Le syndicat des éditeurs répond à la récente plainte de l'union des consommateurs.
Comme nous vous en parlions dans un récent article, l'Union Fédérale des Consommateurs a déposé une plainte envers des éditeurs et des revendeurs de jeux vidéo. En cause, le fait que les studios proposent de plus en plus de patches correctifs juste après la sortie du produit, ainsi que des DLC, dans la ligne de mire également les pass online obligeant les joueurs à posséder une connexion internet pour profiter pleinement de leurs achats.
Il n'a pas fallu attendre longtemps avant que le président du S.E.L.L. (Syndicat des Éditeurs de Logiciels de Loisirs) communique à ce sujet et donne sa vision des faits. Ce sont nos confrères de Challenges qui ont eu en exclusivité l’entretien avec M. James Rebours, voici ce qu'il a répondu à leurs questions :
L'UFC Que Choisir vient de publier une étude pas très tendre avec les éditeurs de jeux vidéo, comment réagissez-vous à ses conclusions ?
Le SELL dénonce la pertinence méthodologique de cette étude. Il ne s'agit pas d'une étude panélisée, mais d'un appel à témoin qui n'a aucune valeur statistique. [la question posée était : Vous avez acheté un jeu vidéo et vous n’avez pas pu l’utiliser pleinement à cause de défauts de conception ? Merci de nous faire parvenir votre témoignage en indiquant le nom du (des) jeu(x) et son (leur) éditeur et en précisant si un correctif a été mis à disposition (si oui, dans quel délai)]. Vous avez forcément dans ce genre de situation des consommateurs qui se trouvent dans une approche négative. J'aimerais bien voir le résultat d'une enquête du même type s'adressant aux possesseurs de voiture qui rencontrent un problème...
Cette enquête présente des zones d'ombre, notamment sur les plateformes. 38% des gens n'arrivent pas à déterminer leur plateforme. C'est un peu comme si vous signalez des problèmes sur votre voiture sans en connaître la marque ! On a ici clairement un mélange des genres entre le PC et les consoles de jeux.
Les jeux sont-ils "truffés de bugs" ?
La détérioration des jeux mise en avant par l'étude est un argument fallacieux. Les 560 témoignages recueillis par l'UFC n'ont pas de véritable valeur si l'on prend les 28 millions de joueurs et les 37 millions de logiciels vendus en France. Les éditeurs font un gros travail pour gérer les bugs. Il n'y en a pas plus qu'avant. S'ils s'étaient amplifiés, la sanction aurait été immédiate. Vous savez, nous sommes dans un monde de passionnés où les éditeurs ont une relation très forte avec les joueurs pour optimiser au mieux les produits avant de les commercialiser. Les éditeurs ne peuvent se permettre de délivrer un jeu qui déçoit. C'est pourquoi ils multiplient notamment les tests en version bêta.
Il vous est également reproché de vouloir restreindre volontairement les jeux et de vendre des simples "démos" dont la durée est de plus en plus courte…
On ne peut pas dire ça. C'est un non sens absolu. Les éditeurs ont développé non seulement les modes solo, mais également les modes multijoueurs. Les jeux procurent davantage d'expérience qu'avant. Concernant la durée des jeux, tout est relatif. Un gamer mettra sans doute beaucoup moins de temps à aller au bout de l'aventure qu'un novice. Cette critique relève davantage du ressenti que du factuel.
L'UFC vous reproche enfin de brider les jeux avec des clés d'activation qui les rendent non transférables…
Il faut se rendre compte que le marché du PC sur lequel l'étude fait le focus est soumis à une très forte piraterie. Aujourd'hui, sur l'ensemble des solutions pour lutter contre les actes de piratage, c'est l'activation online qui marche le mieux. Les éditeurs ont adopté les DRM (Digital Rights Management) pour lutter efficacement contre la reproduction illégale des logiciels. Si cela a un impact sur le marché de l'occasion, ce n'est pas une volonté délibérée.
Ses propos auront du mal à convaincre les joueurs qui subissent ces désagréments, mais ils arriveront probablement à satisfaire les responsables du dossier, l'affaire suit son cours.