Dégommée par les fans de l’anime alors que le tournage n’avait même pas débuté, l’adaptation de Nicky Larson par Philippe Lacheau et son équipe s’avère, au final, plutôt sympa à regarder. À condition de prendre un certain recul.
Ce n'est pas City Hunter, mais Nicky Larson
Adapter un dessin animé culte tel que Nicky Larson au cinéma, qui plus est en France avec une équipe connue pour son humour potentiellement lourdingue, c’était risqué. Philippe Lacheau, acteur-réalisateur-scénariste notamment à l’origine des films Babysitting et Alibi.com, a rapidement dû s’en rendre compte : à peine l’annonce de l’écriture d’un scénario original autour du personnage créé par Tsukasa Hojo que des hordes de fans s’étaient déchaînées en 2017. Le temps a passé, les bandes-annonces se sont enchaînées et, depuis mercredi dernier, le film est en salles, sous le nom de Nicky Larson et le Parfum de Cupidon. Au final, surprise ou nanar ?
Nicky Larson et le Parfum de Cupidon n’est pas un film pour enfants.
Avant toute chose, il convient d’établir un fait : Philippe Lacheau n’a pas réalisé une adaptation de City Hunter, l’œuvre originale d’Hojo, mais de Nicky Larson, la version animée censurée à la machette et doublée en français à la sauce Club Dorothée dans les années 80. Cette nuance est primordiale, car alors que City Hunter présente le garde du corps comme un chaud lapin à la part d’ombre indéniable, évoluant dans un univers qui sait se montrer sombre et violent, Nicky Larson affiche une légèreté plus centrale. Le but du Club Dorothée était de toucher un jeune public, et, pour ce faire, AB Productions n’hésitait jamais à édulcorer des programmes destinés, à l’origine, à un public plus mature.
Lacheau et sa bande n’ont jamais caché avoir été biberonnés à la sauce Club Do et même si Tuskasa Hojo a validé leur scénario, c’est surtout dans la version française de la série que l’auteur a puisé son inspiration. Pour autant, Nicky Larson et le Parfum de Cupidon n’est pas un film pour enfants, loin de là : il est avant tout destiné à ceux qui étaient des enfants dans les années 80, et qui ont grandi avec une certaine nostalgie de cette époque. Preuve en est de la multitude de clins d’œil intégrée dans le film, à travers des répliques que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître et des références cachées dans le décor, sans compter un certain caméo.
Mais Nicky Larson et le Parfum de Cupidon étant un film de Philippe Lacheau, il distille forcément une certaine lourdeur caractéristique du cinéaste, qui a trouvé en Nicky Larson un personnage de choix pour mettre en application toutes ses envies. Le garde du corps est un obsédé sexuel patenté, amateur de blagues beaufs, qui passe son temps à chambrer Laura, son associée. Cette dernière pourchasse à plusieurs reprises son compère lourdingue, masse de démolition au poing, épuisée par ses frasques. Même si le trait est souvent poussif et les références téléphonées, force est de constater que le spectateur finit par se prendre au jeu.
De surprise en surprise
Là où Nicky Larson et le Parfum de Cupidon est sans doute le plus surprenant, c’est dans la fluidité de son déroulement, et dans sa mise en scène. La toute première séquence du film a pourtant de quoi laisser dubitatif dans sa volonté de mélanger action à l’américaine et délire de comédie française, mais par la suite, les scènes s’enchaînent plutôt bien et nous sommes finalement pris dans un scénario ludique et plutôt bien trouvé. Certaines scènes sont même franchement réussies, à l’image d’un plan-séquence filmé à la première personne, qui fait preuve d’une inventivité plutôt inattendue et donc bienvenue. Quant au scénario, il parvient à alterner assez efficacement des scènes de comédie pure, des scènes d’action plutôt efficaces, et même des séquences plus graves et sérieuses qui ne jurent pas avec le reste, et donnent un peu plus de profondeur à certains personnages.
Au final, Nicky Larson et le Parfum de Cupidon n’est pas si honteux qu’imaginé de prime abord. Certes, le film aura sans doute du mal à convaincre les puristes de City Hunter, qui ont exploré l’œuvre originale de Tsukasa Hojo. À l’heure où un nouveau film d'animation sort dans les salles nippones, ce sont clairement deux mondes qui s’opposent.
Le film de Philippe Lacheau s’adresse très clairement aux nostalgiques des années Club Dorothée, comme le confirment les multiples références cachées dans le film. Même si le métrage n’est pas sans défaut, impossible de nier qu’il reflète une tendresse évidente envers cette époque, ce qui lui donne un capital sympathie suffisant pour lui accorder sa chance.
Note : 4 étoiles sur 5