et l'ambiance globale.
Pour autant, le film n'est pas totalement à jeter et les fans peuvent même voir que les producteurs ont fait des efforts. Car mine de rien, l'esprit de la franchise vidéoludique est là, passant par la préparation de l'équipement, la cuisine et le rapport à la nourriture et donc la chasse aux monstres en visant leurs points faibles, ce sont autant de mécaniques de jeu qui fonctionnent plutôt correctement dans le film Monster Hunter, même s'il semble évident que Paul W.S. Anderson coche parfois des cases juste pour contenter les fans, mais au moins a-t-il la décence de ne pas faire n'importe quoi, comme avec les Resident Evil. Le réalisateur n'oublie également pas ses marques de fabrique, avec de nombreux plans au ralenti et des combats au corps-à-corps ultra nerveux et souvent chaotiques (alors que Tony Jaa est capable de tellement mieux, quel gâchis, regardez Ong-bak), c'est du 100 % labellisé PWSA, même si le montage n'est heureusement pas aussi épileptique qu'attendu, merci Dobbie White de vous être calmé sur le banc. Cependant, pas mal de séquences sont quand même éclairées n'importe comment, il faut plisser des yeux pour s'y retrouver lors des scènes de nuit, peu nombreuses heureusement. À contrario, les séquences en extérieur sont éblouissantes, parfois même aveuglantes, mais elles permettent d'admirer les effets spéciaux, globalement réussis. Les monstres sont tout à fait crédibles, de quoi ravir les fans, et le réalisateur arrive généralement à bien retranscrire à l'image l'immensité des créatures, même si quelques effets sont quand même bien moches, lorsque les créatures sont de loin ou en mouvement très rapide.
Monster Hunter n'est finalement pas si catastrophique, dans le sens où Capcom, Constantin Film et Paul W.S. Anderson nous ont habitués à pire. Le film se regarde, même s'il traîne beaucoup en longueur et a bien de la peine à nous faire voyager ailleurs que dans le sable. Les personnages et les dialogues sont insipides, les scènes d'action généralement confuses et la musique à la limite du supportable, et pourtant, les références aux jeux vidéo sont bien là, sans être trop forcées, les fans sont quand même contents de retrouver des monstres cultes à l'écran, plutôt bien recréés qui plus est, et le long-métrage arrive un peu à divertir. Monster Hunter, c'est le genre de film à regarder un dimanche après-midi pluvieux, un peu du coin de l'œil, qui s'oublie vite après le visionnage, mais au moins, c'est mieux que la saga Resident Evil. Avec une telle équipe derrière et devant la caméra, il faut se contenter de peu, Paul W.S. Anderson n'a donc toujours qu'un seul bon film à son actif.
Note : 2 étoiles sur 5.
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