L'adaptation attendue au tournant de l'univers imaginé par Blizzard Entertainment est loin d'être la déception à laquelle nous aurions pu croire.
Malgré des rapprochements évidents, le cinéma et le jeu vidéo ont rarement fait bon ménage quand il s’agissait d’adapter une licence forte sur grands écrans. La faute, souvent, à une vision en totale inadéquation avec le sujet - pour peu qu’il était traité - ou, dans la majorité des cas, à une réalisation par-dessus la jambe, sans respect, ni foi, ni rien du tout. De fait, quand Warcraft : Le Commencement a poussé ses premiers cris de bébé, il était - déjà - presque condamné. Un projet autant mort-né qu’attendu au tournant, doublé d’une patate chaude pour Duncan Jones, chez qui le talent s’était pourtant révélé très tôt, avec le méconnu Moon et le plus grand public Source Code.
L’émerveillement n’est jamais très loin.
Pour ainsi dire, les premières minutes du long-métrage peinent à convaincre, et pas forcément à cause des a priori. Passée une introduction à la direction maîtrisée et rappelant qu’il y a un vrai faiseur d’images derrière la caméra, les images suivantes n’augurent que le pire. Si insuffler un soupçon d’émotion chez les orcs part d’un bon principe, le fait est que le rendu, quasiment 100 % CGI, est superficiel à souhait, avec des incrustations numériques façon éléphant dans un magasin de porcelaine. Toutefois, une fois l’idée que nous sommes en face d’un bal des meilleurs cosplayeurs de la terre devant un fond vert digéré, la sauce prend. Parce que Duncan Jones.
En réalité, Warcraft : Le Commencement ne surprend pas. Ni dans la bonne direction ni dans la mauvaise. Mais l’intrigue, simpliste et portée par un casting sans aucune fausse note, fonctionne. Les scènes d’action, elles aussi, fonctionnent. Certaines idées de mise en scène fonctionnent. À l’arrivée, le plan de Duncan Jones se déroule sans accroc parce que son film est honnête, solide et fidèle. L’œuvre de Blizzard est parfaitement retranscrite et les fans n’auront rien à redire. En face, les néophytes ne seront pas noyés dans un flot de descriptions rébarbatives et sans aucun intérêt. Le blockbuster tiré de l’univers Warcraft parvient à réunir les deux camps, tout comme il réussit à faire vivre à l’écran orcs et humains sans tomber dans le manichéisme caduc. De l’émotion, de l’épique et le tour est joué. Grâce à ces subterfuges, Duncan Jones se mue en magicien pour nous faire oublier les ficelles casse-gueule. L’émerveillement n’est jamais très loin.
Duncan Jones, fils de feu David Bowie, avait une Horde de flingues prêts à tirer au moindre faux pas sur la tempe. Mais il a su réunir une Alliance d’arguments forts pour se dépêtrer du piège Warcraft. Son film n’est pas le meilleur blockbuster de l’Histoire, loin de là. Mais, à minima, il a posé une première pierre qu’il n’a plus qu’à polir. L’histoire, la sienne, ne pouvait pas être plus belle.
Note : 3 sur 5.