Notre nouveau dossier, sur un sujet rarement évoqué, et pourtant pas des moindres. Qu'en est-il du sexe dans les jeux vidéo ?
Deux systèmes d'évaluation dominent dans l'industrie des jeux vidéo aujourd'hui. En Europe, PEGI, et pour l'Amérique du Nord, l'ESRB. Les différences d'appréciation entre ces deux institutions sont édifiantes, les points de vue diffèrent d'un pays à l'autre pour un même jeu. Des notations plus sévères chez nos voisins outre-Atlantique, et des censures partielles ou complètes de jeux, d'autant plus nombreuses. L'Europe n'est pas en reste. Certains jeux s'exposent parfois à de véritables tempêtes médiatiques, pointés du doigt pour quelques libertinages osés ou une violence hors norme. Le sexe, nous allons le voir, reste mal perçu dans les jeux, par des parents inquiets, mais aussi par des médias qui affublent le jeu vidéo de préjugés persistants, addictifs, violents, redondants... Les développeurs doivent donc prendre en compte toutes ces données lorsqu'ils réalisent un jeu : un jeu trop violent ou trop osé peut susciter une polémique médiatique et augmenter les ventes, mais il peut aussi se voir attribuer la note AO, adults only, synonyme de refus de vente chez de nombreux distributeurs. Pour l'éviter, les développeurs sont restreints et ils se voient obligés de censurer certains passages du jeu. D'où l'importance de l'évaluation dans les jeux vidéo.
PEGI et ESRB : sévères ?
Pan European Game Information. En plus de ses traditionnelles restrictions d'âge sur les jeux, le système de notation européen caractérise également le jeu à l'aide de plusieurs logo en fonction de son contenu. Dans l'ordre ci dessous : violence, vulgarité, effrayer les jeunes enfants, nudité, drogues, discrimination et incitation aux jeux de hasard.
Par exemple, le jeu God Of War III est classé "18", et "violent". Le logo "sexe", qui caractérise un jeu "montrant la nudité et/ou des contacts sexuels ou faisant allusion au sexe" est présent sur très peu de jeu. God of War III par exemple, fait clairement allusion au sexe dans certaines scènes, pourtant PEGI ne lui a pas attribué le logo. Une recherche sur le site PEGI nous apprend que sur les quelque 1000 jeux référencés "18", seulement une dizaine écopent du logo "sexe" tels que :
- Backyard Wrestling: Don't Try This At Home
- Postal 2
- Leisure Suit Larry: Magna Cum Laude
Les jeux sont ici classés par type de public, "C" pour enfants, "E" pour tous publics, "T" pour adolescents, "M" pour les +17 ans, et "AO" pour les majeurs. Ce dernier logo est à éviter à tout prix pour les développeurs : il fait chuter les ventes, d'autant plus que certains distributeurs refusent de les vendre (Walmart, grande enseigne, ne vend pas de jeux AO).
Tous les jeux où sont présentes des scènes de sexe sont référencés Mature (M). Le système de notation américain détaille ensuite le contenu, avec par exemple "sexual content", "nudity", "partial nudity", "mild sexual content", "strong sexual content".
Les différences de notations entre PEGI et l'ESRB sont grandes. Reprenons God of War III. PEGI ne ne lui attribue pas le logo sexe, et il est déconseillé aux moins de 18ans. Pour l'ESRB, il affiche un "strong sexual content", "nudity", et il est classifié Mature. La notation en Amérique quant au sexe est donc plus stricte. Les censures pour éviter à tout prix le logo Adults Only (AO) sont donc d'autant plus nombreuses, de même que les polémiques qui ont pu faire suite à la sortie de certains jeux.
Censures et polémiques :
En France, en 2011, sur tous supports confondus (PC, portables, consoles, etc.), l'âge moyen du joueur est de 35 ans. Plus de 83,5 % des joueurs ont plus de 18 ans1. Pourtant l'idée persiste, notamment au sein des médias et des journalistes qui continuent à considérer les jeux vidéo comme un loisir cantonné aux jeunes. La présence de sexe en est d'autant plus controversée, et donne lieu à de nombreuses critiques. Les États-Unis s'illustrent particulièrement dans ce domaine.
En 2008, GTA soulève une vive polémique, notamment à cause de son "ultra-violence" et son manque d'éthique. Un véritable discours médiatique se construit, porté par des journalistes qui décrient les possibilités les plus glauques du jeu (s'offrir les services d'une prostituée pour la tuer ensuite). En plus des médias traditionnels qui critiquent le jeu (CNN, Fox News), des personnalités politiques (Clinton) et des associations pour la défense des droits des femmes s'emparent aussi du sujet et critiquent virilement le jeu. GTA IV donne lieu à de nombreux procès, et plusieurs pays censurent certaines parties du jeu (Australie, Thaïlande). Aux États-Unis, la découverte du mod "hot-cofee" fait passer le jeu de "Mature" à "Adult Only", et de nombreux distributeurs se refusent alors à vendre le jeu.
En France aussi, la sortie du jeu a été controversée. Nadine Morano, alors Secrétaire d'État chargée de la Famille, alerte les parents sur un le côté "violent", "immoral" et potentiellement addictif de ce jeu. Les médias commentent également le sujet. Cette vidéo du Grand Journal qui décrit GTA IV est particulièrement édifiante pour analyser la vision des jeux vidéo diaboliques véhiculée par les médias, qui font encore preuve ici d'un non professionnalisme criant qui tourne même au ridicule lorsqu'est évoquée la vidéo bien connue (d'origine douteuse) d'un Allemand qui casse son clavier et vocifère des insultes, pour démontrer l'influence des jeux vidéo sur les jeunes.
Mass Effect, Bulletstorm, God of War, tous ces jeux, parce qu'ils montrent la nudité, même partielle, de leurs personnages, ou contiennent des scènes de sexe, ont aussi suscité l'attention des médias, récolté des critiques, et poussé les parents à redoubler de vigilance. Or, encore une fois, en comparaison des séries ou des films, la présence de sexe dans les jeux vidéo reste très modeste, pourquoi une telle levée de boucliers ? Les jeux vidéo ne sont pas uniquement pour les enfants, et la notation sévère ESRB ou PEGI est là pour le rappeler. Pourtant les controverses continuent, et les développeurs en sont les premier touchés. Les restrictions sont nombreuses : une scène trop osée et un AO à la clé. Qu'en pensent-ils, eux, du sexe dans les jeux vidéo ?
1 Les chiffres sont tirés d'une étude publiée sur le site de l'AFJV : Le jeu vidéo en France en 2011 : éléments clés
Commenter 20 commentaires
C'était amusant.
Sinon perso, le sexe dans les jeux vidéo, je ne le vois pas du tout au service du scénario, même dans Heavy Rain. Tout simplement parce qu'on a un contrôle pour "guider" le perso. Donc je ne trouve pas que ça rentre dans le scénar.
Aprés, dans certains jeux c'est clair que c'est vraiment histoire d'en mettre, comme dans les Gof Of War ou GTA.
Dans Heavy Rain ou Fahrenheit, ce sont des jeux au scénario développé et donc ça fait déjà moins "du cul pour du cul".
Mais de toute façon dans Mass Effect 2 il y a aussi une scène similaire mais moins dénuder il me semble.
daam-iien, pour Postal 2, je n'y ai pas joué perso, mais PEGI le réfère bien avec le logo "sexe", mais après ca peut être que "des références".
À quand un accessoire Ps3 , car moi je l'aurais fait passé à travers le mur
ok je sors
Je vois bien plus de scène de ce genre à la télé que dans les jeux vidéos ....
Pauvres jeux vidéos bientôt y aura plus rien dedans lol